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Au coin du palais : Deux poulets en sus du prix à payer pour le forage

Publié le mercredi 11 mai 2011 à 03h55min

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Le 3 mai 2011, le Tribunal correctionnel de Gaoua a condamné OK, 45 ans, interprète en langues locales, à 6 mois de prison avec sursis pour escroquerie portant sur la somme de 60 500 F CFA. Le prévenu se voit également dans l’obligation de rembourser ledit montant au Comité villageois de développement (CVD) de Lemkar, structure qu’il a escroquée en se faisant passer pour un technicien en forages. Courant janvier 2011, OK accompagne un groupe de techniciens en forages d’une société de la place à Nako, commune rurale de la région du Sud-Ouest, dont relève le CVD de Lemkar. Après avoir servi d’interprète entre les spécialistes et la population, il est approché par le CVD de Lemkar pour la réhabilitation de deux forages en panne.

Animé de mauvaises intentions, l’intéressé se fait passer pour un expert en forages et prend la responsabilité de résoudre le problème, sous le couvert de la société en question. Il exige ainsi la somme de 55 500 F CFA et deux poulets, estimés à 5 000 F CFA, soit un montant total de 60 500 F CFA. Les membres du CVD de Lemkar s’exécutent donc, attendant de voir la réhabilitation des forages. Mais OK ne respectera pas ses engagements. Une fois l’argent et les poulets en sa possession, il disparaît dans la nature, comme s’il n’avait jamais existé. Ne voyant aucun signe de vie du soi-disant technicien en forages, les responsables du CVD de Lemkar décident de porter plainte à la gendarmerie. Une enquête est alors ouverte, au terme de laquelle les gendarmes mettent la main sur le fautif. Devant les juges, celui-ci reconnaît les faits, affirmant tout de même qu’il a partagé l’argent avec des agents de la société. « Je n’ai reçu que 4 500 F CFA comme part », a-t-il relevé.

Et d’ajouter : « C’était un deal entre les agents de la société et moi ». « Mais que viennent chercher les deux poulets dans les frais de réparation des forages ? », lui a demandé le président du tribunal. Le prévenu, comme réponse, a laissé entendre qu’il est de coutume que tout village devant bénéficier de réalisation ou de réhabilitation de forages prenne en charge de la restauration des agents commis à la tâche.

A défaut, a-t-il expliqué, les habitants leur donnent des poulets en compensation. Qu’à cela ne tienne, le président du CVD de Lemkar, VK, s’est dit déçu du comportement d’OK, quelqu’un à qui son comité a fait confiance. Trêve d’explications, les juges ont établi, et ce conformément à la loi, la culpabilité du prévenu qui, a écopé de la peine citée plus haut


Des cultivateurs cambrioleurs

Une nuit de mars 2011, BD et SK, tous deux cultivateurs résidant à Danko-Tambili (village de la région du Sud-ouest), prennent une initiative qui, après coup, va leur créer des ennuis. Les deux amis se rendent discrètement à la boutique de KD, absent au moment des faits et sautent le cadenas de la porte à l’aide d’un couteau. Ils pénètrent ensuite à l’intérieur de la boutique et emportent diverses marchandises (savon, sachets d’OMO et biscuits), évaluées à plus de 30 000 F CFA.

Le « butin » est ensuite gardé par BD à son domicile. Au lendemain du forfait, BS, celui à qui KD a confié la surveillance de sa boutique avant de voyager, constate le vol. Il prend acte et se met à la recherche du ou des voleurs dans le village. C’est pendant qu’il menait ses propres investigations que la femme de BD, l’un des voleurs, va lui faire une surprenante confidence. Elle dit avoir constaté la présence de marchandises dont elle ignore la provenance, chez elle. L’informatrice conduit alors BS à son domicile pour les lui montrer. Celui-ci les identifie formellement comme étant celles volées dans la boutique de son ami, mais se rend compte qu’il en manque une partie. Il coince alors BD qui ne tarde pas à reconnaître les faits qu’il a commis avec l’assistance de son acolyte, SK. Portée en justice, l’affaire a été jugée au cours de l’audience du mardi 3 mai 2011 du Tribunal correctionnel de Gaoua. A la barre, les deux prévenus, mal à l’aise, n’ont pas nié le vol.

Ce qui a facilité la tâche des juges qui les ont condamnés à 3 mois de prison ferme chacun. Obligation leur est faite de payer solidairement les dommages et intérêts de 50 000 F CFA à la victime qui, à l’audience, a réclamé 150 000 F CFA


Des perturbateurs d’audience

Les audiences du Tribunal correctionnel de Gaoua, a-t-on noté, sont très souvent perturbées par certains habitants qui, ignorant le droit, interviennent de façon spontanée et intempestive pendant les confrontations. A l’audience du mardi 3 mai 2011, il nous été donné de constater cette réalité. En effet, une personne dans le public a fait irruption dans les débats, en voulant faire savoir qu’un vieux, appelé à témoigner dans une affaire d’escroquerie, avait des problèmes d’audition. Et comme il a l’habitude en de pareilles circonstances, le président du Tribunal, d’un ton diplomatique, a rappelé l’intéressé à l’ordre, en lui faisant comprendre qu’on n’intervient pas de la sorte à une audience. Un message qui semble avoir été bien compris par le « perturbateur ».

Rassemblés par Kader Patrick KARANTAO

Sidwaya

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