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Investiture de Alassane Dramane Ouattara : La Côte d’Ivoire se réconcilie et se rassemble

Publié le lundi 23 mai 2011 à 02h50min

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Alassane Dramane Ouattara (ADO) est désormais le Président de la Côte d’Ivoire. La cérémonie d’investiture du 4e président ivoirien a eu lieu, le samedi 21mai 2011, à Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire devant de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement dont le Président du Faso, Blaise Compaoré. Le nouveau Chef d’Etat ivoirien appelle ses concitoyens à la réconciliation et au rassemblement.

Ils étaient des milliers, les Ivoiriens venus des différentes régions de la Côte d’Ivoire pour assister à l’investiture de Alassane Dramane Ouattara, le nouveau Président ivoirien. A leur côté, une vingtaine de chefs d’Etat parmi lesquels, les présidents français Nicolas Sarkozy, burkinabè Blaise Compaoré, facilitateur dans la résolution de la crise ivoirienne et de nombreuses délégations étrangères.

Après la pose du drapeau orange-blanc-vert devant le nouveau président ivoirien par les enfants de troupe de l’Ecole militaire préparatoire technique de Bingerville, Alassane Dramane Ouattara a ensuite reçu la bénédiction de la chefferie traditionnelle de Yamoussoukro. A la suite des gardiens de la tradition, c’est le bourgmestre de la cité des Lacs aux caïmans, Jean Gnrangbé Kouadio Kouacou qui s’est réjoui de l’honneur fait à sa ville. S’adressant à l’homme qui prend désormais les rênes du pouvoir de la Côte d’Ivoire, le maire de Yamoussoukro lui a affirmé sa confiance. « Alassane Dramane Ouattara, vous êtes un homme de parole, un homme de confiance. Toute la Côte d’Ivoire vous donne sa confiance », a-t-il déclaré. Pour lui, en choisissant Yamoussoukro pour cette cérémonie d’investiture, « c’est un hommage que Alassane Dramane Ouattara rend à Houphouët Boigny, son père ».

Sous le coup de 12h51, Henriette Diabaté, la nouvelle Grande chancelière de l’Ordre national de Côte d’Ivoire a porté le collier de Grand maître de l’Ordre national au cou du Président Ouattara sous un tonnerre d’applaudissements. Elle a exprimé sa gratitude à Alassane Ouattara pour l’honneur fait aux femmes de Côte d’Ivoire en la portant à la tête de la Grande chancellerie. Henriette Diagri Diabaté lui a adressé ses félicitations et encouragements pour la réussite de ses nouvelles missions. Aussitôt le collier porté, des coups de canons ont retenti en l’honneur du nouveau Chef d’Etat

Investi des pleins pouvoirs, le Président ADO s’adresse enfin à son tour à la nation ivoirienne après avoir fait observé une minute de silence « en mémoire de tous les martyrs tombés dans la quête de la vérité et de la démocratie ». « Ce jour est pour nous, peuple de Côte d’Ivoire, un moment historique. Oui, ce jour est pour tous les Ivoiriens, le début d’une ère qui marque notre volonté commune d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays », estime le président Ouattara. Pour lui, la crise postélectorale est derrière les Ivoiriens. « Elle s’est achevée par la victoire de la démocratie, c’est-à-dire le respect de la volonté du peuple ivoirien. C’est un succès pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique tout entière », affirme-t-il. Et cette cérémonie marque « le retour de la Côte d’Ivoire sur la scène africaine et internationale », dit-il.

Alassane Ouattara a exprimé son « infinie gratitude au peuple ivoirien qui l’a choisi pour présider à sa destinée ». « Cette investiture est votre victoire ; la victoire du peuple souverain », avoue-t-il. Il a rendu un hommage solennel à ses illustres prédécesseurs. Il s’agit de Félix Houphouët Boigny, affectueusement appelé « le père » pour qui « la paix n’est pas une contingence mais une stratégie de développement », Henri Konan Bédié, « l’aîné, le grand frère ». Mais pas un seul mot à l’endroit de Laurent Gbagbo, actuellement en détention dans le nord du pays. ADO n’oublie pas aussi ses amis et tous ceux qui l’ont soutenu « dans les bons et comme dans les mauvais moments ». Il a réitéré sa reconnaissance au monde entier, à ses pairs qui se sont donné les moyens pour rétablir la paix en Côte d’Ivoire. « La Côte d’Ivoire n’oubliera jamais ceux qui nous ont soutenus durant ces moments difficiles ».

ADO a particulièrement témoigné sa gratitude à Nicolas Sarkozy de la France, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Goodluck Jonathan du Nigeria, Abdoulaye Wade du Sénégal. Des personnalités ayant contribué à l’aboutissement du processus électoral et qui ont été vivement applaudies par l’immense foule massée autour de la Fondation suivant la cérémonie sur des écrans géants. Le rôle du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon n’a pas été occulté. Une autre personnalité absente physiquement mais chaleureusement remerciée par les Ivoiriens et leur nouveau chef d’Etat, le président américain Barack Obama.

Alassane Ouattara avoue n’avoir jamais douté un seul instant que son pays la Côte d’Ivoire sortirait de sa situation de crise. Car pour lui, « chaque situation a sa solution ».

Réconciliation et rassemblement

Parlant de l’avenir, il a souligné que le temps est venu de consolider les piliers de la République de Côte d’Ivoire, de réconcilier les Ivoiriens, de les rassembler. « Chers frères, chères sœurs, célébrons la paix ; la paix sans laquelle aucun développement n’est possible. Mettons en pratique la devise de notre pays. L’Union qui sera le creuset de notre réussite, la Discipline qui nous fera grandir dans le respect des règles établies par la République ; le Travail qui va nous libérer de la dépendance et nous apportera le réconfort moral et matériel », s’est-il adressé aux Ivoiriens.

Il a appelé au rassemblement, à la réconciliation et à l’espérance pour tous ceux qui vivent sur le sol ivoirien. ADO promet en outre d’œuvrer à la réunification de l’armée ivoirienne. « Oui, chers frères militaires, vous devez redevenir des frères. Vous ne devez plus vous combattre », s’est-il exprimé à l’adresse des hommes en armes. Un nouveau programme d’instruction civique verra le jour dans les écoles afin d’inculquer aux jeunes tous les principes fondamentaux de la vie en société. Il annonce également son engagement à bâtir « une nation plus juste, plus équitable, dotée d’institutions fortes et indépendantes ». « Rassembler c’est aussi le rôle de chaque Ivoirien, de chaque Ivoirienne. Que chacun fasse l’effort d’aller vers l’autre, de lui accorder sa confiance et son pardon. Que chacun s’attache à recréer les conditions d’une paix durable », lance-t-il à ses compatriotes.

ADO réaffirme son engagement à être le garant d’une Côte d’Ivoire laïque, telle que consacrée par la Constitution ivoirienne. Il a renouvelé son serment d’être « le président de tous les Ivoiriens, le protecteur des plus faible et le défenseur de tous ses concitoyens sans exclusive ». « Célébrons à travers la cérémonie d’aujourd’hui, non pas la victoire d’un camp sur un autre, non, mais la fraternité retrouvée et l’amorce d’un nouveau départ. Allons résolument vers la réconciliation, la réconciliation nationale. Réapprenons à vivre ensemble », dit-il.

ADO invite alors ses compatriotes à faire le deuil de leurs rancœurs, à panser les plaies et à expier les fautes individuelles et collectives. « De cette catharsis nationale doit émerger un Ivoirien nouveau, résolument engagé à servir la Côte d’Ivoire avec amour et désintéressement », pense-t-il.

Evoquant le programme pour lequel il a été élu, il promet de consacrer toute son énergie à la construction et à la reconstruction. Le président ivoirien promet de prêter une attention particulière aux plus démunis, d’apporter un appui aux entreprises pourvoyeuses d’emplois durement touchées par la crise. Il s’engage à donner espoir à « la jeunesse égarée » qui souffre de chômage, en assurant son éducation, sa formation et en créant des emplois. Il le fera en procédant à des réformes économiques indispensables en vue de relancer les activités économiques et favoriser la croissance. Priorité sera aussi donnée aux femmes et ADO jure de rehausser leur rôle dans l’équilibre de la société ivoirienne. Il n’oublie pas les paysans qui font la richesse de Côte d’Ivoire. Il s’engage à la réorganisation de la filière agricole afin de permettre « une juste rémunération du travail des paysans ». Alassane Ouattara s’engage aussi à assurer les soins essentiels de base à tous les Ivoiriens sur toute l’étendue du territoire. Cela en renforçant les infrastructures sanitaires.

Il annonce dans les prochains jours la formation d’un gouvernement d’union regroupant toutes les principales forces politiques de Côte d’Ivoire et la société civile. Ce gouvernement sera constitué d’ « hommes et de femmes ayant un sens élevé de l’intérêt général, selon des critères de compétence, de mérite et de probité ». « Une tâche immense attend cette équipe. Et j’exigerai de ses membres, la discipline et l’exemplarité afin de restaurer la confiance entre le peuple et ses dirigeants ». Il indique enfin que des élections législatives seront organisées avant la fin de l’année 2011. Sans demander à ses compatriotes durement éprouvés par la crise d’oublier, ADO les invite néanmoins à sécher leurs larmes et à se remettre résolument au travail.

Outre les présidents français et burkinabè, Goodluck Jonathan du Nigeria, Abdoulaye Wade du Sénégal, Amadou Toumani Touré du Mali, Boni Yayi du Bénin, Paul Biya du Cameroun, Denis Sassou N’Guesso du Congo, Téodoro Obiang NGuema de la Guinée Equatoriale, Ellen Johnson Sirleaf du Libéria, Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, John Atta-Mills du Ghana, Faure Gnassingbé du Togo, Ali Bongo Ondimba du Gabon, Alpha Condé de la Guinée, Mahamadou Issoufou du Niger, Idriss Déby Itno du Tchad, Ian Khama du Botswana, Malam Bacaï Sanha de la Guinée-Bissau ont pris part à cette investiture. L’Afrique du Sud a, quant à elle, été représentée par son vice-président Ngalema Motlante. D’autres invités de marque dont le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, le Directeur général de la Banque mondiale Robert Zoellick y étaient.

Enok KINDO, envoyé spécial à Yamoussoukro

Sidwaya

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