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Electrification rurale : Le « jus », enfin à Déou et Markoye !

Publié le vendredi 17 juin 2011 à 02h51min

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Deux communes rurales de la province de l’Oudalan, Déou et Markoye, sont sorties du noir. Les 14 et 15 juin 2011, les responsables du Fonds de développement de l’électricité (FDE) ont invité la presse à visiter les installations électriques de ces localités. Il s’agit d’un système hybride, qui a consisté à l’implantation d’une centrale diésel couplée à un champ solaire photovoltaïque. C’est avec une légitime satisfaction que les habitants ont accueilli la concrétisation de ce projet qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’électrification rurale au Burkina Faso.

Le sachet d’eau glacée de 25 F est vendu aux populations de Markoye à 150 F. De même, pour réaliser une simple photocopie d’une pièce, il fallait arpenter les dunes de sable et les voies défectueuses pour rejoindre le chef-lieu de la province de l’Oudalan, Gorom-Gorom. Aujourd’hui, grâce au Fonds de développement de l’électricité (FDE), tout cela ne sera désormais qu’un mauvais souvenir. L’électricité longtemps convoitée par les uns et les autres, pour développer leurs activités est enfin arrivée. La réception provisoire a été faite, celle définitive n’interviendra qu’à l’issue d’une année d’exploitation. Le jeudi 14 juin 2011, c’est le site d’installation de Déou qui a été visité.

Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière Burkina-Mali, cette commune rurale d’environ 16 mille habitants peut maintenant amorcer son développement. On a découvert la centrale de production, composée de deux groupes électrogènes de 30kv chacun, couplée à un champ solaire photovoltaïque d’une puissance de 11,7kw. C’est le même système qu’on a vu à Markoye le mercredi 15 juin 2011.

Georges Tissou, conducteur des travaux du Projet production internationale Burkina Faso (PPI-BF), a expliqué le mode de fonctionnement de la centrale aux visiteurs. En réalité, l’un des deux groupes électrogènes diésel est mis hors tension si la consommation n’est pas trop élevée. Dans ce cas, c’est l’énergie produite par la centrale thermique (solaire) et la machine qui fournissent le courant nécessaire aux abonnés. Cependant, le deuxième groupe déclenche automatiquement quand la capacité de production du système en place n’arrive plus à satisfaire la forte demande. L’engouement des populations sur le projet est réel et des branchements ont été déjà effectués. A Déou, on enregistre 29 abonnés, alors qu’il en faut une cinquantaine avant de démarrer les groupes. Les habitants de Markoye se disent aussi intéressés par le projet et beaucoup ont vite fait les branchements dans les ménages.

Quoiqu’on dise, le quota exigé pour la mise en service des installations sera atteint dans les jours à venir, car de nombreuses demandes sont enregistrées quotidiennement. Toutefois, l’éclairage public n’a pas été occulté. Dans chacune de ces deux communes rurales, des lampadaires ont été installés et disséminés çà et là. A Déou par exemple, on comptait 15 lampes à ce sujet. Pour le directeur technique du FDE, Gervais Ouoba, c’est suite à l’obtention d’un financement de l’Etat que les travaux d’électrification de ces localités ont été enclenchés. Le coût d’abonnement est subventionné par l’Etat. S’agissant du prix du kWh, il reste le même que celui payé en ville. Gervais Ouoba a indiqué que la photovoltaïque pure (100% soleil) est possible, mais le coût d’un tel projet serait hors de portée.

La gestion confiée aux bénéficiaires

Les coûts de réalisation de ces deux projets s’élèvent respectivement à 283.156.416 F CFA et 206.731.596 F CFA pour Déou et Markoye. La différence de coût se situe au niveau de l’utilisation des poteaux électriques. Dans la première commune rurale visitée, ce sont des poteaux métalliques qui jonchent les voies, tandis qu’à Markoye, ils sont mélangés à du bois. Le nombre d’abonnés prévus pour chacune des localités est de 175 pour Déou et 129 pour Markoye. Les travaux ont été exécutés par l’entreprise PPI-BF. La gestion de la centrale de production est confiée à la coopérative d’électricité (COOPEL) de chaque commune. Cette structure a signé un contrat d’un an avec l’entreprise adjudicataire des travaux pour l’exploitation de la centrale. C’est une approche participative développée par les responsables du FDE visant à responsabiliser davantage les bénéficiaires.

Ibrahim Bawa, président de la COOPEL de Markoye se réjouit de l’électrification de sa commune. Pour lui, l’isolement de Markoye est dû à sa déconnexion au réseau internet. M.Bawa a foi que le cours de la vie des habitants de la zone va changer grâce à l’arrivée du courant. Oumarou Yampa ne cache pas son ambition d’ouvrir un secrétariat public et d’organiser des cours du soir. « On va mettre en place beaucoup de choses pour se développer », a-t-il rassuré. « C’était notre première préoccupation ; grâce à Dieu, le gouvernement nous a sauvés. On n’a jamais vu ça », a renchéri Adama Maiga, un habitant de Déou. Créé le 19 février 2003 par un décret présidentiel, le Fonds de développement de l’Electricité est l’agence chargée de la mise en œuvre de la politique d’électrification rurale au Burkina Faso. Les investissements réalisés jusqu’à ce jour s’élèvent à plus de 7 milliards de francs CFA. Et puis, 57 localités ont déjà bénéficié de ce projet et environ 12700 abonnés, soit environ 101 mille personnes ont accès aux services électriques. La vision globale du FDE est de contribuer, avec la SONABEL, à relever le taux d’électrification du Burkina à 60% à l’horizon 2015.

Ouamtinga Michel ILBOUDO (Omichel20@gmail.com)

Sidwaya

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