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Entre l’injustice et le désordre…

Publié le mercredi 8 juin 2011 à 21h29min

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A peine la mutinerie incompréhensible de Bobo-Dioulasso matée, que l’opinion fleurit de commentaires sur le sort que l’on réserve « aux autres mutins » ; entendez par là les militaires qui ont manifesté bruyamment avant ceux de la ville de Sya. Un questionnement pour le moins légitime si tant est-il que ce que l’ont recherche n’est ni plus ni moins que la justice et l’égalité des traitements, une mutinerie en valant une autre.

Pourtant, à y regarder de prêt, et même de loin, derrière cette quête voulue républicaine se cache une manœuvre politicienne qui ne dit pas son nom. En effet, au regard du contexte, si cela ne s’appelle pas chercher la petite bête, ca y ressemble fortement dans la mesure où tout le monde sait que le mouvement de colère du début prenait sa source dans des revendications corporatistes et que jusqu’au plus haut sommet de l’Etat on avait compris cela comme tel et on s’attelait à lui trouver des solutions dans le dialogue et la concertation. Nos grands moralisateurs d’aujourd’hui n’avaient rien trouvé à redire. De même, l’ensemble de nos Forces Armées donc des mutins passés comme potentiels avaient acceptés de s’inscrire dans cette option ce qui tout naturellement excluait toute autre manifestation violente. Ce contrat tacite engageait tout le monde et sous-entendait une amnistie de fait sur tous les évènements passés.

A l’occasion, nous ne pouvons pas ne pas rappeler à ceux qui voudraient l’oublier à dessein, que nous ne cautionnons pas et n’avons jamais trouvé de circonstances atténuantes de quelque manière que ce soit en aucune des mutineries. Et ce n’est pas aujourd’hui que nous allons commencer. Nous les avons toutes condamnées avec fermeté tant les mutins ont à notre avis fortement dérapé, eux qui sous le couvert de revendications corporatistes ont posé ou ont permis de poser des actes que la décence et notre responsabilité sociale de journaliste nous empêchent de qualifier. Nous n’avons d’ailleurs jamais eu de cesse d’appeler tous les acteurs de la scène sociopolitique à prendre leurs responsabilités sur le sujet et à ne pas se tromper de combat. Notre position n’a pas varié ; bien au contraire. Les faits tels qu’ils se sont déroulés à Bobo montrent sa clairvoyance et sa pertinence et nous la réitérons avec force : nous ne voyons rien de bon dans ces mutineries !

Mais, face aux envies subites de justice une et indivisible de certains, n’est-il pas un devoir et œuvre de salubrité publique que de leur rappeler la position irresponsable qu’ils défendaient il n’y a guère longtemps et leur faire comprendre que si les mutineries se suivent elles ne se ressemblent pas ?

Il vous souviendra en effet que ceux qui appellent de nos jours à une justice pour tous, étaient les mêmes qui trouvaient des motifs pour justifier les mutineries de mars-avril 2011, qu’ils n’hésitaient du reste pas à comparer à celle de décembre 2006. Entre la volée de bois vert que les supérieurs « gloutons et rapaces » ont reçu et le « laxisme d’un pouvoir déliquescent et usé » (sic) qui a érigé la mal-gouvernance en « principe cardinal » (resic), on aurait donné le bon Dieu sans confession aux mutins qui apparaissaient en définitive comme d’honnêtes citoyens spoliés dans leurs droits et recourant aux seuls moyens dont ils disposent pour se faire entendre.

Sans verser dans ce langage outrancier à l’encontre d’un pouvoir qui n’est certes pas exempt de reproches mais sous la houlette duquel des avancées significatives ont été enregistrées sur tous les plans au Burkina, disons que les gouvernants avaient eux aussi pris la mesure des problèmes et s’attelaient à la réparer. On sait que le Président du Faso était lui-même en première ligne dans ce combat et un schéma global de résolution de tous les problèmes était en voie d’élaboration en rapport avec la hiérarchie. Dans cette occurrence on comprend difficilement la mutinerie de Bobo qui a d’ailleurs franchi un palier supplémentaire dans les exactions commises à l’encontre des paisibles populations civiles.

Qu’on en vienne à vouloir les mettre dans le même « panier » que ceux qui ont manifesté auparavant est très surprenant sauf à vouloir accréditer la thèse que certains analystes ont eux aussi des agendas cachés et n’ont que faire de la paix et de la cohésion sociale.

Les mutins de Bobo sont en fait de véritables hors-la-loi dont l’action ne peut être inscrite au nombre des mutineries passées. Il est en effet clairement établi que nombre d’entre eux sont venus d’autres garnisons (Ouagadougou, Kaya, Tenkodogo, …) ce qui laisse supposer une concertation à l’échelle nationale qui ne répond pas au mode opératoire observé jusque-là et qui consistait au niveau de chaque garnison de marquer sa solidarité avec les autres en manifestant à son tour. Du coup, on replonge dans les eaux troubles des non-dits et de la stratégie de pourrissement pour atteindre un summum devant permettre l’estocade finale. En effet, des informations tout à fait crédibles faisaient état de ce que l’étape de Bobo devait être la répétition générale avant le grand chambardement qui devait avoir lieu à Ouagadougou dans les jours suivants.

De toute évidence l’énormité des dégâts commis indiquait clairement que les mutins ne pouvaient pas admettre rentrer tout bonnement dans les rangs après leur forfait. Laissons là les spéculations ; d’autant plus que l’avenir nous en dira certainement davantage puisqu’un procès aura lieu. Il faut que ces mutins nous expliquent pourquoi tant de violences contre de paisibles populations ! Sur ce point nous ne ferons pas de concession tout comme nous n’en avons pas fait sur la qualification de ces mutineries. Il faut qu’ils nous disent pourquoi tant de violence ; le peuple a droit de connaître la vérité !

Dans tous les cas, entre « l’injustice » résultant du fait de ne pas pouvoir juger tous les mutins et le désordre voire l’anarchie que certains mutins voulaient instaurer à Bobo, nous préférons le premier cas de figure. Surtout que nous convenons tous que la barre du tolérable était franchie largement depuis belle lurette et qu’il fallait mettre un « holà » à la dérive. Que les uns et les autres nous épargnent donc leurs épanchements hypocrites d’autant que le peuple n’a que faire de ces considérations, trop content qu’il est d’être débarrassé de la férule de militaires qui ont fini de ternir la belle réputation de notre Armée.

Alpha YAYA
ilingani2000@yahoo.fr

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Vos commentaires

  • Le 9 juin 2011 à 01:25, par Beurk En réponse à : Entre l’injustice et le désordre…

    Si je vous comprends très bien,les autres mutins doivent rester dans l’armée du pays des hommes intègres mais j’ose espérer que la grande muette n’ira pas dans ce sens et en temps voulu,elle opèrera à froid un nettoyage sinon le problème demeure.Il serait vraiment indigne,lache voire suicidaire de maintenir des voyous criminels au sein de l’armée surtout qu’il semblerait qu’ils sont connus donc sûrement fichés sinon le ver restera toujours dans le fruit et connait la suite,son pourrissement.Nous on veut une paix durable et non une paix au jour le jour

  • Le 9 juin 2011 à 09:27 En réponse à : Entre l’injustice et le désordre…

    Et les militaires des autres localités qui ont fait autant d’actes répréhensibles : viols, vols, destruction de biens publics et privés, etc ? Eux ont les laisse tranquille ! Décidément, ce pays est en train de couler par son injustice. Par contre, quand il s’agit d’un simple petit voleur de moutons, lui, il écope de 6 mois ferme ! C’est cette injustice criante qui va finir de mettre le Burkina dans une crise profonde qui pourrait dégénérer si on n’y prend garde. Quand à prétendre rétablir l’ordre par l’injustice, c’est une véritable ineptie car on résoud le problème pour 2 jours et, après ce sera pire.

  • Le 9 juin 2011 à 09:44, par FilsDuBurkina En réponse à : Entre l’injustice et le désordre…

    Ta vision de la chose est nulle et cela me désole beaucoup, car même au cours des premières mutineries il y’a eu des viols et même sur des mineurs.
    Ils doivent tous recevoir la même sanction être radié de l’armée car ce ne sont ni plus ni moins que des voyous et non des militaires.

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