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Luc Adolphe Tiao à Koudougou : Le film de la délicate mission de bons offices

Publié le lundi 16 mai 2011 à 00h25min

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Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a rencontré l’ensemble des forces vives de Koudougou le 12 mai 2011. Un véritable marathon. Au total, il a rencontré successivement 14 délégations de différentes couches de la société au gouvernorat de la région du centre-ouest après avoir été reçu par le Lallé Naaba et les cinq grands chefs traditionnels de Koudougou. En fin de soirée, l’espoir d’un retour à la paix semblait une réalité.

Dès 8h15, Luc Adolphe Tiao était chez le Lallé Naaba où l’attendaient déjà tous les chefs traditionnels. Une rencontre qualifiée d’innovation et dont les gardiens de la tradition se sont réjouis. « Nous l’avons remercié pour cette démarche et nous lui avons dit tout notre attachement à œuvrer à ses côtés et aux côtés du chef de l’Etat pour que la paix revienne en passant par la justice et l’équité », déclare leur porte-parole, Naaba Saaga II de Issouka. Mieux, « nous avons souhaité que le gouvernement travaille à laisser les chefs traditionnels un peu en dehors de la politique », soutient-il avant de demander au PM « d’accélérer le processus de justice, et pour Justin et ses camarades, et pour Norbert Zongo car la paix se bâtit sur un socle de justice ».

Au pas de course, Tiao se rend au gouvernorat où l’attendaient les corps constitués. 20 minutes d’entretien. Juste le temps pour le gouverneur par intérim, Lamine Laurent Traoré, d’exposer les préoccupations des fonctionnaires de la région. Le Premier ministre et les membres du gouvernement qui l’accompagnaient peuvent donc prendre place dans la salle d’audience du nouveau gouvernorat (ex-pied-à-terre du chef de l’Etat). Le collège des sages de la région est la première délégation à être reçu, suivi des députés de la région. Puis, vient le tour de la délégation des partis politiques.

Là, le représentant de l’UNDD, Benjamin Yaméogo suggère le report de la célébration de l’indépendance de notre pays à Koudougou le 11 décembre 2011. « L’image de Koudougou ne s’y prête pas, les délais d’exécution impartis sont exigus actuellement. Les fils et filles de Koudougou ont besoin de se parler. L’esprit des gens de Koudougou n’est pas à la fête en ce moment. Nous craignons que le budget alloué au 11 décembre n’en souffre un peu », se défend-t-il. Jean Hubert Yaméogo, député non siégeant, représentant les députés de la région, lui, souhaite le maintien de la réalisation de l’ensemble des investissements prévus à Koudougou pour le 11 décembre pour « nous permettre d’être à l’aise vis-à-vis de l’ensemble de la population et pour éviter que tout report d’investissement puisse être interprété comme une sanction du fait que cette crise est partie de Koudougou ».

Le PM n’a pas tranché la question de la tenue ou non du 11 décembre 2011 à Koudougou, souhaitant discuter avec le chef de l’Etat et l’ensemble du gouvernement avant de prendre une décision définitive. Mais, il assure que les marchés déjà attribués dans ce cadre seront maintenus.

« Justice pour Justin Zongo », priorité des priorités pour les élèves
La crise ayant démarré par les élèves et étudiants, ils ne pouvaient manquer à l’appel. Leur préoccupation principale reste la question de la justice pour Justin Zongo. Le gouvernement a demandé le dialogue, les scolaires estiment avoir assez dialogué maintenant. « Le dialogue est suffisant pour nous maintenant et nous pensons qu’il faut réellement s’occuper de nos problèmes », précise Ahmed Oualbéogo, président de l’union des scolaires de Koudougou. « C’est au gouvernement de se dépêcher. S’il veut prendre notre patience pour une incapacité, d’ici là encore, nous allons donner de la voix pour leur dire que nous sommes toujours prêts pour que justice soit faite pour nos camarades », prévient Ahmed Oualbéogo.

La CCVC régionale, par la voix de Kisito Dakuo, vice-président régional salue l’initiative de Tiao mais estime restée sur sa faim. La vie chère, l’injustice, la corruption et la fraude constituent les préoccupations des travailleurs. Sans oublier le recrutement de milices privées ces derniers temps dans la région. « Il faut que cela cesse et que les milices déjà recrutées soient démantelées », a martelé Kisito Dakuo. De toute façon, la CCVC préfère juger le maçon au pied du mur que de prendre les promesses pour des acquis.

Les opérateurs économiques, eux aussi semblent divisés sur le report ou non de 11 décembre à Koudougou en 2011.
C’est finalement à 16h que le premier ministre sort de la salle d’audience pour s’adresser à la presse. Il qualifie ces rencontres d’édifiantes. Frustrations, déceptions, inquiétudes pour l’avenir, mais aussi l’espoir, ainsi pourrait se résumer ce qu’il a écouté tout au long de la journée. « J’ai été aussi très clair avec les forces vives. Tout en comprenant leurs préoccupations, il fallait qu’on soit réaliste. Nous voulons travailler dans la vérité », dit-il. Le sentiment commun pour tous semble être la préservation de la paix.

Donc des signes encourageant pour le PM. Les élèves ont parlé avec colère. Mais, « lorsqu’ils nous ont dit ce qu’ils ont fait entre- temps à Koudougou pour apaiser la situation, j’ai été édifié, je comprends leur situation ». Le plus encourageant pour le chef du gouvernement est sans doute cette phrase : « Nous avons beaucoup de problèmes, nous avons été déçus mais nous vous comprenons et nous sommes prêts à vous accompagner parce que nous pensons que vous constituez pour nous un espoir ». Un espoir que Luc Adolphe Tiao ne doit pas décevoir. Car, il joue là sa crédibilité.

Moussa Diallo

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