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APAISEMENT DU CLIMAT SOCIAL : Une délégation gouvernementale à bâtons rompus avec les forces vives de la Boucle du Mouhoun

Publié le mardi 24 mai 2011 à 02h07min

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Dans la dynamique du renforcement du processus de paix au Burkina, une équipe gouvernementale a séjourné à Dédougou le 21 mai 2011. Elle était composée de Arsène Bognessan Yé, ministre d’Etat chargé des relations avec le parlement et des réformes politiques ; de Toussaint Abel Coulibaly, ministre délégué chargé des collectivités territoriales et de Baba Diémé, secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres. Ces émissaires ont échangé à bâtons rompus et recueilli les préoccupations de l’ensemble des forces vives de la région de la Boucle du Mouhoun en vue de la consolidation du climat social.

La minute de silence observée à la mémoire de toutes les victimes depuis le déclenchement de la crise sociale a planté le décor des échanges avec cette équipe gouvernementale. Après avoir présenté les regrets du gouvernement pour les désagréments subis par les populations suite aux évènements liés à la crise, le chef de la mission, le docteur Bognessan Arsène Yé a expliqué aux forces vives de la région de la Boucle du Mouhoun les mesures d’urgence prises par le gouvernement. De même, le point de l’évolution des dossiers sensibles et pendants liés à la crise à savoir l’affaire Justin Zongo, du nom de l’élève mort dans des circonstances non encore élucidées à Koudougou, la mutinerie des militaires et de la CRS, les manifestations de colère des commerçants et des syndicats.

Tout en reconnaissant que la crise que vit le Burkina depuis le 22 février 2011 a des racines profondes, le ministre Yé a expliqué que la mission gouvernementale avait pour objectif d’échanger avec l’ensemble des forces vives de la région de la Boucle du Mouhoun sur les questions prioritaires et de recueillir les suggestions et propositions d’apaisement du climat social.

Polémique autour du prix du riz

La plupart des intervenants, sur un ton, tantôt modéré, tantôt agressif, se sont offusqués de l’abandon de la région de la Boucle du Mouhoun. A leur avis, le paradoxe est que la région qui est le grenier du Burkina se trouve être classée avant- dernière des régions les plus pauvres du pays. L’autre point d’achoppement a été les mesures prises par le gouvernement de Luc Adolphe Tiao pour la baisse des prix des produits de première nécessité. Le prix du sac de riz, qui est fixé à 16 000 F CFA, est pour le moment applicable à Ouaga et Bobo. Cela ne plaît pas aux Mouhounois qui l’ont fait savoir à la délégation par le biais d’un intervenant. "Comme si le Burkina se limitait à ces deux villes. La mesure devrait être applicable dans toutes les localités du Burkina à la même période et le prix ne doit pas subir de variation en fonction d’une localité à une autre au motif qu’il faut ajouter le prix du transport".

Un autre intervenant a soutenu que le diagnostic de la crise est posé et les populations attendent des réponses satisfaisantes à leurs préoccupations. Aussi, a-t-il émis le souhait de voir mettre en place une structure chargée de la gestion et de la résolution des problèmes des scolaires de Dédougou qui ont observé beaucoup plus d’arrêts de cours que leurs camarades des autres localités. Ces derniers, qui ont souhaité qu’on privilégie le dialogue entre eux et les différents responsables pour plus de justice, ont formulé des doléances. Elles ont trait à l’amélioration des conditions d’étude qui se résument à la dotation de manuels scolaires ; la construction de laboratoires pour l’ensemble des établissements, la dotation d’une grande bibliothèque régionale, de lycées techniques publics, etc.

A ces questions prioritaires, s’ajoute le plaidoyer des personnes vivants avec le VIH qui s’offusquent de la rupture de réactifs pour les examens biologiques de même que l’éloignement des laboratoires d’analyses médicales.

Des échanges francs

La délégation gouvernementale s’est réjouit de la franchise des échanges de même que le climat convivial dans lequel s’est déroulé la rencontre. Elle a promis de rendre compte fidèlement à qui de droit de toutes ces préoccupations. Cependant, le chef de mission a laissé entendre que tous les problèmes posés ne peuvent pas trouver leurs solutions dans l’immédiat. Mais, il y a ce qu’on peut résoudre dans l’immédiat, a-t-il tout de même laissé entendre. Les représentants des administrations déconcentrées et décentralisées ont également été sollicités pour prendre langue avec toutes les couches sociales de leur localité afin de prôner la paix et la cohésion. Les visites de courtoisie chez les autorités coutumières et religieuses ont également permis à la délégation gouvernementale de prôner la paix et la cohésion.

De chez le chef de canton à l’évêché en passant par les communautés protestante et musulmane, les visites avaient toutes un dénominateur commun : la paix. C’est pourquoi les personnes morales visitées ont apprécié positivement la démarche du gouvernement et ont prié pour la paix et fait des bénédictions pour l’ensemble du pays. L’évêque de Dédougou s’est dit véritablement préoccupé. Pour Monseigneur Judes Bicaba, il faudra vite restaurer l’autorité de l’Etat. Tout en appréciant la démarche du gouvernement, l’homme d’église pense qu’elle peut être une des solutions de sortie de crise. Cependant, il relativise : "cela dépend de ce que l’on en fait.

Tout dépend du traitement qui sera réservé aux informations recueillies. Si les informations recueillies sont mises dans le tiroir, cela ne servira à rien. Maintenant, si raisonnablement on s’asseoit et on les examine minutieusement, quelque chose peut être visible et cela contribuera à apaiser".

Serge COULIBALY

Le Pays

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