LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Visite d’infrastructures routières par le Premier ministre : De gros retards dans l’exécution des travaux

Publié le lundi 30 mai 2011 à 00h57min

PARTAGER :                          

Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, est allé, le vendredi 27 mai 2011, prendre la mesure de l’’avancement des travaux de renforcement de la RN1 entre Ouagadougou et Sakoinsé et ceux de la route Yéguéresso-Diébougou (RN22). Dans l’ensemble, le bilan est mitigé, car ces chantiers enregistrent d’importants mois de retard et le chef du gouvernement a exigé des entreprises, un délai raisonnable pour la fin des travaux.

Tôt dans la matinée de ce vendredi 27 mai 2011, c’est par le chantier des travaux de renforcement de la route nationale n°1 entre Ouagadougou et Sakoinsé que le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a débuté ses visites de quelques infrastructures routières en construction au Burkina Faso. Long de 56 km, les travaux consistent, entre autres, à l’élargissement de la plateforme, à renforcer la chaussée, à élargir les ouvrages hydrauliques, à aménager deux carrefours, afin que cet axe principal routier du Burkina Faso puisse supporter le trafic actuel. Le coût global du projet est de près de 27 milliards de FCFA.

La situation des travaux, réalisés par le groupe Fadoul Technibois et COGEB International , se présente comme suit : couche de base des accotements exécutée sur 40 km, 5km de béton bitumineux recyclés, 5 km de grave non traités, 2,3 km de grave bitume et 9 ouvrages d’art en cours d’exécution. En somme, une année après le début des travaux (le chantier a débuté le 10 mai 2010), le taux d’exécution est de 16% pour un délai consommé de 56%. « C’est un pourcentage un peu ingrat. Le plus gros du travail, à savoir l’élargissement, le terrassement, les voies de déviation, est terminé. Mais cela ne représente pas beaucoup, en termes de chiffres », a précisé le PDG du Groupe Fadoul Technibois, Georges Fadoul, indiquant dans la foulée que le travail qui reste à faire (le bitumage) prend moins de temps mais coûte trois fois plus cher. Le délai d’exécution des travaux étant de 18 mois (hors saison des pluies), il est clair que le chantier enregistre un retard.

Pour le ministre des Infrastructures et du désenclavement, Jean Bertin Ouédraogo, un retard a déjà été observé pour le démarrage du projet. Car il était nécessaire selon lui, que l’administration chargée du contrôle et l’entreprise s’accorde sur la structure de la chaussée. « Les travaux ont commencé en mai 2010, c’est-à-dire juste avant le début de la saison des pluies. Il fallait aussitôt arrêter le chantier. Or, la dernière saison pluvieuse s’est achevée en octobre au lieu de septembre comme d’habitude », a ajouté Georges Fadoul. La chaussée étant en bitume, selon lui, l’approvisionnement en cette matière était impossible pendant la crise ivoirienne. Qu’à cela ne tienne, le Premier ministre, Luc adolphe Tiao, a été quand même satisfait de la qualité du travail abattu sur cet axe : « Les travaux que nous avons vus nous semblent fiables.

La structure de la chaussée a été vraiment renforcée. Elle est d’une épaisseur de 35 à 40 cm. C’est extraordinaire ». Le chef du gouvernement s’est en outre, réjoui des initiatives prises par le groupement Fadoul Technibois et COGEB International pour améliorer le projet. Par exemple, la zone de Tintilou, à quelques km de la commune rurale de Kokologho, fait actuellement l’objet d’un traitement spécial. Sur cet endroit marécageux où le bitume n’a jamais tenu, des engins s’activent à le débarrasser de l’argile, afin d’avoir une chaussée beaucoup plus stable. D’autres améliorations techniques comme l’augmentation de la largeur d’accotement de 1 à 1,5 m, l’augmentation des ouvrages hydrauliques qui passent de 14 à 49, l’aménagement d’un carrefour giratoire au croisement de la RN1 avec la RN4 à Sakoinsé, ont été aussi initiées par l’entreprise. « Dans l’ensemble, les travaux sont satisfaisants.

Mais, j’ai beaucoup insisté pour qu’un effort soit fait pour rattraper le retard accumulé. L’entreprise a promis que ce tronçon sera achevé d’ici à 2012. Et je tiens au respect de ce délai », a indiqué le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao. Pour l’entreprise, des mesures ont déjà été prises pour rattraper le retard et l’accalmie de la crise en Côte d’Ivoire fera avancer le chantier. Un 2e poste de travail s’ouvrira à partir de Sakoinsé. « Avec ces deux équipes, logiquement on doit pouvoir rattraper le délai contractuel du projet dont l’achèvement est prévu pour avril-mai 2012 », a déclaré le ministre des Infrastructures et du désenclavement, Jean Bertin Ouédraogo.

Un pont à problèmes

Après la visite des travaux sur l’axe Ouagadougou-Sakoinsé, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a mis le cap sur Diébougou, dans la région du Sud-Ouest. Dans l’après-midi, il était sur le chantier de construction et de bitumage de la route Yuéguéresso-Diébougou, long de 118,573 km. L’on se souvient que ce tronçon qui va de Yuéguéresso (à la sortie de Bobo-Dioulasso sur l’axe Ouagadougou-Bobo-Dioulasso) et qui se termine à Diébougou, a été inauguré le 31 juillet 2007 par le prédécesseur de Luc Adolphe Tiao, Tertius Zongo. D’un coût de près de 30 milliards de FCFA, les travaux devraient s’exécuter en 24 mois. Environ quatre ans après le début des travaux, le taux d’exécution est de 87%. Le bitumage de la chaussée est achevée mais le projet achoppe, entre autres, sur la construction d’un ouvrage d’art sur le tronçon : la construction d’un pont de deux travées de 23 m chacune sur le fleuve de la Bougouriba. Pour l’entreprise (Oumarou Kanazoé/Kara), compte tenu des modifications survenues au cours du projet, le délai contractuel initial des travaux a connu une prolongation de 10 mois.

Et selon la structure chargée du contrôle, les nouveaux délais ont été ramenés au 31 mars 2011. De nos jours, l’entreprise et la mission de contrôle travaillent hors délai. En plus, c’est un chantier du pont de la Bougouriba presque à l’arrêt que le Premier ministre a trouvé sur place. L’atmosphère était loin d’être détendue. Les esprits se chauffent. Le coordonnateur du chantier, Harouna Kanazoé parvient difficilement à convaincre autorités et bailleurs de fonds. « Je ne suis pas content, je suis même furieux. Pour un marché qui aurait dû être exécuté en 24 mois, nous sommes à plus d’un an voire 2 ans bientôt de retard », relève Luc Adolphe Tiao.

Le chef du gouvernement a souligné que le chantier a pris trop de retard, notamment sur les questions d’avenants car l’entreprise ne s’entendait pas à ce sujet avec les bailleurs de fonds. « Naturellement, si vous faites des avenants qui n’étaient pas prévus et que les montants sont excessifs, il y aura problèmes. Il y a eu 10 mois d’échange avec les partenaires et jusqu’aujourd’hui, il n’y a pas eu de terrain d’entente », a-t-il affirmé. A quand la fin de la construction du pont de la Bougouriba ? L’entreprise interpellée, tente d’expliquer que techniquement elle est limitée pour le moment. « Il y a un pieu défaillant que nous devons renforcer. Or, nous sommes limité sur le plan matériel. Nous attendons l’aide d’une société travaillant sur l’axe Koudougou-Dédougou », a assuré Harouna Kanazoé. Mais, le Premier ministre revient encore à la charge, pour que l’entreprise donne une date précise. Incapable de la donner faire, bailleurs de fonds et autorités imposent un « dead line » , septembre 2011. « C’est ce genre de chantier qu’on peut citer comme un exemple de projet mal exécuté.

Il fait perdre de l’argent à l’Etat et décrédibilise la société. Je les ai conviés lundi à avoir une réunion avec le ministère des Infrastructures pour qu’ils nous donnent une proposition ferme. Nous allons leur imposer un délai et s’ils ne le respectent pas, nous les disqualifierons », a martelé Luc Adolphe Tiao. Avant d’ajouter : « C’est un projet qui ne nous rend pas fier. L’entreprise Oumarou Kanazoé a réalisé de nombreux ouvrages bien faits au Burkina Faso. J’ai visité à Ouagadougou le tronçon qui va de l’échangeur de l’Est à la route de Fada. C’est bien fait. Mais, je ne sais pas ce qui s’est passé sur ce projet Yéguéresso-Diébougou ». Ce sont des situations à éviter, a-t-il indiqué, pour que l’entreprise ne perde pas la confiance des bailleurs de fonds et de l’Etat.

Sié Simplice HIEN

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos réactions (12)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique