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Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

Publié le lundi 11 juillet 2011 à 04h30min

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La dernière décision politique du président sénégalais a produit l’effet d’un coup de tonnerre bien retentissant : Abdoulaye Wade a tout simplement décidé de renvoyer Hissène Habré au Tchad. Et la chose se fera en toute vitesse, puisque l’ancien dictateur doit arriver à N’Djamena aujourd’hui, par un vol spécial affrété par l’Etat sénégalais ; un renvoi presque sans ménagement.

Mais papy Wade aura tout de même eu la délicatesse d’informer qui de droit de sa décision : bien sûr, le président tchadien, Idriss Itno, mais aussi le chef de l’Etat équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, président en exercice de l’Union africaine, ainsi que Jean Ping, le président de la commission de l’UA. Dans la foulée, le ministre sénégalais de l’Intérieur, Maître Ousmane N’Gom, a signé le décret d’expulsion du « Pinochet » africain, rendant son renvoi des plus légaux.

Si les choses devaient rester en l’état, il n’y aurait plus qu’à conduire Hissène Habré, très officiellement, jusqu’à la passerelle du Jet dont le plan de vol est tout tracé, et à assister à son décollage pour enfin se dire que ce long feuilleton de l’affaire Hissène Habré s’achève ; du moins pour la partie sénégalaise de son décor. Et voici une épine que Gorgui aura réussi à enlever de son pied ; péniblement, peut-être, mais sans doute définitivement.

Car, à vrai dire, ils étaient peu nombreux, ceux qui osaient croire que le long exil doré de cet homme, réfugié au pays de la Teranga depuis sa chute en 1990, s’achèverait de la sorte.

C’est qu’il y a un hic à ce coup de tête de papy Wade. La quasi- concomitance des évènements conduit inexorablement à la conclusion que le Vieux donne dans la diversion ; alors que les Sénégalais lui jettent au visage un ras-le-bol dont ils ne décolèrent pas, Gorgui répond en renvoyant aux Tchadiens leur dictateur, jusque-là aux petits soins à Ouakam. Quel rapport, quel lien logique unit les deux faits ? On peine à le trouver. On le savait bien que Wade maîtrisait à la perfection le jeu de la pirouette habile, mais, il faut le reconnaître, ici, il fait du grand art : la prestidigitation politique. C’est que le lapin qu’il a décidé de sortir de son chapeau est en papier et tout cousu de fil blanc. Il risque de ne faire rire personne !

Car, enfin, ce n’est pas tant la décision de renvoi, mais plus le moment ainsi que la destination du renvoi qui causent problème. Déjà, en décembre 2010, le président sénégalais avertissait ainsi tout ceux qui voulaient l’entendre : le moment venu, il se « débarrasserait » de son hôte encombrant. On se rappelle tout l’imbroglio politico-judiciaire qui entoura cette affaire Habré et toutes les polémiques qui la caractérisèrent ; Hissène Habré, réfugié au Sénégal depuis son renversement en 1990, a régulièrement été la cible des familles des victimes de son règne de terreur sur le Tchad et qui dura de 1982 à sa chute.

Face à l’inflexibilité du Sénégal, ces dernières portèrent plainte en Belgique en vertu de la loi de compétence universelle. Toutes ces pressions produisirent leur effet : l’UA finit par donner mandat au Sénégal pour juger l’ancien dictateur « au nom de l’Afrique ». Wade, qui avait répondu tout d’abord que la loi sénégalaise ne l’y autorisait pas, fera la pirouette nécessaire pour accéder à la demande, mais souleva toutefois la question des contraintes financières indispensables : près d’une vingtaine de milliards de nos pauvres francs dévalués étaient jugés nécessaires ; mais malgré tout, le dossier tardait à être ficelé ; il y a un an, nouvelle passe d’armes entre la Cour de justice de l’UEMOA et les autorités sénégalaises ; et plus récemment, une UA agacée qui, à Malabo, enjoignait Gorgui de juger l’ancien dictateur ou de l’extrader « dans un autre pays ». On sentait venir donc le début de la fin du séjour sénégalais de Hissène Habré ; ce qu’on n’avait pas prévu, c’est que Gorgui, maintenant, renverrait l’ex-maître de N’Djamena chez lui.

Car, après tout, pour caricaturer, la chose se présente ainsi : les Sénégalais demandent la démission de Karim, et Gorgui leur propose de convoyer Hissène à N’Djamena. Il chercherait à botter en touche qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Sans compter que l’homme y est attendu de pied ferme : on l’y a déjà condamné à mort par contumace. Peut-on s’attendre à ce que les autorités en place au Tchad révisent le procès et réservent un sort plus clément à cet homme dont la seule ombre hante le sommeil de bien de familles qui se souviennent toujours ? Rien n’est moins certain.

Wade pense-t-il que les Sénégalais se satisferont de son coup de génie politico-judiciaire ? Si oui, il se peut qu’il se soit lourdement trompé. Car on ne voit pas comment les tempêtes provoquées par le projet du ticket présidentiel, qui gagnèrent les villes et les régions du pays de la Teranga, et des frustrations provoquées par les délestages intempestifs de la Sénélec s’estomperont brusquement, un peu comme par magie ; on ne voit pas comment cette foule en colère qui réclame et la tête de Karim et le départ de son père saurait se satisfaire du renvoi à N’Djamena d’un ancien dictateur qui, par ailleurs, vivait emmuré dans sa résidence de luxe, à l’instar d’un nabab en villégiature prolongée.

Une actualité en chasse une autre ; à supposer que le président sénégalais mette à exécution sa décision de renvoyer Hissène Habré comme un malpropre, dans quelques jours, on passera à autre chose, c’est certain. Mais il se pourrait aussi que cette autre chose se résume en d’autres manifestations de ces mêmes Sénégalais d’hier, aujourd’hui plus mécontents devant le constat que leur président, au lieu de considérer sérieusement leurs revendications, choisit de leur jeter de la poudre aux yeux en faisant dans la pure et simple diversion.

Et ceux qui voyaient là l’occasion rêvée de faire juger « proprement » un dictateur africain par une juridiction siégeant sur son propre continent n’auront plus que leurs yeux pour pleurer. La tentative résonne désormais comme un échec retentissant. Avec la CPI, au moins l’affaire aurait été menée rondement. On ne veut pas des méthodes d’un Moreno-Ocampo dont on affirme qu’il s’acharne sur de pauvres Africains, et en même temps on se montre incapables de juger nos dictateurs nous-mêmes sous nos Tropiques : paradoxale et comique, cette attitude très spirituelle de nombre d’intellectuels Africains !

Jean Claude Kongo

L’Obsercvateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2011 à 11:01, par Solo En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

    Cet article est vraiment ridicule. Je ne vois pas comment vous etes parvenu a faire la comparaison entre Karim wade et Habre. Dites nous alors a combien de Senegalais karim a ote la vie ??? Si vous n’avez rien a nous dire sur la politique, parlez-nous du sport ou de la culture etc. Ayez au moins du respect pour la memoire des victimes de Habre et aussi pour leurs familles.

    • Le 11 juillet 2011 à 13:20, par willbawilliam En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

      Cher Monsieur Solo,

      Je ne partage pas tout a fait votre opinion pour la simple raison que l’auteur de l’article a voulu juste selon moi faire un parallele entre la crise au Senegal et la soudaine decision de Wade de renvoyer Habre chez lui au Tchad.Il est possible que Wade veuille detourner l’attention des Senegalais. Cependant qui nous dit que Wade n’envisageait pas cette decision bien avant les derniers evenements troubles du Senegal.C’est dire que l’article est essentiellement fonde sur des hypotheses.Est-ce une bonne approche journalistique ????

    • Le 11 juillet 2011 à 13:31, par Bakaridjan En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

      Nullement cet article ne fait pas de comparaison entre Karim wade et Hissen Habre.
      C’est juste une allusion à la diversion qui se cache derrière cette dernière Waderie.
      Je ne crois pas qu’il appartient aux lecteurs de définir le sujet qui doit être traité. Apprenons a epouser et à apprécier le grso travail que ces abbatent pour nous informer.

    • Le 11 juillet 2011 à 13:32 En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

      Solo, vous n’avez pas compris l’article. Sans haine ni rancune.

    • Le 11 juillet 2011 à 16:04 En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

      Et vous, si vous n’avez pas la perspicacité nécessaire pour découvrir la substantifique moelle du texte, laissez lire les autres. Ce qui est en cause ici, c’est la réponse tchadienne que fait Wade à une question sénégalaise. Mais c’est peut-être trop fort à comprendre pour vous !

    • Le 11 juillet 2011 à 18:21 En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

      Nous avons tous été choqués par la terreur avec laquelle Habré a dirigé son pays, mais je ne vois pas à quel niveau se trouve la comparaison entre Habré et Karim. Il ya eu des manifestations contre les différents délestages et il se trouve que c’est Karim qui est le premier responsable de l’énergie. Pour détourner l’attention de la population Wade décide d’envoyer Habré en se disant que les sénégalais vont oublier un temps soi peu ces problèmes sociaux et se focaliser sur cette extradition. Voilà qu’il a fait volte face. Cela a sans doute produit l’effet escompté.

    • Le 11 juillet 2011 à 18:25, par Zekinan En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

      Faudrait que tu relises l’article.. je crois que tu ne l’as pas bien compris !! Certes, il souffre d’un grand manque de perspicacité mais il à l’avantage de permettre une réflexion plus poussée sur l’actualité au sénegal..

      Amicalement

  • Le 11 juillet 2011 à 12:26 En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

    Je crois plutôt que Wade veut que les medias changent de sujet. En livrant Habré, il cré un buzz pour faire oublier les événements du 23 juin. Et apparement il a réussi.

  • Le 11 juillet 2011 à 15:07, par yama En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

    entre nous si on n’a rien a dire à dit simplement que le soleil se leve à l’est ici on ne dit pas grand chose mais on dit la verité cas meme qui veut karim qui veur habre ?IL n’y a vraima pas de lien soyez plus professionnels les amis

  • Le 11 juillet 2011 à 17:27, par MADESS En réponse à : Abdoulaye Wade : On voulait Karim, il livre Habré

    SALUT A TOUS
    TIENT TIENT TIENT. BRAVO. KAN IL SAGIT DE COMMENTER LES NEWS DE LETRANGER VOUS EXCELLER BOCOU. C’EST VRAIMENT BIEN REFLECHI. C’EST BEL ET BIEN LE PLAN DE WADE KE VOUS VENEZ DE DECRIRE.
    MAIS DEVANT LACTUALITé NATONALE IL ME SEMBL KE VOUS AVEZ DONNER VOTRE LANGUE O CHAT.
    « ICI O BURKINA ON VE PLU DE BLAISE APRES 2015. Cè CE KI PREVAUT COM NEWS. MAIS O LIEU DE SA VOUS NOUS LIVRER UN CCRP. POUR KOI FAIRE ? ». VOUS AVEZ LOEIL SUR KARIM WADE MAIS PAS SUR FRANCOIS COMPAORE OU LE CCRP.

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