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LIBERATION DE PRO-GBAGBO : ADO a-t-il pris toutes les garanties ?

Publié le mardi 21 juin 2011 à 03h51min

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Les résidents de l’hôtel Pergola, au nombre de dix- sept, tous proches de l’ancien président ont rejoint leur domicile respectif. Officiellement, les nouvelles autorités ivoiriennes n’ont rien trouvé contre eux. Elles récusent le terme de « libération » pour les anciens locataires de l’Hôtel Pergola parce qu’aucune action judiciaire n’avait été intentée contre eux. Une chose est cependant sûre, ces locataires étaient sous bonne garde des éléments des Nations unies et des FRCI. Ils y étaient donc pour des raisons de sécurité : leur propre sécurité ou pour des raisons d’Etat ? Chaque camp tente de tirer avantage de cette situation. Si juridiquement, il n’y a rien à leur opposer, force doit donc rester à la loi.

Dès lors, on comprend la décision du gouvernement qui s’inscrit dans le cadre du respect de la loi et des libertés des citoyens fussent –ils les partisans de l’opposition. C’est donc un signal fort que le camp des vainqueurs lance à l’endroit de la galaxie Gbagbo. La chasse aux sorcières tant redoutée ne sera pas à l’ordre du jour. Tous ceux qui ont eu à fricoter avec le régime déchu n’auront donc pas à raser les murs. Cette libération est également un message à l’endroit des partisans de ADO et de ses alliés pour leur rappeler le primat du droit sur toutes considérations. On l’a vu, au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo, certaines personnes n’ont pu s’empêcher de se livrer à quelques règlements de comptes. La page est en train d’être tournée et l’exemple, pour qu’il soit bien suivi, est venu « d’en haut ».

Cependant, l’identité de certaines personnes qui viennent de retrouver leur liberté de mouvement et peut- être de parole, appelle quelques observations. Est-on absolument sûr de leur volonté de participer à l’œuvre de réconciliation et de reconstruction nationale ? Il faut souhaiter que ces anciens serviteurs du régime Gbagbo ( dans le lot il y a les anciens ministres de la justice et de la défense) donnent des gages de bonne conduite. Sinon, ce serait reverser dans la bergerie des loups assoiffés de revanche et qui ne ménageront aucun effort pour saboter le processus actuel de normalisation. Il appartient donc à ces hommes et femmes qui ont échappé aux griffes de la justice, de savoir rebondir en se mettant au service de la réconciliation et de la paix, de faire amende honorable ou, à défaut, de se tenir tranquilles.

C’est seulement à cette seule condition que la magnanimité du nouveau pouvoir aura tout son sens. Dans le cas contraire, si ce message ne trouvait aucun écho favorable, il se serait tiré une balle dans le pied. Selon toute vraisemblance, le pouvoir ivoirien a décidé de ne s’intéresser qu’aux requins de la galaxie Gbagbo. Mais dans le camp d’en face, des voix s’élèvent déjà pour demander la libération de tout le monde. Parmi elles, celle de Blé Goudé, le leader des jeunes patriotes. Mais est-ce vraiment réaliste ? Pour des personnes qui, pour un oui ou pour un non, vouaient leurs adversaires aux gémonies voire à la mort, ils font preuve d’une certaine amnésie qui frôle l’irresponsabilité.

Au nom de la paix ou de la réconciliation nationale peut-on passer sous silence, les assassinats, les charniers, les crimes économiques et politiques, les violations massives des droits humains ? Ce serait faire injure à l’intelligence du peuple ivoirien que de réclamer l’impunité pour ce beau monde encore debout parmi les ruines fumantes d’une crise dont ils sont les premiers responsables et qui vient seulement de se dénouer. On a du mal à entendre certains des extrémistes d’hier réclamer le droit et la liberté qu’ils ont refusés à leurs victimes d’hier. Les bourreaux tentent-ils de se faire passer pour les victimes ? On a envie de répondre par l’affirmative.

Dans sa volonté de rassembler largement les Ivoiriens, ADO doit veiller à ne pas se faire surprendre par la reconstitution des forces du mal. Il est donc urgent que la lumière soit faite sur les différents crimes post-électoraux. Que la justice s’exerce pleinement et que les responsabilités soient clairement situées. C’est seulement après cette étape marquée par la vérité que les politiciens pourraient s’absoudre. Le camp Ouattara ne doit pas oublier, en dépit de sa magnanimité, que si le 11 avril, la victoire militaire avait élu domicile dans le camp Gbagbo, tous les grands ténors politiques et militaires du RHDP seraient depuis lors à six pieds sous terre.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 23 juin 2011 à 08:29, par michel En réponse à : LIBERATION DE PRO-GBAGBO : ADO a-t-il pris toutes les garanties ?

    vous les burkinabé vous êtes trop intéressé par les affaires de cote d’ivoire.nous avons toujours fraternisé mais de grâce le burkina à trop de problème pour que ce soit la cote d’ivoire qui soit l’objet de votre préoccupation.
    c’est gbagbo qui nous a vendu sinon ce n’est pas le burkina qui devrait régler notre problème .

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