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SUD-SOUDAN : Une indépendance au goût amer

Publié le mardi 14 juin 2011 à 01h33min

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Le président soudanais Omar el-Béchir ne finira pas de surprendre. Après avoir fait semblant d’accompagner le processus de l’indépendance du Sud-Soudan, l’homme fort de Karthoum semble aujourd’hui se raviser. En occupant manu militari la zone d’Abyei depuis le 22 mai 2011, Omar el-Béchir montre des signes de réticence, sinon, de rejet de l’indépendance du Sud-Soudan, soumise à référendum en janvier 2011 et couronnée par une large victoire pour le Sud. L’on se souvient qu’il avait, dans un premier temps, fait de la résistance. Mais quand il s’est aperçu qu’il ne pouvait rien face à la volonté des Sudistes largement soutenus par la communauté internationale, il avait fini par céder. Chose qui lui avait d’ailleurs, valu des acclamations.

Car beaucoup avaient vu en lui, un homme qui avait finalement compris que tout peuple aspirait à la liberté. A vrai dire, son attitude conciliante avant le référendum lui avait permis de redorer, un tant soit peu, son blason et partant, de desserrer l’étau autour de lui car il est toujours sous mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. Et voilà qu’aujourd’hui, avec une main de fer dans un gant de velours, l’homme sème la terreur à Abyei, l’une des provinces les plus riches en pétrole, violant ainsi les accords de 2005 qu’il a lui-même paraphés.

En s’érigeant en seigneur de guerre dans cette région qui devrait choisir son appartenance au Sud ou au Nord Soudan par référendum, il est clair que el-Béchir cherche à gagner par la force ce qu’il n’a pas réussi à obtenir par le référendum. Autant dire que les Sudistes se sont battus, et ont, finalement, remporté une victoire au goût amer. Et ce ne sont pas les nombreuses populations qui fuient les combats qui diront le contraire. En tout cas, les obstacles sur le chemin de l’indépendance du Sud-Soudan sont nombreux et l’on se demande si cette indépendance sera proclamée le 9 juillet prochain comme prévu. Cette attitude d’el-Béchir suscite des inquiétudes auprès des communautés religieuses de la région qui craignent une éventuelle guerre civile si rien n’est fait pour mettre fin aux hostilités.

C’est vrai qu’Omar el-Béchir, aurait, dit-on, sur recommandation de ses pairs de l’Union africaine (UA), accepté de retirer ses hommes d’ici début juillet. Mais ce retrait aura-t-il vraiment lieu ? Les négociations entamées en Ethiopie le 12 juin, sous l’égide de l’UA, ont abouti, en effet, à un accord. Sur le papier, l’armée soudanaise promet de se retirer, pour permettre une démilitarisation de la région et l’envoi d’une force de paix éthiopienne. Les discussions auraient pu cependant accoucher d’un éléphant si et seulement si le panel de l’UA avait exigé et obtenu des autorités de Khartoum le retrait immédiat de leurs troupes. Face à un homme comme Béchir, l’UA doit faire preuve de plus de fermeté, si elle ne veut pas essuyer un autre revers diplomatique.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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