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Vandalisme des militaires à Bobo-Dioulasso : Le gouvernement présente sa compassion à toutes les victimes

Publié le mardi 7 juin 2011 à 02h32min

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Quatre membres du gouvernement sont venus hier à Bobo pour constater les dégats perpetrés suite aux actes de vandalisme des militaires du camp Ouezzin Coulibaly et apporter la compassion, la solidarité et la disponibilité du gouvernement aux victimes et à toute la population de Bobo-Dioulasso.

« Nous sommes venus présenter nos condoléances à toutes les victimes de la mutinerie des 1er et 2 juin qui malheureusement a coûté la vie à une fille de 14 ans, 6 militaires et plusieurs autres blessés. Nous présentons nos excuses pour le fait que cela ait été fait à Bobo. Mais, le gouvernement a fait tout pour l’éviter à travers des négociations. Il a rencontré toutes les couches sociales, de même que tous les corps militaires et paramilitaires. Il a promis répondre à toute leurs préoccupations, chose qui d’ailleurs était en cours et ces derniers se sont dits satisfaits. Outre cela, le chef d’Etat-major des armées, quelques membres du gouvernement ont eux aussi sillonné toutes les régions en vue de les rassurer des engagements pris par le chef de l’Etat.

Malgré cela, il y a eu des tirs à Kaya, à Tenkodogo, à Dédougou, à Pô, à Fada... Mais, ils n’ont pas terrorisé la population comme à Bobo. C’est pourquoi nous vous présentons toutes nos excuses ». C’est par ces mots que le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Jérôme Bougouma a situé le sens de la visite de la délégation gouvernementale dans la capitale économique du Burkina ce 6 juin 2011 chez le chef de canton. Bien entendu, des militaires ont tiré dans plusieurs garnisons, mais ils se sont limités là. Ils ne sont pas sortis comme ceux de Bobo-Dioulasso pour prendre la ville en otage, ni pour terroriser les populations. Le gouvernement qui n’avait plus une autre solution a signé une réquisition complémentaire spéciale conformément à la loi pour sécuriser les populations.

En effet, ce qu’il faut noter, selon le ministre Jérôme Bougouma, « ce n’est pas tous les militaires qui ont commis ces actes de pillages et de vols. C’est une minorité ». Aussi, a-t-il ajouté, « c’est toute l’armée burkinabè qui a participé à cette opération de « libération » seulement contre les mutins. En réponse, Sa majesté le chef de canton de Bobo, M’Pa Yacouba Sanou et toute la notabilité ont remercié le gouvernement pour cette solidarité, mais aussi pour les mesures de sécurisation de la population. Après avoir loué le travail des « commandos sauveurs », il a souhaité que « les sanctions continuent pour que de tels comportements ne se produisent plus dans notre pays ». Après ce passage chez le chef de canton, la délégation gouvernementale a fait escale chez le chef de Dagasso où elle a transmis le même message du chef de l’Etat et du gouvernement. Il en a été de même avec les religieux qu’ils ont rencontrés au gouvernorat.

Ceux-ci ont rassuré le gouvernement des efforts de prière afin que le Seigneur panse les plaies et apaise les cœurs. « Nous prions pour les victimes, pour les familles éplorées et pour l’ensemble de la population pour que Dieu nous maintienne dans les dispositions de dialogue, de concorde et de solidarité nationale », a laissé entendre l’archévèque de Bobo, Paul Ouédraogo.

La délégation chez les parents de Djénéba Sanou et à la RTB2
Les émissaires du gouvernement après la rencontre avec les religieux sont allés dans la famille éplorée de la défunte Djénéba Sanou, la fille qui a reçu une balle perdue lors des tirs des mutins. Ils ont présenté leurs condoléances aux parents de la défunte qui ont pour leur part remercié pour cette marque de solidarité. A la RTB2, la délégation a pu constater les dégâts causés par les mutins sur le matériel. Pour ce faire, ils ont encouragé la directrice Nathalie Somé et tout son personnel qui ont vécu cette triste situation. « Nous verrons comment renforcer la sécurité des locaux de la radio télévision de l’Ouest, parce que c’est très important », a promis Jérôme Bougouma, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité. Nathalie Somé a pour sa part remercié les autorités pour cette marque de solidarité.

Plus de 520 tonnes de riz parties en fumée

Outre les vols et pillages des biens privés et plubics, les mutins s’en sont pris au magasin de stockage des vivres destinés à leur propre consommation. Il y avait également des matériels pour la consommation courante, des tenues militaires pour des besoins spécifiques. Les mutins ont pillé leur cuisine et emporté même des marmites. Des fenêtres et des portes des logements en construction ont toutes été enlevées et emportées. Des magasins d’armes et d’habillements militaires ont été vandalisés. Au dire du commandant de la 2e région militaire, le colonel Léon Traoré, une grande partie de ces matériels n’est pas encore retrouvée. Ils sont à l’intérieur comme à l’extérieur du camp. Seulement quelques-uns ont été récuperés à Bobo-Dioulasso et ses environs. Pour cela, la solidarité et l’appui de la population sont sollicités afin que tous ces matériels rentrent. « Des quartiers seront fouillés avec rigueur, mais les populations ne doivent pas avoir peur », souligne le Général Gilbert Diendjéré. Après le camp Ouezzin, les émissaires ont visité les matériels récuperés, les armes de combat au camp Kuinima.

Des encouragements à l’hôpital Sanou Souro

Sur son lit d’hôpital les larmes aux yeux, une jeune fille qui a pris une balle au niveau de la vessie et du bras gauche a reçu la compassion des membres du gouvernement. Le vieux de 60 ans du nom de Ouédraogo Adama, gardien de la pharmacie Soulignè a lui aussi reçu la visite des ministres. En tout cas, la délégation a exprimé toute sa compassion et sa disponibilité à toutes les victimes internées à l’hôpital Sanou Souro.

Soyez rassurés, mais avec patience…

Cette série de visites s’est achevée avec les commerçants victimes du vandalisme des militaires. Réunis dans la salle de réunions du gouvernorat, les émissaires leur ont dit les mêmes mots de solidarité, de regret et de compassion avant de les rassuer du dédommagement. Mais il se fera en deux phases. Il y a les prêts pour ceux qui le désirent et le remboursement pour ceux qui en ont droit. Il faut cependant souligner que la procédure sera lente parce que explique Jérôme Bougouma, « c’est le même Budget qui est prévu pour payer les primes et indeminités qui va également compenser les dommages ». Raison pour laquelle, la délégation a demandé aux commerçants d’être patients.

Bassératou KINDO


L’intervention militaire et la joie des Bobolais

S’il y a quelque chose qu’il faut relever, c’est la joie avec laquelle les Bobolais dans leur grande majorité ont accueilli l’intervention militaire qui a permis de les libérer des mains des mutins. C’est ainsi qu’ils n’ont pas hésité, malgré le danger qu’ils pouvaient courir, de sortir le vendredi pendant l’opération, pour applaudir les vrais militaires. C’est le même comportement qu’ils adoptent à chaque passage de patrouilles militaires ou de gendarmerie. Actuellement, il semble que certains n’hésitent pas à escorter jusqu’à la gendarmerie ces patrouilles quand elles saisissent des biens volés dans les secteurs. Par ailleurs, il faut noter que c’est parce que la mutinerie commençait à faire trop de dégâts (pillage et vol de biens privés, blessés, morts, etc.) que les forces de défense et de sécurité sont intervenues, naturellement après la réquisition complémentaire spéciale du Premier ministre. Par exemple, la jeune fille décédée au secteur 6 l’a été par balle perdue des mutins. Quelqu’un a même dit pourquoi cette intervention militaire n’a pas eu lieu plutôt. C’est dire tout simplement qu’elle a été la bienvenue.


Un homme prévenu en vaut deux

Les Bobolais sont maintenant prévenus. Les forces de défense et de sécurité ne feront pas de cadeaux à tous ceux qui rachèteraient des biens volés ou pillés ou qui aideraient des mutins à se camoufler ou à dissiper ces biens-là. Ils sont déjà nombreux les receleurs et autres qui croupissent à la gendarmerie pour cela. C’est pourquoi, il est conseillé à tous ceux qui peuvent contribuer à dénoncer des mutins, à faire retrouver des armes ou des biens volés de le faire aux numéros verts (gratuits) que sont le 10 10 ou le 80 00 11 45. Pour l’instant, il semble que des secteurs ont été ciblés et feront l’objet de fouilles minutieuses, maison par maison. On ne vole pas, on ne pille pas et on ne gâte pas impunément le nom de l’armée.
Par ailleurs tous les sacs de riz volés sont impropres à la consommation et doivent être restitués. Certains ont été contaminés par les produits utilisés pour éteindre les flammes au camp militaire et d’autres sont des semences conditionnées par des produits toxiques. Il faut donc les ramener afin d’éviter aux populations des ennuis de santé.


Le gardien de Souligné est bien vivant

Le vieux Ouédraogo Adama, vigile à la pharmacie Soulignè est bel et bien vivant. Nous l’avons constaté hier lundi au Centre hospitalier universitaire Souro Sanou. Adama Ouédraogo est l’un des premiers blessés de la mutinerie. Gardien à la pharmacie Soulignè, il a pris une balle au niveau de la clavicule lorsque les mutins sont venus pour dévaliser ce commerce. La rumeur l’avait donné pour mort. Son état de santé est satisfaisant ; autrement il est hors de danger.


Le ministre Bougouma au maire de Bobo

« Ce qu’il vous faut faire, c’est de nettoyer rapidement les lieux et refaire la mairie pour lui donner une autre belle image. Le ministère va vous soutenir dans ce sens ». A dit le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Jérôme Bougouma au maire de la commune de Bobo après avoir visité les dégâts occasionnés par des commerçants sur le bâtiment de l’hôtel de ville et dans les bureaux. Le félicitant, le ministre a dit qu’il est au courant de tout le travail colossal effectué avant la mutinerie, pendant et après par tous les fils et filles de Bobo pour maintenir le calme. Malheureusement, les choses se sont passées autrement.


Le couvre-feu c’est de 21 heures à 5 heures du matin

Le couvre-feu a été ramené depuis hier de 21 heures à 5 heures du matin. C’est une décision du ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité après concertation avec les chefs militaires. Si cela a pu se faire, c’est grâce à l’évolution de la situation sur le terrain. C’est dire que les choses se déroulent bien sur le terrain. En d’autres termes, cela veut dire que la sécurité est en train de revenir dans la ville de Bobo-Dioulasso. Mais cela ne peut se faire qu’avec la complicité des populations qui sont appelées à collaborer sincèrement avec les forces de sécurité pour rendre la ville saine. Seulement, il faut encore le rappeler, le couvre-feu est fait pour nous sécuriser. C’est pourquoi, il est demandé aux populations de le respecter scrupuleusement.

L’Express du Faso

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