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LA NOUVELLE DU VENDREDI : Au nom d’une femme

Publié le vendredi 8 juillet 2011 à 02h12min

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Plusieurs fois, il avait consulté le célébrissime Baga du village de Nonki. Et plusieurs fois, Baga lui avait dit et répété : la hargne avec laquelle tu veux t’enrichir est dangereuse. Tu ne survivras pas à ton enrichissement. Ta richesse te sera fatale, elle causera ta perte.
- Ne craignez rien pour moi où je suis, je suis déjà perdu. Il ne peut rien m’arriver de pire qu’il ne m’est encore arrivé. J’ai assez souffert, je suis jeune, il est grand temps que je jouisse de vingt-sept ans. Je dois donc être riche, très riche ; peu importe ce qu’il m’en coûtera. Et il narra au devin médusé sa dernière mésaventure : la goutte d’eau qui fit déborder le vase.

A la fin, il dit au devin : « Vous voyez, monsieur, que l’eau de la rivière K. ne peut laver la souillure de cette humiliation. Seul l’argent le peut. L’argent me permettra de retrouver mon honneur, ma dignité bafoués et perdus. Et elle me mangera dans la main. Elle me suppliera mille fois de lui pardonner le mal qu’elle m’a fait. Mille fois, je l’ignorerais ». Pour souffrir, il faut avoir véritablement aimé. Qui n’a jamais souffert n’a jamais aimé. A la façon donc dont le jeune homme vouait une haine viscérale à son ex petite amie, le devin devina aisément qu’il l’avait aimée à la folie, qu’il avait pratiquement construit son monde autour d’elle.

Et voilà que, tel un château de cartes, ce monde rêvé s’écroulait soudainement. Imaginez, le choc ! Mais ce qu’il avait vu au fond de sa calebasse magique au sujet du jeune homme était on ne peut plus terrifiant : des liasses de billets de banque… un brasseur… du sang… beaucoup de sang… et un corps d’enfant… sans tête. Baga fut troublé par cette vision. Il avait compris le message que lui avait envoyé sa calebasse magique. Certes, le jeune homme sera riche, riche comme Crésus. C’était ce que signifiaient toutes ces liasses de billets. Mais ce sang…ce corps d’enfant… sans tête ne présageaient rien qui vaille… il aura la mort à ses trousses !

Comment révéler une telle chose à ce jeune homme de vingt-sept ans, assis en face de lui sur une peau de mouton et qui s’était maintenant convaincu que l’argent était la clé de toute chose. Tout avait son prix : l’amour, la paternité, l’honneur, l’amitié, les titres, etc. Tout s’achète ici bas, il suffit d’y mettre le prix. Tout son malheur, avait-il déduit, venait des bas quartiers, fils était fils de fellah. Alors, il s’était juré : pauvre, je suis né ; riche, je mourrais. Face à tant d’abnégation, Baga ne put que lui ressasser la même mise en garde : la hargne avec laquelle tu veux t’enrichir est dangereuse. Tu ne survivras pas à ton enrichissement. Ta richesse te sera fatale, elle causera ta perte.

Renonce-s-y ! Quand enfin Baga lui révéla, à sa grande surprise, qu’il ne pouvait accéder à sa requête, le bonhomme se leva furieux et sortit non sans marmonné quelque chose entre ses dents. Il n’avait que faire des avertissements d’un vieillard terré au fond de sa case et qui visiblement ignorait beaucoup des réalités du monde d’aujourd’hui où le nouveau dieu s’appelle l’argent. Tout le monde ne jure que par lui. Ce que tu es se mesure à ce que tu as. L’adage disait : dis-moi ton compte en banque et je dirais qui tu es. L’homme déterminé arrive toujours à ses fins puisqu’il s’en donne les moyens et quoiqu’il arrive, il ne désespère pas. Le jeune homme, de renseignements en renseignements, de charlatans en charlatans, de devins en devins finit par atterrir chez Otchampong, le charlatan à la sinistre réputation.

Trop d’histoires sordides courraient à son sujet si bien que ses concitoyens évitaient de croiser sa route. On le disait capable de vous tuer un homme à distance, de vous faire perdre la tête, de vous appauvrir, du jour au lendemain, un homme à la fortune pyramidale ; ou de rendre richard en un tour de passe-passe magique un clochard, etc. Etait-ce vrai ? Tout cela était à vérifier. Il était donc aux dires des uns et des autres capable du pire comme du meilleur, c’était selon. C’est ce sinistre personnage que le jeune amoureux éconduit alla voir dans sa quête obstinée de richesse. Il lui déclina sans circonlocutions l’objet de sa quête.

- Tu veux être riche ? l’interrogea Otchampong.
- Oui !
- Tu veux être riche ?
- Oui !
- Tu veux être riche ?
- Oui ! Par trois fois Otchampong lui avait demandé s’il voulait être riche. Par trois fois le jeune homme lui répondit par l’affirmative. Ce faisant, Otchampong s’assura de la ferme volonté de son client. Savait-il seulement ce dans quoi, il s’engageait ? Il le pensait.

- Vous pouvez m’aidez ?
- Oui. Mais avant toute chose j’ai besoin de savoir vos motivations. Il ne se fit pas prier pour raconter sa récente déception amoureuse qui lui avait fait désespérer non seulement de la gent féminine mais aussi de la personne humaine. Il donnait à présent raison à ce littérateur qui écrivait que plus, il regardait l’homme, plus il aimait son chien. ,Fils de paysan, il avait connu et sympathisé avec Brigitte, une fille de bonne famille. Ils étaient tous les deux régulièrement inscrits à la faculté de droit en deuxième année. L’amitié, dit-on, est parfois un amour caché. Quand celle-ci tire à sa fin, l’amour fait son apparition.

Ils finirent alors par s’amouracher l’un de l’autre en dépit de l’hostilité des parents de sa bien-aimée qui parce qu’il n’avait rien, n’était rien et ne pouvait donc pas prétendre être leur gendre. Et un soir, ils s’aimèrent. De cette union naquit un enfant, joli comme un cœur ; c’était son fils mais on lui en refusa la paternité au profit d’un nouveau riche de commerçant, un énergumène qui se faisait crânement appeler Douk Saga et qui était prêt à toutes les compromissions possibles pour épouser Brigitte. Quand il voulut contester la version de ses beaux-parents, Brigitte le renia. Piqué au vif par cette attitude de son amante, le jeune papa exigea alors un test ADN qui lui donna tort.

On avait acheté les pauvres médecins commis à la tâche. « J’ai agi ainsi parce que comme tu n’as pas les moyens, tu ne pourras assurer à mon enfant l’éducation de qualité qu’il lui faut. Tandis qu’avec Douk Saga, il ne manquera de rien, lui expliqua sans sourciller Brigitte qui venait sans le savoir de lui asséner le coup de grâce ». Où était donc passé leur amour ? Le jeune homme n’en revenait pas. C’était donc à partir de cet instant qu’il s’était juré de goûter aux délices de la richesse.
- Être riche ? peu importe donc les conséquences ?
- Oui être riche ! peu importe les conséquences !

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 8 juillet 2011 à 17:27, par danoisa En réponse à : LA NOUVELLE DU VENDREDI : Au nom d’une femme

    ce n’était pas la solution. la solution c’est Jésus, oui Jésus de Nasareth

  • Le 10 juillet 2011 à 16:59, par Common sense En réponse à : LA NOUVELLE DU VENDREDI : Au nom d’une femme

    C’est vraiment tres decevant pour un futur avocat de foutre sa vie l’air afin d’être riche pour 2 jours et mourir ou vivre avec une malediction terrible pour Le reste de sa vie. Pourquoi se presser ? Tu seras avocat dans pas longtemps et en travaillant due Tu aurait pu devenir un avocat célèbre dans le pays et meme a l’international...l’argent, la gloire auraient ete au rendez-vous, et tu aurais eu une vie longue et prospere... Ressaisie toi si c pas trop tard et identifie toi a ces grands avocets burkinabe qui don’t riches et celebre au burkina et a l’etranger et Brigitte regretters encore plus que de te voir riche pendant 2 jours et maudit pendant 100ans et une eternite de souffrances !!!

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