LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Fait de chez nous : Zonga, Zonga…Zowourona

Publié le vendredi 3 juin 2011 à 03h07min

PARTAGER :                          

Le doute n’avait plus droit de cité dans cette affaire de vol de mangues de Karim dit le « Vent ». Lui qui avait été traité de provocateur par les parents des enfants qui cueillaient nuitamment ses mangues, est très fier d’avoir levé le doute. Il attendait impatiemment que la même famille (celle des enfants) porte plainte contre lui, pour qu’il en profite demander justice à qui de droit. Très satisfait de son travail du jour, il est allé se faire servir en « tchapalo » (bière locale à base du sorgho) et est resté assis devant sa concession. Il y est resté presque toute la matinée sans que personne ne vienne lui demander une quelconque explication. Le « Vent » est le moins nanti des petits enfants d’un planteur. Tous de gros producteurs agricoles, les frères de Karim dit le « Vent » n’ont pas le temps de s’occuper du verger de leur grand père.

C’est ainsi que le « Vent » s’est trouvé seul à s’occuper des manguiers surtout pendant la période de la cueillette. La vente des mangues était donc une source de revenu sure pour lui. Malheureusement pour la présente campagne des mangues, les enfants d’une famille allogène cueillaient nuitamment les mangues pour les vendre dans les villages voisins. Ayant constaté le vol de ses mangues, le « Vent » a fait sa propre investigation et a suspecté une famille. Cette famille n’a pas reconnu les faits. Pourtant, elle était effectivement à l’origine du vol des mangues de Karim dit le « Vent ». Alors sans trop discuter, il a pris la décision de mettre la même famille devant les faits.

Contrairement aux autres jours où il partait dans le verger à l’aube, il est allé sur les lieux à la tombée de la nuit. Karim y est resté toute la nuit, sans voir ses voleurs venir. Malgré sa volonté, le sommeil a fini par avoir raison de lui. Karim n’aura pas le temps de bien se reposer, quand le bruit d’un groupe d’enfants l’a réveillé. Sans paniquer, il a pris position et est resté caché derrière un manguier. Les voleurs de Karim dès le seuil du verger, ont donné le signal pour se servir le maximum possible. Ce jour là, il avait beaucoup venté. Les mangues étaient donc suffisamment à terre. Dès les premiers manguiers les enfants ont donné ce signal « Zonga, Zonga… ». Pour dire de ramasser de ramasser. Karim est resté dans sa cachette. Il a été patient jusqu’à ce que les enfants arrivent à son niveau. Armé d’un lance-pierre, il vise un des enfants et paa…

A peine atteint par la pierre, l’enfant en question a crié fort pour signaler les autres. « Zowourona », (sauvez-vous, on lapide). Son signal a effectivement alerté le groupe et c’était le sauve qui peut. En lieu et place des mangues, les enfants sont rentrés en pleurs ce jour. Atteint à l’omoplate, l’enfant était obligé de se rendre au Centre de santé et de promotion sociale du village (CSPS). Très satisfait d’avoir pris la famille soupçonnée la main dans le sac, le « Vent », qui avait été traité de provocateur, se promène désormais de cabaret en cabaret pour raconter la scène à tout lemonde. Les parents des enfants en question qui avaient nié les faits, sont dans une impasse. Car ils ne peuvent pas se plaindre malgré le dénigrement dont ils sont victimes de la part du « Vent ». En se rendant soi-même justice, Karim prouve cette idée de Garabet Ibraileanu qui dit, « la justice peut marcher toute seule ; l’injustice a besoin de béquilles, d’arguments ».

Souro DAO / daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Ouagadougou : Des voleurs appréhendés au quartier Somgandé