Normal que les places boursières aient le sourire ; ce « deal » représente l’une des plus
grosses opérations d’acquisition de l’histoire. Pour Microsoft, cela entame à peine son trésor de guerre estimé à 50 milliards de dollars !
Les perdants et les gagnants du « deal » Sans conteste, le grand gagnant est Skype et ses investisseurs. Skype est un logiciel qui permet de passer des appels téléphoniques gratuitement, d’ordinateur à ordinateur, et des appels vers des fixes ou des mobiles à un coût avantageux. On peut aussi utiliser un chat par clavier, s’échanger des fichiers, et organiser des vidéo-conférences à plusieurs en affichant plusieurs écrans.

L’application dispose également d’une version mobile, disponible seulement sur certaines plateformes. Fondé en 2003, Skype compte actuellement quelque 170 millions d’utilisateurs connectés par mois,
qui ont passé plus de 207 milliards de minutes de communications vocales et vidéo en 2010. Cependant, depuis sa création, la société peine à trouver le chemin de la rentabilité. Une perte nette de 7 millions de dollars en 2010 pour un chiffre d’affaires de 860 millions, autant dire que le modèle économique ne tenait pas !
Avec ses 8,5 milliards de dollars cash, soit trois fois ce qu’eBay avait versé en 2005 pour le premier rachat, Skype va pouvoir voir l’avenir en rose aux côtés du « big » Microsoft.

Bien entendu, on ne débourse pas autant d’argent juste pour le plaisir ! L’autre gagnant c’est aussi
Microsoft. Avec Skype, le géant informatique espère réaliser son rêve, comme l’explique Steve
Ballmer, Directeur Général du groupe : « Skype est un service phénoménal adoré par des millions
de gens dans le monde. Ensemble, nous créerons l’avenir des communications en temps réel pour
que les gens restent facilement connectés à leur famille, leurs amis, leurs clients et leurs collègues
partout dans le monde. »

En clair, Microsoft et Skype, ce sera la possibilité de communiquer par voix et la vidéo depuis votre
document Word ou Excel, depuis votre Xbox, votre e-mail, votre Windows Phone, … Bref, une
convergence comme jamais, à faire trembler les acteurs du monde des télécoms.
Skype, c’est la brique technologique qui manquait à Microsoft pour réussir son entrée dans le
monde des télécoms après ses solutions de communication OCS et Lync
Les perdants, c’est bien sûr les concurrents qui étaient sur la ligne de départ, à savoir Google, Cisco
et Facebook dans une moindre mesure (Microsoft est actionnaire, donc la société va sûrement
bénéficier de Skype !).

Google apparaît comme le grand perdant de ce duel puisque Microsoft est son rival juré. La guerre
entre les deux géants n’a de secret pour personne, et Microsoft vient de gagner une bataille.
Les « telco », dommage collatéral ou volontaire
L’autre grand perdant à considérer dans ce « deal », c’est les opérateurs de téléphonie et les
équipementiers.

Doivent-il avoir peur de cette fusion Microsoft-Skype ? Oui, bien sûr !
Microsoft n’a jamais caché son ambition de prendre une partie du gâteau du marché des télécoms.
Jusqu’à présent, ses solutions de messagerie et de travail collaboratif en entreprise ne disposaient
pas d’interface vers le monde extérieur. Désormais, c’est chose faite avec Skype.

Dès sa création, Skype avait déjà inquiété les opérateurs en tant que pionnier de la téléphonie par
Internet. L’application les priveraient des revenus générés par les appels voix. Depuis, cette
technologie s’est imposée, et les lignes IP dépassent maintenant les lignes analogiques dans le
monde.

Microsoft a prévu d’intégrer Skype à la plupart de ses solutions maison, mettant ainsi la téléphonie
sur Internet disponible depuis n’importe quelle application Windows et n’importe où.
Il devient ainsi un sérieux challenger des équipementiers et des opérateurs.
Le scénario comme celui d’Apple avec son fameux iPhone, qui a pris la première place dans les
ventes de smartphones, va t-il se reproduire sur le marché des télécoms ?

Les acteurs traditionnels du marché ont refusé les innovations et freiné les technologies comme la
VoIP (voix sur IP ou voix par Internet) afin de conserver leur modèle économique, vieux de plus de
100 ans.
Ils paient le prix fort, puisque malgré leurs réticences, la VoIP a fini par s’imposer sur le marché et à
terme va complètement remplacer le téléphonie classique.
Hier, Google avec Google Voice, et aujourd’hui Microsoft avec Skype, grâce à la téléphonie par
Internet, remettent le marché des télécoms en ébullition.
Comment vont réagir les « telco » dans le monde entier ? A suivre.

Par Amadou SONDE, CEO Doonya Technologies