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FOOTBALL BURKINABE : Demba Fofana déplore un complexe d’infériorité des clubs

Publié le mercredi 18 mai 2011 à 02h20min

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Une fois de plus, Demba Fofana, ancien dirigeant sportif bien connu, a décidé de prendre sa plume pour se prononcer sur le football burkinabè. Dans l’écrit qu’il nous a fait parvenir, il s’est intéréssé à "l’éternel complexe d’infériorité de nos clubs en compétitions africaines".

A mon corps défendant, j’interviens encore sur un aspect de notre football qui est l’éternel complexe d’infériorité de nos clubs en compétitions africaines. Concernant les Etalons séniors, le fait d’évoluer majoritairement à l’extérieur rend leur comportement relativement différent. En effet, il est révoltant d’entendre certains responsables déclarer après une défaite : "… c’est la haute compétition ; l’apprentissage continue… nous allons nous remettre au travail …" ou "nous sommes une jeune nation de football…" Patati … Patata … Confère déclarations à l’issue du match aller des deux dernières confrontations en aller-retour entre l’ASFA-Y et l’Entente sportive de SETIF d’Algérie à l’occasion de la 15e Ligue africaine des champions soldées par 0-2 en Algérie et 3-4 à Ouagadougou le 3 avril 2011.

A la radio, un responsable de l’ASFA-Y avait dit que 2 à 0 contre un club maghrébin, surtout à l’extérieur et dans le froid (6 degrés) ce n’était pas un si mauvais résultat … Le club de SETIF bien que détenteur de la coupe nationale d’Algérie, saison 2009-2010 et demi- finaliste de la même coupe cette saison, depuis le 9 avril 2011 (il fut éliminé le 19 avril 2011) n’est ni le T.P Mazembé de la RDC champion en titre du Congo de la Ligue africaine des champions (2009-2010) et vice- champion du monde des clubs (2009-2010), une première pour un club africain, ni le FC Barcelone… L’USFA fut aussi éliminée le 8 mai 2011 en coupe CAF en match retour contre le Sunshine Stars, club très moyen du Nigéria malgré sa victoire de 1 à 0 pour avoir perdu 2 à 0 à l’aller. La réaction des responsables de l’USFA m’a paru plus réaliste.

En effet, j’ai entendu du ministre Yacouba Ouédraogo, de l’entraineur et même d’un joueur ceci : les enfants ont mouillé le maillot, ils se sont battus, ils n’ont pas été réalistes pour transformer en buts les occasions… Ils n’ont pas eu de chance… Seulement je ne suis pas d’accord avec l’argument de la pluie, du terrain mouillé, du vent, etc., car jouer à domicile est à lui seul un avantage nom inégalable ; et puis nos adversaires n’ont-ils pas joué aussi sous la pluie ? L’ASFA-Y créée par l’abbé Ambroise Ouédraogo sous l’appellation Charles Lwanga, devenu Jeanne D’Arc de Ouaga (JAO) existe quand même depuis 1947, soit avant l’ASFB (1948), le RCB (1949), l’EFO (1955), l’USO (1961), le 1er bataillon de Haute-Volta actuel USFA (1962), le Stade du Yatenga (1962), le RCK (ex-ASRAN : 1967). Le Santos FC (1977), l’AS SONABEL (1990) et seul Bobo Sport créé aussi en 1947 a le même âge que l’ASFA-Y, soit 64 ans.

De grâce, notre football n’a simplement pas su mûrir, même si beaucoup de progrès ont été réalisés dans son organisation générale. Que de propositions et conclusions pertinentes issues des nombreux états généraux, séminaires et autres journées de réflexion sous les différents ministres des Sports et présidents des Fédérations, hélas ! Oubliées dans les tiroirs mais toujours d’actualité ! Sont de ceux-là les états généraux organisés par Souley Mohamed les 21, 22, 23 et 24 janvier 1993 à Ouagadougou, quelques mois après son élection à la tête de la Fédération le 10 octobre 1992. Tous les acteurs du football burkinabè venus de l’ensemble du pays (dirigeants, techniciens, arbitres, joueurs, supporters …) y avaient pris part autour du thème "Pour une relance du football du Burkina Faso".

J’y avais présidé la commission basée au CBC sur le sous-thème "Organisation des compétitions nationales et internationales". Très sincèrement, les raisons de nos piètres prestations sont à chercher ailleurs (confère articles antérieurs). Né en Angleterre en 1855, cette discipline pénètre en France en 1872 et c’est en 1921 que la première équipe de football de l’AOF (Afrique occidentale française) fut créée à Dakar au Sénégal sous l’appellation de l’USTD (Union sportive des tireurs de Dakar) et c’est à la fin des années 1920 que les prémices de la pratique du football sont découvertes par la colonie de Haute-Volta à travers Bobo-Dioulasso, devenue ville pionnière, mais les premières équipes organisées n’ont vu le jour qu’à la fin des années 1940.

Par conséquent, notre niveau actuel est plutôt la résultante de nos propres turpitudes et inconséquences. Bobo devrait conserver son statut de ville formatrice, mais que sont devenues l’ASFB, l’USFRAN, lesquelles, avec le RCB formaient les équipes phares de cette ville et jouaient les premiers rôles au championnat national et dans les coupes ? Désormais, Bobo joue et jouera de plus en plus les seconds rôles sans ambition, en cherchant simplement à se maintenir en 1re division, où à jouer par moments un quart de finale, une demi-finale ou une finale de la Coupe du Faso. Et dire qu’à nos débuts comme dirigeants dans ce football au milieu des années 1970, nous pensions construire des grands clubs à l’image du HAFIA de Conakry, de l’ASEC d’Abidjan, de Kotoko du Ghana, etc.

Mais de nos jours, seules l’ASFA-Y et l’EFO pourraient avec leurs supposés grands moyens humains et financiers bien vendre l’image du Burkina en Afrique et hors de l’Afrique si et seulement si… Aujourd’hui, il y a à Bobo : le RCB, Bobo Sport et, l’AS Maya en 1re division, classés après les grands clubs de Ouagadougou. Pour ce championnat au niveau très moyen, le 1er club de Bobo demeure le RCB qui se bat pour être parmi les 5 ou 6 premiers. Parler d’apprentissage et de jeunesse de l’ASFA-Y en compétitions africaines, c’est méconnaitre ou oublier par exemple l’honorable parcours de ce club en coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe saison 90/91 grâce à un effectif homogène et cohérent renforcé par de jeunes joueurs talentueux venus de Bobo : Gnimassou, Mohamed Diallo Vieux, Mamadou Traoré le Rouquin … sans oublier Bannerman et autres venus du Ghana de même que le grand entraineur Malick Jabir.

L’ASFA-Y élimina (saison 90/91) l’Ashanti Kotoko championne du Ghana et d’Afrique avec Abdul Razak dit Golden Boy aux tirs aux buts en 1/16e de finale à Koumassi. Ensuite, ce fut l’AS MARSA de Tunisie en 1/8e de finale par 3 à 1 à Ouagadougou et 1-2 au retour. Malheureusement, elle fut stoppée en finale par le Power dynamos de Zambie 1 à 1 à Ouagadougou et 0 à 0 au retour. Le but marqué à l’extérieur avait qualifié le Power que l’ASFA avait largement dominé dans le jeu tant à l’aller qu’au retour. Cette équipe de l’ASFA-Y était bien sûr largement supérieure à celle d’aujourd’hui.

Lorsque notre équipe nationale cadette remporte la Coupe d’Afrique et ira cette année en juin au Mexique pour la 4e fois aux phases finales de la Coupe du monde après Trinidad et Tobacco, la Nouvelle Zélande, le Nigéria et surtout après une 3e place (bronze) à cette coupe où elle avait éliminé l’Argentine des Messi, Tevez et autres, nous ne devrions plus éprouver de complexe au niveau de nos différents clubs. Mais… Mais… Mais… Nous leur souhaitons cette fois-ci de revenir avec l’or ou l’argent. Difficile mais non impossible si encore si … De 1958 à ce jour, nous aurions pu mieux faire en matière de football si nous avions été plus responsables et plus conséquents. Combien de Burkinabè, exceptés certains acteurs de l’époque, joueurs ou dirigeants vivants savent-ils que nous avions battu les Eléphants de Côte d’Ivoire à Abidjan un certain 25 décembre 1972 avec les grands noms tels que Laurent Pokou, Kallé Bially dit docteur, Bernard Gnahore … par 3 à 2 après avoir mené 3 à 0 ?

Le journal Ivoire dimanche avait titré en couverture après notre victoire "Passera ! Passera pas ! Pendant 90 minutes, le véloce, l’intraitable défenseur central Boukary Ouédraogo dit Panier boucla le grand des grands avant-centre africains du moment, Laurent Pokou". Pokou et Panier étaient en action sur la couverture. J’ai montré et remis la coupure de l’article à Panier en 1978. Pour revenir à l’ASFA-Y, je regrette très sincèrement les graves incompréhensions nées entre le PCA Antoine Zoungrana et le président du Comité central, Armand Beoinde, dont les conséquences sont déjà perceptibles dans la lecture des derniers résultats de ce club tant au plan national qu’africain. Ce tandem, au regard de multiples considérations devrait plutôt permettre à cette équipe d’aller très très loin. Mais je leur fais confiance en espérant que tout rentrera dans l’ordre rapidement.

Comme d’habitude, il est bon de faire quelques rappels pour informer les uns et rafraichir la mémoire des autres : en coupe de l’AOF, l’ASFB, le RCB et Bobo Sport firent bonne impression en atteignant les quarts et demi- finales entre 1950 et 1960. En 1960, l’ASFB remporta la première édition de la Coupe Mogho Naaba assimilable au championnat, au détriment de l’EFO par 3 à 0. Le RCB remporta la première Coupe nationale face à sa rivale l’ASFB battue 5 à 2. L’EFO, saison 61/62 remporta la 2e édition de la coupe Mogho en battant le RCB par 3 à 1. Le même RCB remporta la 2e coupe du Faso face à l’EFO battue 12 à 2. En 1963, l’ASFB remporta la Coupe Mogho Naba tandis qu’en 1964, l’EFO remporta sa première Coupe nationale en battant le RCB par 3 à 1. L’EFO fut championne du Burkina en 1965 et représenta notre pays en Coupe d’Afrique des clubs champions. Elle fut éliminée par le champion de Côte d’Ivoire qu’elle a battu par 2 à 0, à Ouaga ; mais fut défaite par 4 à 1 à Abidjan.

En 1960, la même EFO remporta la Coupe de la Chambre de commerce, etc... Enfin, combien de Burkinabè savent-ils que l’équipe de Ouahigouya a représenté notre pays en coupe UFOA avec Saboteur comme entraineur réquisitionné par le gouvernement de l’époque pour encadrer ce club uniquement pendant la période ? Ces quelques rappels susceptibles d’être renforcés ou corrigés ont pour seul objectif de faire cesser certaines déclarations exagérément humbles qui tendent à vouloir expliquer le niveau actuel de notre football par des alibis que sont entre autres la jeunesse, le manque de moyens , etc. Je souhaite beaucoup de réussite au nouveau ministre des Sports qui fut pratiquant comme son prédécesseur pour traduire en résultats probants tous les efforts et sacrifices constants du président du Faso.

Très sincèrement

Demba FOFANA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 mai 2011 à 11:24, par toussida En réponse à : FOOTBALL BURKINABE : Demba Fofana déplore un complexe d’infériorité des clubs

    où sont les propositions ?

    J’ai lu avec un certain intérêt ce papier. Les idées sont jetées pêle-mêle sans aucun fil conducteur. Il vous plaira de savoir que Messi n’a jamais joué contre les Etalons à Triniad et Tobago. Si les clubs burkinabè n’ont pas pu garder la cadence internationale que vous prétendez les donner, c’est parce que les dirigeants vous avez été n’ont jamais eu une vision future pour le football. Les coupettes que vous mentionnez pour les clubs, que vous opposez en mon sens dangereusement avec vos termes "des joueurs venus de Bobo" comme si Bobo ne faisait pas partie de ce pays, suffisaient à votre bonheur.Je m’étonne que dans votre article riche je le reconnais en rappel historique et qui ce se veut propective vous ne mentionnez nul part le manque de compétition de jeunes qui est mon sens la véritable palie du football burkinabè. Tant qu’on ne la guérira pas les clubs burkinabè n’iront nul part sur le continent

    • Le 22 mai 2011 à 16:24, par FootFoot En réponse à : FOOTBALL BURKINABE : Demba Fofana déplore un complexe d’infériorité des clubs

      Toussida, cet écrit répond au complexe d’infériorité des clubs. Et je crois que bien conçu il fut par M FOFANA.

      Maintenant quant à l’épineuse question de savoir comment rehausser le niveau du championnat burkinabé de première division, je suis d’accord avec toi, qu’il faut un championnat de jeunes mais encore faudra t- il que les clubs dégagent des moyens pour prendre en charge ces jeunes convenablement.

      En somme je veux dire que le véritable problème de notre football est l’argent, les sources de revenus des clubs, la gestion des finances au niveau des clubs, des ligues et de la fédération.

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