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SEM AMOS TINCANI : "L’UE a soutenu la réforme de l’UEMOA

Publié le mercredi 18 mai 2011 à 02h20min

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Ceci est le message de SEM Amos Tincani, ambassadeur Chef de la délégation de l’Union Européenne au Burkina Faso. Ce message a été livré lors de la fête de l’Europe au Burkina. Il fait l’Etat de la Coopération entre l’institution dont il a la charge et le Burkina. Il y évoque ........ des Sujet de Coopération avec d’autres institutions et se prononce sur la situation dans le monde. Mais avant, Son Excellence présente au Burkina, ses condoléances pour le drame du Togo. Lisez plutôt.

"Je voudrais commencer par présenter aux autorités et au peuple burkinabè mes plus sincères condoléances au nom de la Délégation de l’Union européenne au sujet de l’accident de la route survenu au Togo et au cours duquel plus d’une vingtaine de Burkinabè ont perdu la vie. Je tiens à vous assurer de ma sympathie à l’égard des victimes de cette catastrophe qui endeuille votre pays, ainsi que leurs familles. Le 9 mai, l’Union européenne célèbre la date symbolique à laquelle Robert Schuman a fait part de ses idées concernant une Europe unie. Cette vision reposait sur le postulat essentiel qu’il fallait construire une Europe non pas en vertu d’un concept ou décision unique, mais par étapes.

Ce qui avait démarré sous la forme d’une communauté du charbon et de l’acier, pour ensuite se transformer en un « club » économique élargi, est devenu une Union tournée vers l’extérieur, dont le rôle et l’influence vont croître et qui, pour le meilleur, exerce une force dans les régions voisines et dans le monde. J’en profite pour remercier le MAECR pour avoir appuyé les efforts de l’UE pour acquérir une place plus pertinente au sein de l’AGNU. L’Union européenne et ses états membres sont le principal groupement de bailleurs de fonds dans le cadre du CAD/OCDE. En ce qui concerne le Burkina Faso, collectivement l’EU+EM ont déboursé en 2010, environ 210 milliards de F CFA (environ 319 millions d’euros), ce qui correspond à 19% du budget annuel de l’Etat burkinabè.

En 2010, la DUE en particulier était notamment engagée auprès de l’Etat burkinabè au titre du 10e FED, avec l’appui budgétaire général (dont le décaissement a été augmenté par des contributions au titre du FLEX et V FLEX pour parer aux multiples crises), le projet routier Sakoinsé-Boromo, le projet régional des parcs de l’Entente, la mise en œuvre d’un portefeuille d’environ 50 projets ayant comme bénéficiaires des ONG, l’appui aux organisations régionales basées au Burkina, notamment le CILSS et l’UEMOA, les aides d’urgence à travers ECHO.

Il est intéressant de noter dans ce contexte, que le système des Nations unies basé à Ouaga exécute un portefeuille de projets pour environ 45 millions d’euros financé par nous. Evidemment cela est sans compter sur la poursuite des projets qui avaient été initiés dans le cadre des FED précédents. Nous sommes attachés aux projets avec les ONG, même s’ils nous créent un surcroît de travail car ils nous permettent de livrer, avec une certaine flexibilité, des services économiques et sociaux de base directement aux populations les plus vulnérables, en complémentarité et en cohérence avec notre appui au gouvernement du Burkina Faso. Nous avons d’ailleurs fêté avec eux, notre troisième « Foire de l’Europe » samedi dernier au lycée français et j’exprime l’espoir que cette tradition puisse être continuée dans le futur.

Par rapport à la situation politique en Afrique de l’Ouest, l’Union européenne se félicite du retour à l’ordre constitutionnel au Niger et en Guinée Conakry, ainsi qu’en Côte d’Ivoire. A travers nos délégations dans ces pays, nous travaillons étroitement avec les gouvernements concernés et les PTF, pour renforcer l’Etat de droit et accélérer la mise en œuvre de la coopération. Le Sahel reste une zone d’instabilité et d’insécurité. Les actions d’AQMI pourraient d’ailleurs connaître une recrudescence, suite à la mort d’Osama Ben Laden. L’UE continue à coopérer avec les pays de la région, ainsi qu’avec la CEDEAO et l’UA, pour affronter ce défi de façon efficace. Depuis février, la source principale d’instabilité pour le Burkina n’est pas externe mais interne. Nous avons assisté à un enchaînement de manifestations violentes, notamment d’étudiants et de plusieurs corps habillés.

Nous félicitons le gouvernement pour avoir entamé très tôt un dialogue avec les représentants des manifestants, mais aussi avec la société civile au sens large, pour tenter de trouver une solution équitable et durable. Mes pensées vont d’abord aux familles des personnes qui ont été tuées, des filles et femmes qui ont été violées et j’exprime le souhait que les coupables soient identifiés et jugés. Ensuite, vient le règlement des dégâts suite aux pillages. Nous remercions le gouvernement également pour avoir entamé aussi un dialogue avec le corps diplomatique et les partenaires techniques et financiers sur les troubles et leurs conséquences.

Le corps diplomatique a vu à deux reprises le MAECR et les PTF, a rencontré le PM hier, qui a apporté à la communauté internationale, des messages de réconfort ainsi que des propositions utiles pour rapidement sortir de la crise. Il n’est pas facile de faire la part des choses entre symptômes, revendications de catégories, causes profondes et réformes de long terme, surtout si l’on doit négocier avec une kalachnikov sur la table. A court terme, les PTF ont besoin de connaître la portée et les implications financières des mesures salariales, d’allègement fiscal, etc., qui ont été octroyées ou promises. Cela est d’autant plus important pour l’UE, l’Allemagne, le Danemark, la France, les Pays-Bas et la Suède en particulier, qui apportent une part significative de leur aide sous forme d’appui budgétaire général et/ou sectoriel au pays et que ces concessions pourraient avoir des répercussions importantes sur l’équilibre macroéconomique et les résultats financiers en 2011.

Dans ce sens, ils tiennent à remercier le MEF, pour l’éclairage rassurant qu’il a fourni lors de la rencontre d’hier après-midi, qui devra être confirmé par des précisions suite au Conseil des ministres qui s’est penché sur le budget révisé ce jour. A plus long terme, le gouvernement devra réfléchir davantage sur ce que les économistes appellent « le paradoxe burkinabè », c’est-à-dire. une croissance soutenue mais avec très peu d’impact sur la réduction de la pauvreté profonde. Dans ce sens, des actions efficaces dans le domaine de la maîtrise de la démographie et pour une augmentation de la pression fiscale sont certainement pertinentes.

La pression fiscale actuelle devrait être augmentée de 50% pour s’aligner sur la cible UEMOA, ce qui donnerait des moyens aux ambitions du gouvernement en termes d’une politique sociale d’envergure. L’UE et, je suis sûr, l’ensemble des PTF sont disposés à avoir un dialogue approfondi avec le gouvernement, pour trouver des solutions à ce paradoxe. Je trouve particulièrement encourageantes les annonces du nouveau gouvernement d’entamer des réformes politiques en profondeur, pour trouver une solution durable à la crise actuelle. L’annonce que le gouvernement s’attellera aux problèmes de corruption, de bonne gouvernance et de la perception du sens d’impunité est très positive.

Là aussi l’UE est ouverte à un dialogue franc et approfondi avec le gouvernement. Je pourrais témoigner de mon expérience personnelle des derniers 3 ans et demi de dialogue avec le ministère de la justice, entre autres. Une action qui me tient à cœur et que je compte aborder lors d’une prochaine rencontre de travail avec le gouvernement est un cours de formation pour les forces de sécurité et leur rôle dans un Etat de droit. L’article 23 du protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance y fait référence de façon explicite : ARTICLE 23 1. Les personnels des forces armées et ceux des forces de sécurité publique doivent recevoir dans le cadre de leur formation une éducation à la Constitution de leur pays, aux principes et règles de la CEDEAO, aux Droits de la Personne, au Droit humanitaire et aux principes de la Démocratie. A cet égard, des séminaires et rencontres périodiques seront organisés entre les éléments de ces forces et les autres secteurs de la société.

Le corps diplomatique a entendu avec intérêt un représentant du gouvernement affirmer que le contexte actuel ne se prête pas pour une révision de l’article 37. Cette prise de position est un pas dans la bonne direction non seulement pour réduire la tension et la radicalisation dans le pays, mais aussi pour renforcer la démocratie de fait. Mon mandat à la délégation vient à son terme dans quelques semaines. Ces 3 ans et demi sont passés comme un éclair, toujours dans la course. Sur le plan interne, nous avons mis en œuvre la déconcentration qui s’est notamment traduite par le transfert d’un grand nombre de fonctions et responsabilités de Bruxelles à la délégation. Pour assumer ces nouvelles tâches, notre personnel est passé d’une trentaine à 63 actuellement. A cette occasion, je voudrais souhaiter la bienvenue à nos nouveaux collègues : Monica Crescentini, Annie Sturesson, Etienne Kiba et Adama Millogo. Je regrette, néanmoins, de n’avoir pas eu l’occasion d’inaugurer notre futur nouveau bâtiment, dont la construction a été approuvée dans le cadre de l’extension de la Délégation, sur lequel j’ai pourtant travaillé depuis mon arrivée.

Sur le plan de la coopération avec le Burkina, nous avons bien mis en œuvre le PIN du 10e FED, avec des montants importants, notamment au titre de l’appui budgétaire. Le Burkina a bénéficié de l’expérience du « Contrat OMD », qui n’a été étendue qu’à un très faible nombre de pays ACP (7 au total). Il est prévu en 2011, d’en faire la revue à mi-parcours. Cela devrait être l’occasion de tirer les premières leçons de cette expérience, qui devront être considérées dans le cadre des réflexions actuellement en cours sur l’appui budgétaire général. Nous avons lancé un nouveau cycle de coopération avec le CILSS, mais des réformes d’envergure restent nécessaires. Le CILSS a une « fenêtre d’opportunité » jusqu’au prochain sommet de 2012, pour soumettre à ses instances de décision toute une série de réformes attendues depuis longtemps. Mon grand regret restera la coopération avec l’UEMOA, qui a piétiné pendant les 3 années et demie de ma mission.

L’UE a soutenu la réforme de l’UEMOA après la dévaluation du F CFA, pour lui assurer des pouvoirs réels et une autonomie financière, sous forme de prélèvement communautaire de solidarité. Les résultats de notre coopération régionale n’ont pas été à la hauteur de mes espoirs. J’exprime le souhait que la nouvelle Commission de l’UEMOA, qui devrait être nommée incessamment, puisse, avec le nouveau Chef de Délégation qui va me remplacer, partir sur des bases nouvelles. Passons aux choses plus agréables : levons nos verres à l’Europe et à la coopération avec le Burkina !"

Délégation de la Commission Européenne au Burkina Faso 01 BP 352 Ouagadougou 01 Tél . 50 49 29 00 Fax : 50 49 29 99 Site web : www.delbfa.ec.europa.eu E-mail : delegation-burkina-faso@ec.europa.eu


L’Union européenne est constituée de 27 Etats membres qui ont décidé de mettre graduellement en commun leur savoir-faire, leurs ressources et leur destin. Ensemble durant une période d’élargissement de plus de 50 ans, ils ont construit une zone de stabilité, de démocratie et de développement durable tout en maintenant leur diversité culturelle, la tolérance et les libertés individuelles. L’Union européenne est déterminée à partager ses réalisations et ses valeurs avec les pays et les peuples au-delà de ses frontières.

Le Pays

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