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Abandon du ticket présidentiel par Wade : C’est sage !

Publié le vendredi 24 juin 2011 à 00h50min

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Ça y est ! Wade a été contraint de faire marche-arrière. Ou du moins d’enterrer ce qui pourrait être un casus belli pour une confrontation de longue durée inter-sénégalaise. On s’attendait qu’houspillé par l’opposition et la société civile, le président Wade, fasse une petite reculade, quelques réglages pour revenir en force afin de faire avaler avec moins de douleur la pilule du funeste projet dit de ticket présidentiel. Rien de tout cela. Le projet est tout simplement abandonné, ce qui est à l’honneur du vieil homme d’Etat qui a su reculer devant le danger, mais aussi à la classe politique et la société civile qui a su dire Non, à l’unisson.

Selon le chronogramme, hier jeudi 23 juin, les députés sénégalais devaient examiner un projet de loi très querellé instituant un ticket présidentiel, qui prévoit l’élection simultanée au suffrage universel direct d’un président et d’un vice-président. Un acte inédit dans les annales de nos républiques à tradition francophone que voulaient poser ces élus. Et de mémoire d’homme de médias, rarement projet de loi aura été autant l’occasion de trouble à l’ordre public.

La contestation entre partisans et opposants dudit projet a été si vive que, du côté de Dakar, l’opposition regroupée au sein de Benno Siggil Sénégal a suspendu sa participation à la révision du fichier électoral – un acte hautement symbolique –, estimant que la prochaine présidentielle, prévue pour février 2012, serait biaisée. Qui pis est, des appels à la mobilisation contre ce projet et plusieurs manifestations d’une violence rare ont éclaté à travers le pays pour amener Gorgui à revoir sa copie.

« Un projet de loi visant simplement à faire passer le président avec 25% des suffrages exprimés n’est pas acceptable au Sénégal », explique un manifestant qui en a ras -le-bol de la gestion du pouvoir d’Etat sous l’ère du Sopi. C’est vrai qu’avec sa kyrielle de gouverneurs, de préfets et de sous-préfets, tous acquis au président, ce n’aurait été qu’un jeu d’enfant pour Wade de se faire réélire et de permettre à son parti, le PDS, de rester au pouvoir ad vitam aeternam. Avec plus de 80% de députés libéraux et d’autres béni oui-oui, qu’est-ce qui aurait pu empêcher ce malheureux projet de passer comme une lettre à la poste ?

Et cela est d’autant plus inacceptable que le successeur d’Abdou Diouf sait mieux que quiconque que sa popularité est en berne. Il veut donc changer les règles du jeu à huit mois de la présidentielle, autant dire en plein match, pour se mettre à l’abri d’éventuelles surprises désagréables. Au Sénégal, les estimations de vote, régulièrement rendues publiques, qui sont crédibles pour l’opposition, fantaisistes pour les libéraux et leurs amis, mais ayant toujours un impact jamais démenti sur l’opinion, créditent Gorgui, candidat à sa propre succession, d’une fourchette de 25 à 30% des suffrages.

Un second tour pour départager les deux candidats arrivés au second tour s’avérant périlleux pour le pape du Sopi, tant la tendance du « tout sauf Wade » gagne du terrain avec tous ces déçus du libéralisme à la sénégalaise, il est apparu plus sage au plus vieil homme d’Etat en exercice en Afrique de parer à cette éventualité. Mais c’était sans compter avec la détermination et l’esprit de suite des politiques de l’opposition et de la société civile au pays de la Téranga.

On sait qu’en dépit de son âge, avancé, l’esprit du président sénégalais fourmille d’idées qui ne sont pas toujours saugrenues. Mais véritablement, cette trouvaille de vice-présidence dans une Afrique de l’Ouest à tradition française -où ce poste est quasiment inconnu et surtout de la part d’un Wade plus francophile que de raison- semble être hors de saison.

En effet, sauf erreur ou omission, hormis le Nigeria, le Kenya et certainement bien d’autres pays de tradition anglo-saxonne, sous nos tropiques, ce poste n’existe pas. Et c’est une curiosité que de chercher des arguties juridiques et politiques pour en créer. Hormis le fait que ce poste peut s’avérer un gouffre financier pour le contribuable, sa raison d’être est difficile à démontrer. Alors pourquoi vouloir imposer aux Sénégalais un tel machin ?

Pour bien de Sénégalais, la réponse coule de source : opérer à bon compte une dévolution dyarchique du pouvoir en positionnant Karim.

En effet, après sa vaine tentative de le propulser à la tête de l’Etat, Wade tente de changer son fusil d’épaule pour mieux atteindre sa cible. Son fils biologique placé dans cette posture, le reste deviendrait un jeu d’enfant pour ce président nonagénaire que de hisser davantage en cas de besoin ce « fils prodige » qui, en dépit de son échec aux municipales, ne cesse de cumuler des postes gouvernementaux. Et l’opposition et la société civile sénégalaises semblent pour le moment avoir réussi à éviter ce coup de Jarnac.

Voilà un projet de loi que Gorgui a eu la sagesse de reléguer aux calendes grecques ou qu’il a abandonné pour toujours. En intellectuel bon teint, il a parfaitement compris le message de ses compatriotes qui ne veulent aucunement dudit projet. Une reculade, à son honneur et pour le bien-être du Sénégal.

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 24 juin 2011 à 10:30 En réponse à : Abandon du ticket présidentiel par Wade : C’est sage !

    "Hormis le fait que ce poste peut s’avérer un gouffre financier pour le contribuable, sa raison d’être est difficile à démontrer." Je crois que ceci devait etre l’argument central de votre article. Je trouve surprenante la demonstration de votre francophilie deborbante. Ce n’est pas pcq vos ancetres les gaulois n’ont jamais fait qque chose qu’on ne peut pas le faire si c’est utile. On peut innover, surtout que les francais sont reconnus pour leurs manque d’efficacite, notre systeme educatif en est un exemple. ceci dit, je suis d’avis que dans le contexte senegalais, je ne vois pas la pertinence de la vice-presidence, et cela n’a rien a voir avec le passe colonial du Senegal.

  • Le 24 juin 2011 à 11:39, par cheick yacoub En réponse à : Abandon du ticket présidentiel par Wade : C’est sage !

    Grand intellectuel de son etat il devrait marquer l’histoire du Senegal au lieu de chercher des histoires.Du poignet de main entre Karim Wade et Obama négocié d’ailleurs par Sarkozy, à la visite de soutient aux insurgés à Bengazi sans oublier son appel aux haitiens de venir s’installer au Senegal, cet homme ne cesse de surprendre par son desir de plaire aux suels occidentaux et etasuniens. Et dans cette lancé il ne fait pas honneur au Senegal qui semblait deja sur la voie d’une democratie veritable par rapport biensur à d’autres pays africains. Mais chapeau à la societé civile et à l’opposition qui a pris ses responsabilités en freinant ses ardeurs à temps.

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