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Réformes politiques : Si le CCRP n’existait pas…

Publié le jeudi 14 juillet 2011 à 18h59min

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Aussitôt après sa conception, le Conseil consultatif pour les réformes politiques (CCRP) avait été décrié par une frange de la classe politique et de la société civile qui a refusé de participer à ses travaux au motif que ce forum était une trouvaille de Blaise COMPAORE pour faire passer comme une lettre à la poste, sa volonté de s’éterniser (sic) au pouvoir. Maintenant que les travaux dudit CCRP sont en passe de se terminer et nonobstant la suite que les Assises Nationales donneront à ses conclusions, force est de dire que de « piège », il n’y en avait point, la volonté de consolider nos acquis démocratiques étant le seul leitmotiv de ses concepteurs.

Que dire d’autres lorsque l’on s’aperçoit que les débats sont allés plus loin que l’article 37 que l’on brandissait comme un épouvantail pour refuser de prendre part aux travaux pour se livrer à un diagnostic sérieux et profond des maux qui minent notre processus démocratique et tenter d’y apporter des solutions concrètes ? De la prépondérance supposée ou réelle du président du Faso (c’est selon) à la résolution de la demande sociale, en passant par l’indépendance de la justice, la lutte contre les crimes économiques et politiques et l’érection d’une Administration électorale digne de ce nom, c’est une relecture de nos textes fondamentaux et un appel à une citoyenneté plus responsable qu’il nous est donné de voir à travers les conclusions du CCRP.

Un travail de fond qui va donner une consistance réelle à notre démocratie si tant est que l’on convient avec Montesquieu, qu’une société où la séparation des pouvoirs n’est pas affirmée, n’a point de constitution. Cela non pas que les textes passés ne garantissaient pas cette séparation, mais tout simplement parce qu’à la pratique on avait plus l’impression qu’il y avait une confusion des pouvoirs. En tous cas, les contempteurs de l’expérience démocratique burkinabè s’en donnaient à cœur joie, eux qui voyaient à travers le Conseil supérieur de la magistrature par exemple (où le président du Faso et son ministre de la Justice étaient respectivement président et vice-président) un exemple de cette confusion des pouvoirs.

Autre grief en passe d’être battu en brèche, la « proximité » supposée entre le Conseil constitutionnel et l’Exécutif, au motif que le président de cette institution était nommé par le Président du Faso d’une part, et que la saisine de l’institution n’était pas ouverte à tous de l’autre. On n’est pas loin du procès d’intention dans ce cas de figure dans la mesure où même dans les démocraties dites « avancées » les présidents des grandes institutions sont nommés par le président sans que cela n’altère leur souveraineté. Le cas récent de la Cour des Comptes française est là pour illustrer notre propos, elle dont le président a été nommé par SARKOZY et qui n’a pas hésité pour autant à pourfendre la politique sécuritaire de ce dernier, la prunelle de ses yeux, à moins d’un an de l’échéance présidentielle française. L’occasion de rappeler que l’indépendance se trouve dans la tête de chaque magistrat qui a la liberté d’en jouir ou pas. On se dirige donc vers un rééquilibrage des pouvoirs, d’autant plus que les pouvoirs du Premier ministre sont appelés à être renforcés et que le bicaméralisme projeté du parlement devrait nous valoir l’adoption de lois moins querellées.

Là où les conseillers nous surprennent cependant le plus agréablement, c’est dans leur volonté de répondre à la forte demande sociale qui, ne l’oublions pas, est aussi la cause de la crise que nous venons de traverser. Santé, éducation, emploi des jeunes mais aussi réduction du train de vie de l’Etat, résolution des questions relatives à la vie chère et engagement d’une lutte efficace contre l’impunité et divers passe-droits, les propositions des conseillers ont de quoi satisfaire les plus sceptiques. Et, que dire de la dépolitisation et la professionnalisation de l’Administration publique et l’instauration d’impératifs sur la bonne gouvernance ainsi que la révision du mode de gestion de l’aide internationale ? En vérité et à y regarder de très près, les conseillers ne sont pas loin de l’agenda politique et économique de leur mandant pour les cinq ans à venir.

En effet, Blaise COMPAORE se proposait déjà dans son programme « Bâtir, Ensemble, Un Burkina Emergent », d’« apporter des réponses structurées et porteuses d’avenir aux principaux questionnements et défis qui se posent à notre pays dans un environnement international complexe. » Une quête d’émergence qui se fondait sur les efforts consentis en deux décennies pour l’édification d’une société moderne et évoluée. Maintenant que le « brouhaha » est derrière nous, le peuple burkinabè aura tout le loisir de voir la capacité du bâtisseur au pied du mur et de décider de la suite à donner à sa « carrière ». Tout le reste disions-nous souvent n’est que chimères politiciennes.

A. YAYA
L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 14 juillet 2011 à 13:38 En réponse à : Réformes politiques : Si le CCRP n’existait pas…

    Essayez de noyer un poisson dans l eau, vous verrez que c est pas facile.

  • Le 14 juillet 2011 à 13:40 En réponse à : Réformes politiques : Si le CCRP n’existait pas…

    Quelle hypocrisie ! comme si toi journaliste tu ne sais pas où tout ce cirque va nous mener.
    1 - pas de consensus sur l’article 37 au niveau du CCRP
    2 - pas de consensus au niveau régional
    3 - pas de consensus au niveau national
    4 - référendum et toute honte bue comme nous avons vu les acteurs du CDP le faire au niveau du CCRP, on utilise tous les moyens surtout la chefferie coutumière comme on en a l’habitude et le tour est joué. L’article 37 est modifié "démocratiquement".
    Cette fois tout le monde a compris et la supercherie ne passera pas. Ce sera comme au Niger.

  • Le 14 juillet 2011 à 13:46, par Tapsoba En réponse à : Réformes politiques : Si le CCRP n’existait pas…

    Urgent :

    Quelqu un peut-il confirmer ou non la mort de Moussa M.Tapsoba ce matin des suites de maladie ? information de www.koaci.com

  • Le 14 juillet 2011 à 15:32, par tuensi En réponse à : Réformes politiques : Si le CCRP n’existait pas…

    S’il a fallu 25 ans pour en arriver là, où est la qualité de batisseur ?
    Il faut savoir rester serain et voir ce qui en sera fait. Le rapport du collège des sages à l’époque avait suscité le même enthousiasme et on sait ce qu’il en ai advenu. tout cela pour le moment c’est du brouhaha et de la paperasse.

    La réalité est encore attendue : transparence effcitive des élections à venir avec un collège électorale qui réflète la population de 16 millions de burkinabé y compris ceux de l’extérieur,jugement effectif des crimes économiques relevés par les institutions de controle d’Etat, réouveture des affaires Norbert Zongo et autres, y compris de l’assassinat de Thomas Sankara et ses compagnons. C’est là qu’on pourra convenir qu’il y a battisseur dans la maison.

  • Le 14 juillet 2011 à 16:53, par Alexio En réponse à : Réformes politiques : Si le CCRP n’existait pas…

    Un Burkina emergent a long terme oui a cours se qui preocupe le burkinabe:la vie et ses deboires,la faim,la sante,la securite.Voila les trois parametres qui decideront cettte emergence souhaitee.Ventre vide n a point d oreilles.Le L iman ne serait au rendez-vous por ses fideles avec ventre vide.

  • Le 14 juillet 2011 à 17:23, par Yanyarsob En réponse à : Réformes politiques : Si le CCRP n’existait pas…

    Grand merci à celui que tu as qualifié de bâtisseur parce ce que c’est ce que l’oeil borgne a vu. Qu’il s’en aille maintenant afin de nous permettre d’apprécier ce que son successeur fera parce que pour comparer il faut 2 éléments (un comparé et un comparant). L’alternance est l’un des piliers de la démocratie. Regarde encore du côté des anciennes démocraties comme tu l’as fait pour ta comparaison et aie le courage et l’honnêteté de voir la grosse plaie puante de notre démoncratie ou démoncrature.

  • Le 14 juillet 2011 à 17:35 En réponse à : Réformes politiques : Si le CCRP n’existait pas…

    Monsieur A. Yaya,si le CCRP n’existait pas,la terre allait continuer à tourner et le Burkina avec.Je vous fait remarquer que votre fumeux CCRP n’apportera rien aux Burkinabè de base sauf des ennuis avec des hausses d’impôts et taxes en tout genre qui serviront à entretenir grassement tous ces nouveaux politiciens alimentaires que vous comptez fabriquer avec le sénat et aussi la fontionnarisation de nos chefferies traditionnelles pour encore mieux les tenir par la barbichette.Quant à l’article 37,même pas en rêve il ne sera modifié même par une mascarade de référendum.Donc en résumé,les propositions de ce CCRP sont à mettre à la poubelle au risque de voir reculer le Burkina 10 ans en arrière.Merci le griot yaya

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