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MANDAT D’ARRET CONTRE KADHAFI : Que fera l’UA ?

Publié le mercredi 29 juin 2011 à 02h02min

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La Cour pénale internationale (CPI) vient de lancer un mandat d’arrêt international contre le Guide libyen Mouammar Kadhafi, son fils, Seif al-Islam Kadhafi et son gendre, chef des renseignements militaires, Abdullah al-Senoussi. Motif : crimes contre l’humanité commis en Libye en février 2011. D’après la décision, « en tant que "Guide" reconnu et incontesté de la Libye, Mouammar Kadhafi exerçait, durant toute la période visée, un pouvoir absolu et incontesté sur l’appareil libyen, y compris sur les forces de sécurité. » Concernant son fils Seif al-Islam, la juge-présidente, Sanji Mmasenomo Monageng du Botswana, précise que « bien que n’exerçant pas de fonction officielle, ce dernier est implicitement le dauphin de Mouammar Kadhafi et la personne la plus influente de son cercle rapproché. » Le troisième, Abdullah al-Senoussi, est beau-fils du dirigeant libyen.

Il est suspecté d’avoir mis en œuvre la politique d’Etat échafaudée par Kadhafi. Pour les juges de la Cour pénale internationale, Mouammar Kadhafi « a conçu et orchestré un plan visant à dissuader et étouffer par tous les moyens les manifestations de la population civile contre le régime ». Les mandats d’arrêt étant désormais lancés contre les trois suspects du régime, comment les choses vont-elles se passer sur le terrain ? Sur ce plan, force est de reconnaître que la Cour ne dispose pas de force de police propre. Elle doit compter sur la coopération internationale pour arrêter les suspects. Aussi les juges ont-ils entrepris de demander officiellement la coopération des Etats retenus. Certes, de nombreux pays ont signé l’accord avec la CPI : on en compte aujourd’hui 116.

Ces signataires du traité les liant à la Cour, sont tenus de le faire respecter. En principe, les autorités de ces pays devront arrêter toutes les personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI. Mais les faits vécus montrent que les choses ne sont pas aussi faciles. Cas du tout premier chef d’Etat poursuivi par la Cour, Omar El-Béchir, président du Soudan. Inculpé depuis 2009, l’homme est toujours libre de ses mouvements. En dépit des engagements pris, on a toujours du mal à le prendre au collet. Par contre, cette fois-ci, on pourrait se risquer à avancer que le colonel Kadhafi, lui, est vraiment pris dans un engrenage d’où il lui sera très difficile de se sortir. En effet, en même temps qu’ils lançaient lundi dernier des mandats d’arrêt contre des éléments-clés du clan Kadhafi, les juges de la Cour pénale internationale (CPI) sollicitaient la coopération des Etats pour leur arrestation.

Pour le porte-parole de la Cour pénale internationale, il y a des motifs raisonnables de croire que les trois personnes suspectées ont commis les crimes mentionnés. Le procureur, qui avait demandé l’émission de ces mandats d’arrêt en mai dernier, avait notamment ciblé les crimes commis à Benghazi, Tripoli et Misrata, où « des actes inhumains ont été infligés aux civils par les forces de sécurité, les privant de leurs droits fondamentaux en raison de leur opposition politique, réelle ou perçue, au régime de Kadhafi ». Il n’est un secret pour personne que, depuis belle lurette, les Occidentaux attendaient Kadhafi au tournant. Mais, pour autant, peut-on avancer que la mesure de la CPI est efficace à court terme ? Certes, les pays membres de la coalition en Libye, la France et le Royaume-Uni ont, comme les pays signataires du traité de Rome, l’obligation d’arrêter les trois responsables libyens si jamais ils foulent leur sol.

Les suspects devront par la suite être remis à la Cour pour jugement. Mais étant donné les difficultés rencontrées sur le terrain, les pays de la coalition internationale iront-ils jusqu’à tenter de prendre le colonel à Tripoli ?

Sans se laisser aller à des conjectures, on ne devrait toutefois pas exclure de telles initiatives, vu la tournure des événements en Libye. Même si le prix en devrait être très élevé ! Les Occidentaux l’ont montré par le passé. Ce mandat de la CPI contre le clan Kadhafi n’a peut-être pas d’effet immédiat, mais il est effectif. Aucune autre issue ne semble donc possible pour le "roi des rois". En effet, la Libye est en crise. Et Kadhafi, lui, n’avait certainement pas cru que le mandat de la CPI viendrait si tôt. Aujourd’hui, il est dos au mur. De quoi renforcer l’abattement moral dans lequel il se trouve, avec l’intensification par l’OTAN des bombardements dont Tripoli et ses environs font l’objet depuis trois mois maintenant. Contrairement à ce qui est arrivé à l’ex-président Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, l’effet de surprise va jouer sur Kadhafi au plan psychologique.

Mais que pourrait bien faire l’UA dont les chefs d’Etat et de gouvernement se retrouvent cette semaine à Malabo en Guinée équatoriale pour le 17e sommet ? Prendre position ? Agir ? Dans quel sens ? Cacophonie et discordances vont sans doute caractériser les positions des pays membres de l’UA qui ont habitué l’opinion à leurs indécisions, hésitations, incohérences et fuites de responsabilité. Le président de la Commission, qui semble bien assis entre deux chaises, aura encore moins d’autorité sur ce dossier. On a toutes raisons de croire que le sommet de Malabo risque d’être le dernier pour le Guide de la Jamahiriya arabe libyenne. Après les épisodes de son isolement par le passé, l’on est tenté de dire que le Guide libyen n’aura pas bien tiré leçon de ses démêlés avec les Occidentaux.

Le voilà à nouveau avec cette redoutable épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Pour avoir géré son pays d’une main de fer, sans opposition, sans élections pendant 42 ans, Kadhafi est en passe de faire l’amère expérience de l’extrême durée au pouvoir et de l’entêtement. Cet homme n’a pas vu venir les choses. Avec ces événements qui se sont précipités ces derniers temps en Libye, l’on est en droit de croire que, finalement, Kadhafi était plus craint qu’aimé, chez lui, comme sur la scène internationale. Curieux tout de même que jusque-là, le « roi des rois » d’Afrique comme il aime à se faire appeler, n’ait toujours pas bénéficié du soutien, même moral, des autres monarques du continent. Eux ainsi que leur tam-tam se sont tus. Comme, du reste, la plupart de ces chefs d’Etat africains devenus subitement aphones, après avoir bien profité des libéralités princières de leur « pair » Kadhafi.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 29 juin 2011 à 12:31, par Le Burkinabè En réponse à : MANDAT D’ARRET CONTRE KADHAFI : Que fera l’UA ?

    L’histoire retiendra que depuis le début de cette crise, le journal le pays a contribué à pourfendre Kadhafi et à ternir son image au sein de l’opinion nationale burkinabè et internationale. Que gagne-t-il dans cette affaire avec ces articles qui présentent (au moins trois ou quatre fois par semaine) , Kadhafi comme le diable et les agresseurs comme l’ange ? le journal seul le sait

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