« Nous ne jouerons jamais tant que l’équipe du secteur 3 ne fait pas sortir ses mercenaires. Chaque année, ils les amènent lors des phases finales. Leur technique consiste à établir des licences vierges en complicité avec le comité d’organisation et leur remettre en temps opportun pour jouer », a affirmé l’un des dirigeants de l’équipe du secteur 5, Boureima Ouédraogo. C’est dans un stade municipal de Ouahigouya presque plein dans l’attente du début du match que les frondeurs ont choisi de se faire entendre, en invitant les supporters tout comme les joueurs à quitter le terrain.

De tractation en tractation, les joueurs ont accepté de jouer après que les négociateurs leurs ont promis d’enlever les éléments incriminés de l’équipe adverse. Une fois sur le terrain, quand ils ont constaté leur présence, ils se sont immédiatement retirés. Des négociations, il y en a eu, des promesses et des supplications aussi. Tour à tour le président du conseil régional du Nord, Aboubacar Sawadogo, le député Salam Docteur Ouédraogo, le fondateur du Centre de formation Naaba-Kango, Noufou Ouédraogo. « Faites pardon à cause de Dieu et jouez. Ne nous mettez pas la honte. C’est l’image de notre ville qui sera ternie. Je vous donne la valeur de la coupe que vous gagniez ou pas, mais jouez », a plaidé le ministre de l’Urbanisme, Yacouba Barry.

Cela est resté lettre morte. Habitant du secteur 5, Noufou Ouédraogo a voulu remplacer l’équipe de son secteur par les jeunes footballeurs de son centre. Ce qui a provoqué une pluie de pierres sur le terrain, les contraignant à quitter le terrain sous bonne escorte de la Gendarmerie. Dans les coulisses, il semblerait que depuis la veille de la finale, les deux équipes et le comité d’organisation se sont concertés sans trouver une issue. Le promoteur Boureima Badini, avec une voix presque perdue, descend froidement de la tribune officielle et déclare : « Nous ne sommes pas contents de cette situation. Mais en tant qu’ancien dirigeant de football, je comprends. C’est une discipline qui a de la passion au sein des jeunes. Mais malheureusement la passion l’a emporté. Nous mettrons tout en œuvre pour régler les différents problèmes pour que la finale de la 17e édition puisse se jouer ».

Et d’inviter les deux équipes à rester mobilisées, les supporters au calme, à la retenue et d’avoir foi en l’avenir. Il dira par la suite que cela fait un bon bout de temps que les finales de la coupe de l’Espoir sont prises en otages, mais une solution a toujours été trouvée. « Du haut des tribunes, j’avais l’espoir que les choses se passeraient bien comme d’habitude. Hélas, ce qui devait arriver est arrivé. Il va falloir revoir un certain nombre de chose, des dysfonctionnements, des insuffisances, peut-être. Je ne jette pas une pierre sur qui que ce soit, mais un audit sera fait pour le retour à la normale.

Quant à cette finale, elle se jouera si les conditions deviennent favorables », regrette le promoteur. Rencontré, un membre du comité d’organisation explique : « L’année dernière tous les secteurs par consensus ont accepté l’utilisation des cartes scolaires pour l’établissement des licences et la présentation d’un diplôme et l’acte de naissance du joueur pour la confirmation de son identité pour les joueurs qui ne disposent pas de CNIB. Une entorse au règlement intérieur. Renouvelés encore cette année, ce sont ces licences qui font l’objet de contestations. Le secteur 3 qui a posé une réserve sur le n°10 pour l’utilisation de licences établies sur la base de la carte scolaire n’a pas eu gain de cause.

La commission de litige sur son homologation du 25 mai 2011, dit que cela n’est pas imputable au dit secteur. Mais curieusement la commission de litige a donné un avis favorable à la requête du secteur 3 contre le secteur 4 pour les mêmes raisons. Criant à l’injustice, le secteur 4 a déposé une plainte au palais de justice. Pour le cas de ce match de la finale, le secteur 5 contestait la présence de 10 joueurs du secteur 3. Six d’entre eux sont détenteurs des licences établies sur la base des cartes scolaires. Les 4 autres seraient des joueurs étrangers. Après les tractations, le secteur 5 a consenti de laisser jouer les 6 joueurs mais pas les 4 « mercenaires ». Faute d’entente, la finale n’a pas eu lieu.

Quant à la continuité de cette compétition dans les années à venir, Boureima Badini dit la vouloir, même s’il faut changer de dénomination pour s’adapter au contexte.

Emery Albert Ouédraogo

Coupe de l’espoir : les-explications-de-badini

C’est un homme un peu déçu qui nous a reçus chez lui hier mardi 5 juillet 2011 pour parler de sa coupe, dont la finale n’a pu se jouer. Il s’agit bien évidemment du promoteur Boureima Badini, qui trouve que la situation est difficile et regrettable. Selon lui, c’est la veille qu’il a eu vent de la plainte du secteur 5 et il était convaincu que le problème sera réglé. Mais la passion a pris le dessus puisque le secteur 5 est allé jusqu’au bout.

Badini pense que le problème des « mercenaires » ne devait pas se poser parce que depuis le début de la coupe de l’espoir, il a pris soin avec le comité d’organisation de mettre en place des licences. Et chaque année, les équipes participantes (Ouahigouya compte 15 secteurs) reçoivent chacune une enveloppe de 25 000 FCFA et un ballon à cet effet. Il en est de même pour les 13 départements de la province qui ont été associés au tournoi. Théoriquement, dit le ministre Badini, quelqu’un d’autre ne pouvait s’infiltrer sur une liste quelconque. Malheureusement, la gestion n’a pas fonctionné et chaque année le comité d’organisation vit la même situation sans compter les nombreuses réserves. Le secteur 5 leur a dit qu’il ira jusqu’au bout parce qu’à chaque édition, toutes les équipes ne respectent pas le règlement et font venir des joueurs qui ne résident pas dans les différents secteurs.

Après l’échec de cette finale, le promoteur a affirmé que des corrections nécessaires seront apportées pour repartir sur de nouvelles bases. Ce qui s’est passé est vraiment regrettable surtout qu’il y avait un parterre de personnalités au stade. A la question de savoir si cette finale sera rejouée, il a dit que ce n’est plus nécessaire compte tenu du problème qui est majeur. « La situation n’est pas propice à cela et je pense qu’il faut passer à d’autres étapes. Nous allons désormais prendre des mesures idoines pour qu’on ne conteste plus les choses à tout bout de champ », a-t-il ajouté.

Badini ne pense pas que ce soit un acte de sabotage de la part d’un groupe quelconque. Selon lui, il y a eu sûrement des influences à cause des « mercenaires », mais si c’est des influences pour saboter, il ne le sait vraiment pas. Il se contente tout simplement de constater que c’est la passion du foot qui a pris le dessus. Pour lui, le préjudice est moral surtout que les invités étaient venus pour lui témoigner leurs amitiés et il pense au parrain Robert Beugré Mambé, le gouverneur du district d’Abidjan, qui n’a pu faire le déplacement à Ouahigouya. Un jumelage était même en vue avec le Conseil régional du Nord et devait être signé au cours de cette compétition, mais ce n’est que partie remise. Les sponsors, eux, sont déçus et au nom de la population il leur demande des excuses pour ce qui s’est passé et d’être patients.

A la prochaine édition, chaque équipe devrait s’acquitter d’une somme symbolique dès son engagement pour faire la preuve de sa participation. Un comité de litige sera mis en place pour traiter les problèmes de façon sereine. La professionnalisation des documents permet de prévenir le désordre. Sa coupe se veut rassembleuse et son objectif est de permettre à la province d’avoir une bonne équipe. La coupe de l’espoir, a-t-il précisé, est un tout et le cyclisme lui a donné une satisfaction avec le jeune Rasmané Ouédraogo et Saidou Tall respectivement de Tan Aliz et de l’AS BESSEL. Badini promet de développer la boxe et le volley-ball dans la région en fonction de ses moyens.

On apprend que la coupe de l’espoir a désormais un nouveau président du comité d’organisation en la personne d’Aboubacar Dermé, le directeur de la pharmacie Nayolosba de Ouahigouya et ancien dirigeant du stade du Yatenga. Il remplace à ce poste Rasmané Ouédraogo.

Justin Daboné