Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
Si certains se sont abstenus de participer aux travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP),
le Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina, lui, en est membre. Dans cet entretien,
M. Bidima invite tous les acteurs institutionnels à mener des réflexions pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent à la vie de la nation. Il s’insurge contre ceux qui campent sur leurs positions et n’ envisagent aucune ouverture.
Sidwaya (S.) : Vous êtes parmi les trois personnalités de la société civile qui participent aux travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP). Comment y êtes-vous parvenu ?
Bangba Pierre Bidima (B.P.B.) : Les Organisations de la société civile (OSC) œuvrant dans le domaine des droits humains ont été conviées courant fin mai 2011 par le département chargé des Droits humains pour désigner leurs trois représentants conformément au quota fixé par le décret ministériel. Le jour de la désignation, quatre-vingt-cinq (85) OSC se sont affrontées à cet effet. Il y avait sept candidats pour trois places, naturellement j’en faisais partie. J’ai été élu avec deux autres, Mme Yabré et le magistrat Sandwidi.
S. : A lire et à entendre certains commentaires, on dirait que les trois représentants ont été cooptés par le régime. Quel est votre sentiment ?
B. P. B : Il n’en est rien du tout. C’est de l’intox ! Nous avons été régulièrement élus à l’issue d’un vote transparent et démocratique. Quiconque peut vérifier les procès verbaux au ministère de la Justice et des Droits humains ou auprès du président du CCRP. Ceux qui ont écrit ces commentaires veulent tout simplement discréditer les OSC qui ont accepté de participer au CCRP.
S. : Un confrère d’un journal de la place dit que les OSC qui participent aux débats ne sont pas représentatives. Quel est votre commentaire ?
B.P.B : Où est son problème ? Ce journaliste milite- t-il dans nos associations respectives ? De quel instrument dispose-t-il pour mesurer la représentativité des OSC ? Le Mouvement de la paix est très connu. L’Association couvre le territoire national avec 35 sections et dix cellules dans les provinces où il n’a pas de sections. Nous sommes présents sur tous les fronts de lutte où se discutent les questions des droits humains, des libertés et de paix. Les trois représentants des OSC au CCRP ont été élus. C’est dommage que des candidats malheureux, parce que battus lors de la désignation, fassent volte-face et se coalisent avec d’autres OSC pour récuser le CCRP. S’ils avaient été élus, ils se seraient sans doute comportés autrement vis-à-vis du CCRP.
S. : Me Sankara, le chef de file de l’opposition, a demandé le retrait de l’article 37 des négociations au CCRP ; demande refusée. Qu’en pensez-vous ?
B.P.B : Sur ce point, je ne suis pas d’accord avec Me Sankara. C’est parce qu’il y a des points divergents qu’on crée un cadre de dialogue et de recherche de solutions. Si nous étions d’accord sur tous les points, à quoi servirait-il de dialoguer et de débattre ? Il aurait pu venir argumenter, peut-être aurait-il pu convaincre des gens. Les décisions ne se prennent pas à la majorité mécanique, mais par consensus. Une seule voix de désaccord express suffit à inscrire le point en question dans le lot des propositions non consensuelles, donc non applicables. Autrement dit, la seule voix de Me Sankara aurait été en mesure d’empêcher le sort qu’il voulait éviter pour l’article 37.
S. : L’opinion pense que l’opposition véritable n’est pas représentée au CCRP et que ce sont des regroupements insignifiants qui y sont. Est-ce votre avis ?
B.P.B : Est-ce vraiment l’opinion qui pense ainsi ? Qui est opposant véritable et qui ne l’est pas ? Un opposant est un opposant. Je n’ai pas de « véritablomètre » pour mesurer les opposants. Je constate simplement qu’au CCRP, les partis d’opposition sont bel et bien représentés, avec un certain UNDD de Me Hermann Yaméogo. Plusieurs partis affiliés à l’institution du chef de file de l’opposition y participent également. Je les ai vus à l’œuvre durant nos travaux. Ils sont percutants dans leurs analyses et très critiques.
S. : A quels résultats concrets et visibles faut-il s’attendre du CCRP, 2012 oblige.
B.P.B : Les travaux du CCRP vont déboucher - et j’en suis convaincu – sur des résultats concrets et très intéressants pour l’approfondissement de la démocratie, la cohésion et la paix sociale. Mais à ce stade des débats, nous sommes toujours en conclave. Les travaux se déroulent normalement, les échanges sont très enrichissants et les propositions de réformes très pertinentes.
Vous savez comme moi que les conclusions de nos travaux seront transmises aux régions pour amendement et enfin soumises aux assises nationales pour validation.
Tout cela m’amène à penser que nous devons faire vite et bien afin que les échéances de 2012 ne subissent pas de grands bouleversements.
S. : D’aucuns disent que le CCRP est inutile. Est-ce votre sentiment ?
B.P.B : C’est un "aprioritisme" infantile. Ces gens-là se trompent. Le CCRP est un cadre de débats, d’échanges et de propositions. Il faut être un extrémiste pour refuser le débat et le dialogue. Des gens ont dit la même chose quand le chef de l’Etat avait institué le Collège de sages et, finalement, il a produit un bon rapport.
S. : Le président du CCRP dit que les points de discussion qui ne feront pas l’objet de consensus seront soumis aux assises nationales. D’après vous, y en aura-t-il beaucoup ?
B. P. B : A ce stade des débats, on ne peut présager de rien. Au moment où je vous parle, tout se déroule normalement. Nous ne sommes qu’au début de nos travaux et les points non consensuels pourraient faire leur apparition. Dans ce cas, ces propositions de réformes seront, comme l’a dit le président du CCRP, transmises aux assises nationales.
S. : Peut-on déjà avoir une idée des points de divergence qui pourraient surgir ?
B. P. B : Au CCRP, il n’y a pas de question taboue. Pour le moment, tout se passe bien. L’obligation de réserve dont doivent faire preuve les membres du CCRP m’empêche de m’étaler sur cette question.
S. : Que peut apporter la régionalisation des débats ?
B. P. B : L’idée de faire transiter nos conclusions à travers les régions est géniale. Ce voyage rendra les propositions plus populaires et plus réalistes. Contrairement à ce que beaucoup d’intellectuels pensent, la vérité n’est pas toujours rien que dans la capitale. La vérité peut venir aussi des régions. Il y a aussi des intelligences, le savoir-faire, la sagesse et l’expérience dans les régions et la décision d’associer celles-ci à la recherche des solutions à nos problèmes est à saluer.
S. : Selon vous et entre nous, faut-il oui ou non modifier l’article 37 de la Constitution ?
B. P. B : Légalement, rien ne s’oppose à la modification de l’article 37. Dans un sens (faire sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel) comme dans l’autre (verrouiller la limitation du mandat). Légalement encore, rien ne s’oppose à ce que l’article 37 reste en l’état. Les conseillers que nous sommes décideront de son sort d’ici, au plus tard, le 14 juillet 2011. Mais ce ne sera qu’un avis. C’est au peuple de décider en dernier ressort.
S. : Pensez-vous que les propositions de réformes du CCRP pourront sortir le Burkina Faso de la crise qu’il traverse ?
B. P. B : C’est mon souhait. Je demeure convaincu que les conclusions de nos travaux, lorsqu’elles seront adoptées par les assisses et bien réalisées, s’en sera fini définitivement de la crise.
S : Avez-vous la garantie que vos propositions seront réellement appliquées ?
B. P. B : La garantie, c’est le peuple.
Jérémie MERCIER
Sidwaya
Vos commentaires
1. Le 5 juillet 2011 à 04:01, par Siida En réponse à : Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
Monsieur BIDIMA, si votre souhait est devoir la fin de la crise au terme du processus, vous devez faire en sorte que la modification de l’article 37 dans le sens voulu par le pouvoir ne passe par votre instance.
Faites en sorte au sein de l’Instance que la corruption, la délation, la distillation de la peur ne vous amènent pas au sortir de vos travaux à remettre cette article à des niveaux où il sera encore plus loisible au pouvoir de tripatouiller comme à son habitude pour atteindre le résultat voulu.
Vous avez fait cas du collège des sages qui n’inspirait pas confiance au départ et qui pourtant a fait du bon boulot lequel bon boulot a été très partiellement mis en oeuvre.
Si réellement votre souci c’est la paix sociale faites ce qu’il faut dès maintenant. Sinon, bonjour les dégâts.
2. Le 5 juillet 2011 à 04:24, par Boulougou Compaoré En réponse à : Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
Salut les amis,
Je pense que si l’article 37 a son temps, il est certain que ceux qui vont y toucher auront aussi leur temps !
1) La cote d’ivoire a souffert pendant 10 ans à causes des problèmes liés à la présidence.
2) Au niger, il y a eu aussi des problèmes liés à la présidence.
3) Récemment, les sénégalais ont manifesté leur colère contre certains volontés de leur président.
Voyez-vous ! quelques soit notre fois (bonne ou mauvaise), on peut faire l’effort de tirer des leçons de nos confrères africains que j’ai cité ci-dessus.
C’est sûre que le peuple Burkinabé demandera des comptes à certains, mais je saurai vous dire de quelle façon, puis que je ne saurai rentrer dans le secrèt des DIEUX. Je sais que le 14 Juillet est proche pour certains, mais il est certain aussi que 2014 l’est pour d’autres !
Avant Blaise Compaoré, les Burkinabés vivaient et s’épanouissaient. Après Blaise Compaoré, le Burkinabés continueront leur vie quotidienne. Là-dessus, on peut rester positif, et se dire que tout le monde peut être remplacé !
Boulougou Compaoré
3. Le 5 juillet 2011 à 04:35, par Faso En réponse à : Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
Ce n’est en aucun cas le sort de l’article 37 mais bien celui du Faso.Touchez-y et on vous touchera avec des mains fermes de la fermete de l’acier pur.
4. Le 5 juillet 2011 à 07:36, par Inoussa verite En réponse à : Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
Ne touchez pas à l’ARTICLE 37 : vous aurez été prevenus
5. Le 5 juillet 2011 à 08:50, par wez En réponse à : Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
le probleme du burkina n’est pas un probleme de democratie,arreter de voler nos maigres ressources a travers la creation de cadre de rencontre inutile,PARTEZ EN RETRAITE ET LAISSRE LA JEUNESSE PRENDRE LA RELEVE
6. Le 5 juillet 2011 à 09:41, par Conscience du Faso En réponse à : Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
Si vous touchez à l’article 37 en sautant la limitation des mandats, vous serez responsables des conséquences qui en decouleront. C’est tout ce que je peux vous dire en attendant.
Vous pouvez le modifier en renforçant sa limitation des mandats qui ne doivent pas depasser 2 et rendant dorenavant cet article non modifiable, sacré.
En tout cas vous êtes prevenus. Faites commes vous voulez.
7. Le 5 juillet 2011 à 10:07, par le kid En réponse à : Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
sacré docteur bidima à la question de savoir si des partis de l’opposition crédible y sont répresentés il répond oui il y’a undd de me yameogo et au aussi au niveau de l’opposition statutaire mais là il ne cite aucun parti sacré bidima
8. Le 5 juillet 2011 à 17:59, par Alexio En réponse à : Dr Bangba Pierre Bidima, président du Mouvement de la paix/Burkina : « Nous déciderons du sort de l’article 37 au plus tard, le 14 juillet 2011 »
Pourqoui cette malhonete intellectuelle ?Pourqoui creer le CCRP pendant temps on na une assemblee nationale ?Pour en pays pauvre comme la Burkina Faso,je ne vois pas la necessite de creation de tel conseil politique.La france qui nous a colonise ne va jamais admettre tel marche de dupe pour deverouiller L article 37 de la constitution.