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Boureima Tarnagda, directeur général de la Société de transport en commun de Ouagadougou : « Nous souhaitons à moyen terme, transporter 40% de la population ouagalaise »

Publié le jeudi 30 juin 2011 à 02h36min

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Afin de participer à la lutte contre la pollution et à l’apaisement social au Burkina, la Société de transport en commun de Ouagadougou (SOTRACO- SA) organise une campagne de réduction de ses prix durant le mois de juin et de juillet 2011. Son directeur général, Boureima Tarnagda, revient sur cette initiative et sur bien d’autres aspects de la vie de sa structure, dans une interview qu’il nous a accordée.

Sidwaya(S.) : Présentez-nous brièvement la SOTRACO- SA ?

Boureima Tarnagda (B.T.) : La conjugaison des efforts de l’Etat burkinabè, du Royaume de Belgique et de douze opérateurs économiques privés a donné naissance à la SOTRACO. C’est une société anonyme au capital de 800 millions de FCFA, détenu à hauteur de 75% par des actionnaires privés, 15% par la municipalité de Ouagadougou et 10% par l’Etat burkinabè, à travers le Fonds burkinabè économique et social é(FBDES).

S. : Quelles sont les missions assignées à la SOTRACO ?

B.T. : Nous avons pour objectif d’améliorer les conditions de mobilité de la population, de renforcer la sécurité routière par la réduction des taux d’accidents, surtout au niveau des engins à deux roues. De même, nous contribuons à améliorer l’environnement urbain par la réduction de la pollution atmosphérique générée par les transports individuels. Par exemple, pour assurer le transport de 1000 personnes, il faut environ 500 motos, alors que 10 bus suffiraient à le faire. Il est évident que ces 500 motos polluent plus que les 10 bus.

S. : Avez-vous une idée sur le nombre d’utilisateurs du transport en commun urbain à Ouagadougou ?

B.T. : Ouagadougou est considérée comme la capitale des deux roues. Ce qui fait, que le transport en commun ne soit pas très développé. De ce fait, la part du marché du transport collectif tourne autour de 6% et est partagé entre les taxis et les bus. En ce qui concerne la SOTRACO, nous transportons en moyenne 7000 passagers par jour. Nous utilisons également environ 27 bus par jour.

S. : Depuis un certain temps, le Burkina vit des manifestations consécutives à la vie chère. Qu’est-ce que la SOTRACO a entrepris pour soulager un tant soit peu les populations ?

B.T. : Nous nous sentons effectivement concernés par cette situation difficile que vit notre pays. C’est pourquoi nous avons organisé une campagne de réduction de nos prix durant les mois de juin et de juillet. L’objectif étant de permettre à la population de vaquer à ses occupations en empruntant le bus à moindre coût. C’est ainsi que durant cette période, les tickets de 150FCFA sont vendus à 100F et des tickets journées sont mis à la disposition des clients à raison de 500FCFA. Aussi, les tickets hebdomadaires de 2500F sont vendus à 1 500FCFA durant les deux mois et seront désormais, vendus à 2000 FCFA. C’est un peu là, notre contribution à l’apaisement social au Burkina.

S. : Nous constatons que les bus sont également la cible de certains manifestants, lors des mouvements sociaux ?

B.T. : Durant la crise, nous avons subi effectivement la furie de certains manifestants, notamment lors de la manifestation des commerçants où un de nos bus a été brûlé. J’avoue que nous avons été surpris par cette violence envers nos bus, d’autant plus que nous aussi, nous sommes une société anonyme. Par contre, lors des manifestations des élèves et étudiants où nous étions des plus inquiets, nous n’avons pas subi beaucoup de dommages. Il nous est même revenu que certains manifestants ont effectué des cordons de sécurité pour permettre à nos bus de circuler. Quant on sait que les élèves et étudiants constituent nos meilleurs clients, nous analysons positivement cette prise de conscience.

S. : A combien évaluez-vous les pertes subies, lors de ces manifestations ?

B.T. : Nous estimons à plus de 700 millions, les pertes que nous avons subies. En effet, durant les manifestations, nous n’avons pas fonctionné pendant plusieurs jours et il y a des moments où nous n’avons travaillé qu’une demi-journée à cause du couvre-feu. De plus nous avons eu un bus brûlé, ainsi que des bus, des arrêts et des abribus saccagés.

S. : Pour une commune aussi grande que Ouagadougou, pensez-vous que neuf lignes et 27 bus sont suffisants ?

B.T. : Nous sommes conscients que ce nombre est insuffisant. Pour cela, nous envisageons de mener des actions pour y remédier. Nous avons donc pris contact avec certaines institutions financières et l’Etat pour renforcer notre parc automobile. Du reste, nous avons démarré nos activités avec un parc de trente autobus neufs. Ce nombre est passé à cinquante-cinq avec l’achat en 2005 sur fonds propres, de vingt bus, ainsi que de cinq (05) bus que la commune de Ouagadougou nous avait données. Récemment, nous venons de nous renforcer avec 10 minibus neufs.

S. : Le principal terminus central à Naaba Koom n’est pas encore aménagé, malgré l’importance du site. Il en est de même des terminus périphériques. Est-ce à dire que le transport en commun urbain n’est pas une préoccupation réelle pour le politique ?

B.T. : Je pense que c’est une préoccupation pour le politique, dans la mesure où il existe une loi d’orientation qui met l’accent sur le transport en commun urbain. Il y a aussi des avantages que l’Etat nous a accordés qui marquent une réelle volonté politique de nous accompagner. Cependant, il est vrai que le sous-secteur du transport en commun urbain exige beaucoup de financements qui ne sont pas à la portée de la seule SOTRACO. Des actions sont donc entreprises pour que l’Etat, à travers les communes, puisse nous aider à ériger une gare centrale au niveau de Naaba Koom et des gares périphériques. Ces actions sont en cours et je ne constate pas un refus, ipso facto, des autorités.

Un contrat-plan est en cours d’élaboration qui permettra aux deux (02) parties de prendre des engagements, en vue d’améliorer le transport en commun urbain.

S. : Il nous est revenu que vous aviez été approché par les habitants du site de Yagma pour desservir la zone, mais l’on se rend compte que jusqu’à présent, rien n’est fait ?

B.T. : Effectivement, nous avons été approché par les habitants de cette zone. C’est un tronçon d’environ 20 km dont une partie n’est pas bitumée. Nous sommes en train de mener une étude pour voir la faisabilité de la chose. Si elle s’avère concluante, nous desservirons la zone sans problème.

S. : Bientôt se tiendra au Burkina, la journée à faible émission de gaz à effet de serre. Etant engagé dans la lutte contre la pollution, quelles actions la SOTRACO envisage-t-elle pour marquer la journée ?

B.T. : L’une des raisons qui nous a amené à effectuer une campagne de réduction de nos tarifs est de motiver la population à emprunter régulièrement nos bus. Ce qui réduirait le transport individuel et partant, la pollution que l’on constate avec l’explosion des deux roues.

S. : Quelle est la vision de la SOTRACO pour le moyen et le long terme ?

B.T. : Notre ambition à moyen terme, est de transporter au moins 40% de la population ouagalaise, soit environ 800.000 passagers. Pour ce faire, nous allons travailler à quadriller toute la ville de Ouagadougou, afin que le passager puisse aller d’un point A à n’importe quel point B, sans problème. Nous projetons donc, de construire des parkings dans les gares et certains arrêts de bus pour que les usagers puissent y laisser leurs engins. L’objectif final étant de développer le transport en commun.

Cela existe dans certains pays comme Curitiba au Brésil où 87% de la population utilise le bus. Dans cette ville, il y a peu de pollution et peu d’accidents. Prenons le cas également de Lagos au Nigeria où le développement du transport en commun urbain depuis 2008, a permis de réduire de 50% le taux de maladies respiratoires. Nous avons également le projet intercommunal où nous envisageons de desservir Kokologho, Koubri et Kamboinsé. Par la suite, il se pourrait que nous puissions atteindre les communes rurales dans le cadre du SDAGO (Schéma-directeur d’aménagement du Grand Ouaga).

S. : Avez-vous un appel à lancer ?

B.T. : Nous souhaitons que les Ouagalais puissent intégrer le transport en commun urbain dans leurs habitudes. Car, nous ne pouvons plus continuer à polluer l’air comme nous le faisons, du fait des conséquences négatives sur la santé et le climat. De plus avec les motos, nous dépensons beaucoup d’argent pour nous déplacer, alors qu’avec le bus, cela nous revient moins cher.

Raphaël KAFANDO & SaÏdou ZOROME (Stagiaire)

Sidwaya

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