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Banfora : Marche pour la levée du chômage technique à la SN-SOSUCO

Publié le lundi 20 juin 2011 à 11h31min

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Exiger la levée de la mesure de mise au chômage technique des travailleurs de la SN-SOSUCO, la suspension de la sous-traitance et le rétablissement d’un dialogue social sincère, c’est l’objet d’une grande marche initiée le 17 juin 2011 par l’ensemble des organisations syndicales de la Comoé, le MBDHP et la section régionale des Cascades de la coalition de lutte contre la vie chère, la fraude, l’impunité et pour les libertés. Grande mobilisation face à une inquiétude liée à la menace de milliers d’emplois, cette marche a conduit les manifestants au haut-commissariat de la Comoé où ils ont été reçus par le haut-commissaire qui avait à ses côtés le maire de Banfora.

« Je vous remercie pour votre mobilisation. C’est la preuve que vous êtes prêts à vous battre pour la survie de la SN-SOSUCO ». Après une heure de marche, ce sont là les propos de reconnaissance de l’organisateur en chef de cette marche, Oumar Soma, et qui traduisaient toute la satisfaction des uns et des autres pour son bon déroulement.

Ouf de soulagement donc, car à quelques heures, voire à l’annonce de la manifestation, c’était l’inquiétude, tant du côté des organisateurs que de celui des responsables administratifs et politiques de la cité du Paysan noir, en raison du caractère imprévisible des ouvriers, qui avaient déjà donné le ton en brûlant deux (2) villas de cadres de la SN-SOSUCO à l’annonce du chômage technique de deux mois le 10 juin dernier.

L’inquiétude était le sentiment le plus partagé. Comment faire pour éviter un débordement ? C’était la grande question. Pour parer donc à toute éventualité, la direction régionale de la police des Cascades avait parqué des éléments de la CRS, prêts à intervenir. Toutefois, les forces de sécurités sont restées très discrètes et c’est dans le calme et la sérénité que s’est effectué le rendez-vous pris avec la population pour signifier son refus d’une fermeture dite programmée de la nationale du sucre.

Prévue pour 7h, c’est finalement à 9h que la marche à pu commencer. Déjà à 7h, les plus ponctuels des manifestants étaient au lieu de départ devant le siège de l’EDP. Au fil des minutes, le rang grossissait. Un jeune manifestant, un sifflet à la bouche, se signalait de façon intempestive, comme si l’on était sur le point de donner le coup d’envoi. 7h40 mn. Un groupe assez bruyant fait son arrivée au siège de l’EDP avec à sa tête un jeune homme. Renseignement pris, ce sont des temporaires de la SOSUCO. 5mn plus tard, preuve que l’organisation s’activait, la musique retentit et vient enfin donner une autre ambiance à ces coups des sifflets incessants.

A 8h, toujours pas de coup d’envoi en vue. La raison, à une quinzaine de kilomètres à la cité sucrière, Bérégadougou, des femmes et des jeunes seraient bloqués à la cité sucrière et ils doivent être de la partie. Ce contre-temps, de l’avis d’un marcheur, est dû à un transporteur qui, après avoir promis de les transporter au lieu de la marche, se serait désisté à la dernière minute. « On ne peut pas marcher sans eux, ils ne le comprendront pas », se défend ce dernier.

Une solution alternative semble trouvée avec une Peugeot bâchée qui effectuait des va-et-vient et déversait des marcheurs à l’EDP. Jusqu’à 8h 40 mn environ, les marcheurs continueront d’arriver par petits groupes. Commerçants et autres acteurs du secteur informel ont fermé boutiques et hangars. Certains attendent dans la zone commerciale tandis que d’autres partent grossir le rang des manifestants.

A 9h, l’EDP est noire de monde et le rassemblement est sonné. De jeunes garçons et filles se positionnent pour assurer la sécurité. Leur signe distinctif, des banderoles bleues, preuve que rien n’est laissé au hasard. Durant quelques minutes, les organisateurs ont du mal à se faire entendre face à la mobilisation. Puis la marée humaine s’ébranle en direction du haut-commissariat de la Comoé.

Les marcheurs parviennent à traverser la zone commerciale sans incident, ce qui rassure quelque peu les plus sceptiques. Au haut-commissariat, attendaient le maître des lieux et le maire de Banfora, Souleymane Soulama. Des femmes (aussi bien des employées de la boîte que des femmes des travailleurs), des enfants, des jeunes, des travailleurs du secteur public et privé de la place, des retraités, comme un seul homme, sont allés protester contre les agissements de la direction de la SN-SOSUCO et la complicité supposée du gouvernement.

En effet, en plus de la lettre de protestation qui traduisait l’état d’âme des protestataires, les pancartes et les slogans étaient des plus illustratifs : « Nous, enfants de travailleurs, disons non à la fermeture programmée de la SN-SOSUCO » ; « Non et non à la sous-traitance » ; « DG on veut pas, victoire au peuple » ; « Non à la fermeture programmée de la SN-SOSUCO à travers la sous-traitance » ; « A bas les patrons qui bâillonnent leurs travailleurs » ; « l’Etat dort, les sociétés industrielles malades meurent, le peuple vous tient à l’éveil » ; « Non à la sous-traitance douteuse » ; « Capitalisme a pour ingrédient corruption », « Dignité et respect pour les travailleurs » ; « Sauvons la SN-SOSUCO, c’est sauver toute la région et tout le Burkina » ; « GMB mort, SOSUCO évanouie, Etat complice ».

Dans leur lettre remise aux autorités, les manifestants estiment que depuis 14 ans que le groupe IPS a en charge la gestion, une cascade de crises, les unes plus grandes que les autres est notée. D’abord en 1999 avec la remise en cause des acquis sociaux des travailleurs qui conduira aux licenciements des responsables syndicaux, les détournements crapuleux, la crise de la mévente du sucre.

Depuis le 10 juin 2011, après plusieurs sit-in et une réforme, les travailleurs sont mis au chômage technique pour deux mois, au moment où les organisations syndicales de la SN-SOSUCO cherchaient à calmer la situation au niveau des travailleurs. Les manifestants dénoncent la mauvaise foi et la volonté manifeste de la direction de créer une situation de confrontation par l’utilisation du dilatoire dans le traitement des revendications des travailleurs en dépit de l’implication des autorités. Le gouvernement, de l’avis des protestataires, ne montre pas patte blanche. « C’est le lieu de rappeler l’attitude du gouvernement qui consiste à assurer la protection des investisseurs dans l’illégalité au détriment des intérêts vitaux des travailleurs, à conforter la direction dans les violations répétées des libertés », soutiennent-ils.

C’est pourquoi les manifestants disent protester contre les mesures iniques de la direction de la SN-SOSUCO et exigent la levée immédiate de la mesure de mise au chômage technique, la suspension de la sous-traitance et le rétablissement d’un dialogue social sincère ; protestent contre l’attitude complice du gouvernement et la collusion d’intérêts au détriment des intérêts des travailleurs de la SN-SOSUCO, de la région et partant du pays.

Ils invitent au sens de responsabilité du gouvernement pour la levée immédiate de la mise en chômage technique, l’abandon pur et simple de la sous-traitance et le rétablissement d’un dialogue sincère. Le haut-commissaire, en recevant cette lettre, a prôné patience et tolérance. « Jusqu’à quand ? » se sont élevées des voix dans la foule.

Après la marche, c’est un meeting qui a été organisé et les différents intervenants, les jeunes, les retraités, les organisations syndicales, se sont succédé à la tribune pour exprimer leur mécontentement jusqu’aux environs de 11h 30 mn.

Signalons que par l’entremise du ministère du Commerce, les organisations syndicales, les responsables coutumiers et religieux, le maire de Banfora, le gouverneur des Cascades, l’inspection régionale du travail seraient tous convoqués à Ouagadougou les 20 et 21 juin 2011, avec au menu des échanges le dénouement de la crise sociale que connaît la SOSUCO.

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 20 juin 2011 à 13:07 En réponse à : Banfora : Marche pour la levée du chômage technique à la SN-SOSUCO

    la démarche est bonne ,mais cette culture de casser et bruler des biens public risque de couter cher a nos enfants si nous ne y prenons garde mes oncles a koudougou ne diront pas le contraire.Maintenant il est temps d’initier des marche pour aller retablir ce que nous avons casser et bruler

  • Le 20 juin 2011 à 17:44, par KIYAO En réponse à : Banfora : Marche pour la levée du chômage technique à la SN-SOSUCO

    Bonne initiative de vouloir instaurer un Vrai dialogue social entre les travailleurs de la SN SOSUCO et le Gouvernement. Que la rencontre de dénouement de la crise socio-économique prévue les 20&21Juin 2011 à Ouaga ne soit pas une rencontre de trop.
    Yes ! Non à la sous-traitance, quelque soit sa forme. Et que le Groupe IPS et l’État Burkinabé prennent leur responsabilité en bonne main en discutant, diagnostiquant les problèmes réels, la mal gouvernance, qui minent la vie de la boîte sans aucune forme de politisation de l’affaire. Évitez les intermédiaires crapuleux dans tout dialogue social au Faso.
    Halte aux vols organisés, perpétrés à la SN SOSUCO. Que les fauteurs, les gars de trouble-fête soient démasquer, punis selon les procédures judiciaires au Faso. Trop de mascarades, d’impunités, de frustrations dans la gestion de la SOSUCO.
    Bon vent à la lutte juste du Peuple ! Non à la fermeture de la SOSUCO.

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