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BITUMAGE DE LA ROUTE OUAHIGOUYA-FRONTIERE DU MALI : Une nouvelle bien accueillie par la population

Publié le mardi 31 mai 2011 à 01h46min

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La nouvelle du bitumage de la route Ouahigouya frontière du Mali, longue de 52 km, a été rendue publique le lundi 23 mai 2011 suite à une convention de prêt signée entre l’Etat burkinabè et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). Pour essayer de comprendre l’état d’esprit qui anime les usagers potentiels de cette voie, nous nous sommes rendus à Thiou le 24 mai 2011. Sur place, la nouvelle a été bien accueillie même si certains la trouvent tardive.

Mieux vaut tard que jamais ! Cette assertion s’applique aux usagers de l’axe Ouahigouya- Thiou-Frontière du Mali qui, après un demi siècle d’attente vont enfin bénéficier d’une route goudronnée. L’attente a été si longue que, peu de gens comme Oumar Belém, maire de Thiou n’y croyaient plus. Et pourtant, la convention de prêt signée le 23 mai 2011 entre le gouvernement du Burkina Faso et la BADEA officialise le bitumage prochain du tronçon en question. Cette grande route en terre battue qui permet d’accéder plus rapidement au Mali en passant par Thiou est par endroits, un chemin de croix à cause des secousses dues aux dos d’ânes, nids de poules et autres gendarmes couchés.

Pour la petite histoire, cette voie était anciennement appelée la Fédérale n°13 au temps colonial. A l’indépendance de la Haute-Volta le 5 août 1960, elle change d’appellation pour devenir route du poisson. L’actuelle dénomination est la Route nationale n°2. Sur la RN2, le goudron est inconnu. Poutant des gros camions comme des remorques, des 10 tonnes, des citernes, pour la plupart d’immatriculation malienne l’empruntent à longueur de journée. Filant à vive allure dans un tintamarre de klaxons, les chauffeurs ont 30 km de route non bitumée à parcourir entre Ouahigouya et Thiou. Là, l’escale est obligatoire pour des formalités douanières. Chauffeurs burkinabè et maliens s’y côtoient allègrement et discutent des sujets de tous genres.

Si ce n’est la cherté de la vie qui est évoquée, c’est la situation en Libye ou encore l’inculpation de Dominique Strauss-kahn qui domine les conversations. Les Maliens trouvent par exemple que le sac du riz est excessivement cher au Burkina. Soudain, le débat prend fin : le contrôle est terminé et les Maliens ont encore 22 km à avaler avant de traverser la frontière Burkina-Mali. Pendant ce temps, au poste de contrôle de la douane de Thiou, l’ambiance est cacophonique. Des vendeurs d’eau glacée par-ci, des vendeuses de mangues, de pomme de terre, de viande par-là. Chaque marchand ambulant tente tant bien que mal de convaincre le visiteur d’acheter sa marchandise. Qu’à cela ne tienne ! Ce qui frappe l’étranger qui arrive dans cette localité frontalière est le monde qui grouille dans la cour de la douane.

Une population enthousiaste

Et l’arrivée prochaine du goudron pourrait encore fructifier le trafic si on s’en tient aux propos de Tasséré Ouédraogo, habitant du village de Kalo. "C’est une nouvelle réjouissante qui nous donne beaucoup à espérer. Nous avons tant attendu le goudron depuis des années à tel point qu’on n’y croyait plus. Maintenant que, grâce au gouvernement, cette route sera goudronnée, nos va-et- vient entre Thiou et Ouahigouya seront plus fluides. Nous sommes très contents". Le même enthousiasme est partagé par Mady Zoromé : "Nous manquons de qualificatifs pour coller à notre joie. Nous dirons tout simplement merci aux autorités d’avoir finalement pensé à nous.

C’est une énorme opportunité pour nous qui sommes commerçants. La ville de Thiou, du fait du manque de voie digne de ce nom ne ressemble pas à une localité frontalière. Certes, le nombre de véhicules sur cette voie est élevé, mais la souffrance des usagers est grande. A titre d’exemple, les véhicules de transport qui font la navette entre Thiou et Ouahigouya s’usent vite". Madame Ourétou Diallo, membre du bureau communal de Thiou, pense que l’arrivée du bitume dans sa commune va générer beaucoup de profits pour les Thioulais et surtout pour les Thioulaises. "Je pense que c’est une satisfaction partagée des habitants de Thiou. Je pense notamment aux femmes qui vont avoir beaucoup d’activités à mener grâce au trafic routier qui va s’accroître.

Les commerçants vont se frotter les mains ; la commune toute entière n’aura que des retombées positives. A vrai dire, l’état actuel de la route freine l’affluence du trafic", confie-t-elle. Si l’on constate une certaine loquacité chez les habitants ordinaires, les douaniers, eux, sont très peu bavards. Des enregistrements et des photos, ceux que nous avons approchés n’en veulent pas. Poutant, ils acceptent parler en off. Pour Issaka Simporé, chef de poste, le Mali partage une longue frontière avec le Burkina. La jonction Mopti- Ouahigouya est la plus courte en terme de distance. Mais paradoxalement certains transporteurs préfèrent transiter par Bobo-Faramana pour aller à Lomé. Le patron des douaniers de Thiou tout en saluant cette décision, pense qu’elle va intensifier le flux des trafics et générer beaucoup de recettes pour l’Etat.

A 45 km de Thiou se trouve la commune rurale de Kain, située à 5 km de la frontière malienne. Les habitants de cette localité, en apprenant la bonne nouvelle, ont manifesté leur soulagement. Pour Moussa Guindo, orpailleur, cela va permettre l’intensification des activités d’orpaillage. En revanche, Nafissatou Warmé, commerçante redoute une montée en puissance du banditisme. Quant à Dramane Bello, Burkinabè résidant à Koro au Mali, il pense que les jeunes désoeuvrés en profiteront pour avoir du travail quand le chantier va démarrer.

Omar Belem, maire de la commune de Thiou, nous a fait part du scepticisme qui l’a longtemps habité. "Cette route a été construite et rechargée en 1998. Dès lors, nous avons eu l’impression qu’elle allait être bitumée immédiatement. A notre grande surprise, l’entreprise Oumarou Kanazoé a plié bagages après le rechargement. Je sais que pas plus tard que le 22 mai dernier, lorsque nous avons rencontré la délégation du gouvernement, j’étais en train de m’inquiéter encore par rapport à cette route. J’étais à la limite sceptique. Parmi toutes les routes nationales qui quittent Ouagadougou pour rejoindre les frontières, la nôtre est la seule à n’avoir pas été bitumée. J’ai cru entendre dans les coulisses que la construction de cette route devait coûter 17 milliards de F CFA alors que l’accord conclu porte sur une somme de 4 milliards 77 millions de F CFA. C’est donc vous dire qu’il y a encore des financements à rechercher.

Mais nous sommes satisfaits de pouvoir enfin assister au bitumage de cette route", a-t-il confié. Selon des informations recueillies sur place, le Mali est en pleins travaux de bitumage de son tronçon. Les travaux se trouveraient même au niveau de la localité malienne de Bagasse, non loin de la frontière burkinabè. Si l’enthousiasme qui anime la population et les usagers est sincère, on peut dire que c’est un soulagement pour la région du Nord.

Hamed NABALMA

Le Pays

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