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Accusations mauritaniennes : Une stratégie vouée à l’échec

Publié le vendredi 1er octobre 2004 à 06h39min

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Depuis plus d’un mois, la Mauritanie accuse le Burkina Faso d’être responsable des remous politiques qu’elle connaît de façon récurrente. Malgré les dénégations des autorités, elle persiste dans la voie choisie de salir délibérément notre pays. C’est sa stratégie, celle consciencieusement adoptée dont les desseins semblent aussi limpides que le nez de Cléopâtre.

Lorsqu’un régime africain est aux abois, il est coutumier chez lui de vouloir à tout prix détourner l’attention de son opinion publique vers le gros méchant loup tapis hors de ses murs. Cet extérieur maléfique devient dès lors, la bouée de sauvetage espérée et à laquelle, il faut s’agripper de toutes ses forces.

Nous savons maintenant que quoi qu’il se passe, la Mauritanie n’en démordra pas. Pour les autorités de Nouakchott, le Burkina est la cause de tous leurs maux et soucis. Désormais, la cible est connue et il s’agit de tirer méthodiquement sur elle, de sorte à ne laisser aucune chance à un autre sujet à même de ramener les Mauritaniens à la triste réalité de leur quotidien.

Il est connu de tous que ce quotidien n’a rien de reluisant encore moins de réjouissant. Le pouvoir de Ould Taya impose une chappe de plomb sur une population qui a depuis belle lurette perdu la petite once d’illusion.

Inutile ici de revenir sur la peinture de ce régime dictatorial d’un autre âge, puisque des Mauritaniens ont suffisamment décrit l’enfer qu’ils vivent chez eux, y compris à travers nos colonnes. Dans une telle situation, malgré les répressions, les bâillonnements, les emprisonnements et les tueries, des Mauritaniens ont opté d’organiser la résistance et de ne pas baisser la tête.

C’est pourquoi, la stratégie de Ould Taya et de ses supporters est vouée à l’échec. Ils auront beau accuser de "prétendues puissances étrangères" la réalité du régime finira par les rattraper. N’en déplaisent aux habituels hurleurs avec les loups, les pouvoirs africains seront toujours l’objet d’attaques tant qu’ils ne voudront pas sacrifier aux règles de la démocratie, de l’expression plurielle véritable et de la bonne gouvernance.

Or, il se trouve qu’en la matière, la Mauritanie est le plus mauvais élève qui existe sur la planète terre, ce qui justifie son isolement international actuel, l’obligeant à courir les capitales de pays déjà au banc de la communauté des nations.

Avoir un peu de répit

Les autorités mauritaniennes cherchent par tout moyen à garder la tête hors de l’eau. Le bouc-émissaire extérieur à l’avantage double d’être simple à mettre en œuvre et surtout, il marche comme sur des roulettes.

En effet, sa simplicité découle du fait qu’on accuse à n’en plus finir et ceci sans avancer le moindre début de preuve. Toutes les accusations jusque-là proférées par la Mauritanie se résument en des déclarations péremptoires, car souffrant par leur imprécision et leur caractère par trop général. Elles sont le symbole des relations entre les Etats africains depuis le vent venu de La Baule.

Ensuite, le choix du bouc-émissaire fait toujours mouche. Que n’a-t-on pas ici même au Burkina entendu dès l’information diffusée sur RFI. L’amplitude de cette affaire banale en tout cas très loin de nos préoccupations et problèmes immédiats prouve si besoin en était encore que le pays des Hommes intègres adore s’autoflageller.

Mais cette théorie aussi spectaculaire soit-elle au début de sa mise en œuvre finit toujours par se dégonfler telle une baudruche. Déjà, la Mauritanie a de plus en plus un mal fou à se faire entendre. Il lui a donc fallu chercher et trouver un atout-maître à faire valoir : Maître Hermann Yaméogo.

Est-ce vraiment une surprise ?

Aussi invraisemblable que paraît une visite du président de l’UNDD en Mauritanie, il faut se souvenir que Hermann Yaméogo est spécialiste des illogismes du genre.

Lorsque des pays avaient accusé le Burkina de destabilisation, l’Angola, la Côte d’Ivoire et le Togo notamment, il avait effectué le tour de leur capitale et avait "dîné" avec leur président. Il s’était en son temps justifié en disant qu’un opposant a le droit de se rendre à l’étranger et de rencontrer qui il voulait.

Si cela est sans doute vrai, nul ne saurait par contre nier que la coïncidence est trop troublante pour ne pas dire suspecte. Et en fait d’opposants voyageurs, on ne sait pas ce qu’attendent les autres ténors de l’opposition "non gâteau" pour voler au secours de Ould Taya. A moins qu’ils n’analysent point leur statut d’opposants dans le même prisme que Hermann Yaméogo.

Avant de connaître le fin mot de l’affaire, on pourra s’en référez au dicton voulant que "qui vole un œuf, volera un bœuf".

Comme la faune politique burkinabé et particulièrement l’opposition aime à accuser le pouvoir à partir de son passé, c’est justement celui de Hermann Yaméogo qui est en train de le rattraper. Qu’il démente ou pas, il existe chez lui cette manie à s’acoquiner avec tous les pays ayant maille à partir avec le Burkina. De telles circonstances ne peuvent pas aujourd’hui l’absoudre car opposition ne rime pas avec prendre parti contre son pays chaque fois qu’il croit s’opposer.

Du reste, son aveu de rencontrer Ould Taya prochainement est plus une façon explicite de s’accuser que d’aller à l’offensive. Mais ce choix de manifester son opposition n’est pas fortuit. Il permet d’être celui qui "fait si peur" au pouvoir que ce dernier en est à le torturer. En tout cas encore une fois et comme lors de son périple en Angola, en Côte d’Ivoire et au Togo, il se trouve au centre de l’actualité.

Quant à savoir ce qu’il propose aux Burkinabé pour mettre du beurre dans leurs épinards, il faut encore attendre. Il se plait dans sa posture du torturé pour prétendre être le meilleur présidentiable de l’opposition.

Souleymane Koné
L’Hebdo

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