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Comité central/Conseil d’administration de l’ASFA-Y : Un dialogue de sourd

Publié le lundi 2 mai 2011 à 22h28min

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Armand Béouindé, président du comité central

A l’ASFA-Y, le Conseil d’administration et le Comité central ne regardent pas dans la même direction. C’est même peu dire. Le torchon brûle entre les deux entités. L’heure est aux échanges de coups. Et le club dans tout ça ?? Eh bien, il en pâtira, si ce n’est déjà fait.

Les deux organes directeurs de l’AFA-Y sont placés sous la direction de deux hommes qui vouent une passion au football. Le conseil d’administration est présidé par le très effacé Antoine Zoungrana, ex- Dg de la Douane. Avant de devenir DG de la Douane, ce passionné du football s’investissait dans l’organisation des matchs de football. Les témoins de l’époque citent son nom et retiennent de lui un engagement désintéressé, sans calcul. Le Comité central revient à Armand Béouindé, un fils du club. Déjà, ce lien ombilical entre lui et le club commence au quartier, Bilbaogo, QG commun. En plus, l’homme est dans les sérails du club où il a occupé des strapontins. Il a donc gagné ses galons par son amour, son engagement du club.

Alors comment un duo de cette qualité a-t-il bien pu s’y prendre pour ne pas s’entendre au grand profit du club ?? Nous sommes en fin de saison passée. Les choses semblaient marcher entre les deux entités. L’ASFA-Y bien que éliminée dès le 2e tour de la ligue des champions sauve sa saison avec le titre. Mais il se trouvait que l’entraîneur du club à l’époque, le Malien Cheick Omar Koné, est en fin de contrat. Le Comité central lui demande un rapport technique de la saison. Selon une source proche du bureau de Béouindé, il ne s’est pas exécuté. Puis le temps passait. Entre temps, le Comité central, sur instruction du Président du Conseil d’administration, Zoungrana monte un dossier de financement des vacances du coach.

Selon notre source, c’est le PCA qui aurait précisé qu’un billet aller simple soit acheté car pour lui, le renouvellement n’ayant pas été fait, il était peu recommandé de prendre un billet aller retour. Ce détail va précipiter les choses. Pour l’entraîneur Koné, ce billet aller simple est synonyme de la volonté du club de ne pas renouveler son contrat. Bien que l’argent pour l’achat du billet lui ait été remis pas le trésorier du Conseil d’administration, le coach dira à qui voulait l’entendre que c’est le Comité central qui le renvoi dans son pays avec un aller simple. L’atmosphère va se dégrader ainsi. Une chaude réunion élargie à des supporters triés sur le volet était censé éclaircir la situation.

Chaque acte a été replacé dans son contexte. Le président Béouindé aurait dit à cette rencontre n’avoir pas pris une quelconque décision au sujet de l’avenir de l’entraîneur vu qu’il n’a pas encore reçu le rapport technique demandé. Il aurait dit qu’il entendait venir faire son exposé devant le Conseil d’administration sur la base du rapport et qu’ensemble, une décision soit prise. Pourquoi le coach Koné n’a-t-il pas fourni ce fameux rapport ?? Pouvait-on lui pardonner cette faute professionnelle ?? Il semble que le Comité central a surtout tranché et l’a mis à la touche pour le faire payer sa tentative de créer un conflit entre Conseil d’administration et Comité central.

Car on ne s’explique pas pourquoi il a voulu mettre l’acte d’achat du billet d’avion sur le dos du Comité central étant entendu que c’est lui-même qui est allé encaisser l’argent chez le trésorier du Conseil d’administration pour la dépense ?? Mais trop tard. Le mal était fait. Depuis cette affaire, le PCA Zoungrana et le président du comité central, Béouindé, ne parle plus le même langage.

Echange de courriers peu amicaux

L’entraîneur Koné, bien que parti chez lui au Mali, allait être le fantôme qui va hanter l’ASFA-Y. Nous étions loin de soupçonner que le recrutement du nouvel entraîneur avait donné droit à une passe d’armes entre les deux structures. Déjà ?! Un jour, le président Béouindé passe un coup de fil à son PCA. Il lui dit sa volonté d’enrôler un certain Michel Kigoma, technicien congolais d’origine qui serait supplée par Albert Frédéric Bambara. Le PCA dit que pour "ménager certaines susceptibilités", il serait convenable d’adjoindre d’autres CV à ceux des deux retenus pour donner l’impression d’une ouverture dans la procédure de recrutement.

Le Président central l’admet et adresse un courrier au PCA avec des CV de Sidiki Drabo, Albert Frédéric Bambara, Michel Kigoma et Giglielmo Arena. La réponse du PCA va surprendre le président Béouindé. "L’ASFA-Y est un grand club engagé en ligue africaines des champions au nom du Burkina. Nous émettons des réserves sur le profil des entraîneurs proposés au regard des challenges à venir", lit-on dans ce courrier. En réponse, le Président du Comité central a tenu à rappeler au PCA ce coup de fil où ils ont convenu tous de retenir les deux techniciens proposés et que la liste élargie et présentée l’a été à la demande du PCA " ?pour des raisons de pure forme ?". Et le président Béouindé d’écrire ?dans sa réponse : "vous comprenez donc aisément notre surprise et celle du Comité central à la lecture de vos observations.

Cette surprise est d’autant plus grande que c’est la première fois que le choix de l’encadrement technique fait l’objet d’échanges épistolaires entre les deux structures. (…) Ceci et d’autres événements récents viennent confirmer encore, si il en était besoin, votre volonté à vouloir à chaque fois présenter le Comité central comme étant la structure des mauvais choix". Le Comité central maintiendra sa décision et engage les deux techniciens de son choix. A peine cette bagarre terminée qu’une autre s’ouvre. Cette fois-ci, le Comité central est le premier à donner le coup. L’objet de sa lettre est déjà évocateur ? : crise financière du club ?!

Cette lettre rappelle au Conseil d’administration qu’il a pour rôle conformément à l’article 20 des statuts du club de mobiliser les ressources pour le bon fonctionnement du club. "A ce jour (13 novembre date de signature de la lettre), nous sommes à plus deux mois d’arriérés de salaires pour les joueurs, sans compter les arriérés de primes de signatures et autres primes de transferts", lit-on. Et Béouindé d’ajouter ? : "Le comité central est au regret de constater les limites réelles des actions du Conseil d’administration et vous invite de ce fait à en tirer les conséquences, en revisitant cette structure dans sa composition et dans son fonctionnement" !

La lettre ne se contentera pas de critiquer. Elle propose au Conseil d’administration une solution transitoire pour espère-t-on, faire face aux arriérés de salaires des joueurs. En effet, le Groupe Fadoul verse chaque mois 4 millions de F CFA à l’ASFA-Y. Le Comité central a proposé qu’un compte séparé soit ouvert pour recevoir cette traite qui servira à résoudre la délicate question ?des salaires. Mais le Conseil d’administration a une autre préoccupation. C’est un contrepied parfait des soucis du Comité central.

Dans une lettre datée de 28 janvier, le président Zoungrana interpelle le président Béouindé sur le caractère budgétivore de la section football du club. Il écrit ? : ?"j’attire votre attention que les sommes mises à votre disposition par le conseil d’administration pour les dépenses du club au titre de la saison 2010/2011 s’élèvent à la date du 20 janvier 2011 au montant de plus de 35 millions de F CFA. (…) je vous invite à resserrer les dépenses car vous n’ignorez pas les difficultés dans lesquelles évoluent de façon général le sport dans notre pays". On a l’impression de ne pas parler des réalités du même club. Le Comité central et le Conseil d’administration gèrent-il le même club ?? Entre un club qui gaspille à la limite ses maigres ressources et un club qui est criblé de dettes, la différence est nette !

La lettre du Conseil d’administration ne restera pas sans suite. "Votre lettre est outrageusement diffamatoire en ce sens qu’elle véhicule à dessein de fausses informations quand vous affirmez avoir mis à notre disposition de l’argent (…) Les sommes que vous avez eues à décaisser ne sont venues qu’en remboursement partiel des avances que le Comité central a eu à pré financer afin de permettre au club de fonctionner". L’analyse du cahier des comptes du club nous permet de comprendre un peu plus. De septembre 2010 à mars 2011, le club a dépensé 91 ?938 ?225 F CFA. Et sur ce point, le Conseil d’Administration est coupable d’être passé chaque fois après coup. En effet, faire le foot à crédit, c’est révolu.

En plus, un club qui dispute la campagne africaine a besoin d’argent frais. Le Conseil d’administration n’ayant pas apporté les fonds à temps, le Comité central qui, lui, est jugé aux résultats, a pris l’initiative. C’est un satisfécit qui devait être délivré au Comité central d’avoir su "se débrouiller" pour sortir le club d’une mauvaise passe. La lettre du PCA à ce propos dont l’objet est très évocateur, "mis au point", a oublié de mentionner le mérite, ne serait-ce que par pur forme du Comité central qui a fait un travail qui ne lui était pas réservé au nom de l’intérêt commun.

Si le PCA avait contesté les justificatifs de certaines dépenses, sa lettre aurait eu une cause juste. Mais quand on vous tape sur les doigts pour avoir fait un effort dans le bon sens, ça peut révolter. Par contre, le Conseil d’administration reproche au Comité central de faire des dépenses sans recueillir son avis préalable. Faux, rétorque l’accusé. Incontestablement, le climat est malsain. Nous ne sommes pas dupes. Il y a des non dits, c’est certain. Et dans une de ses lettres que le président du Comité central a adressé à son PCA, on peut lire l’ampleur de la cassure.

"Fixer des objectifs tels que définis dans votre courrier du 25 septembre, nous priver de moyens tel que vous le faites depuis la saison dernière, tenter d’instaurer un climat de méfiance comme vous l’exprimer dans votre dernier courrier, tout cela finit de nous convaincre de votre volonté de nous faire échouer dans notre mission" ! On est en pleine crise de confiance. Que se passe-t-il ? Où se trouve l’intérêt du club ? Faut-il parler de problème de personne ?? L’avenir est orageux à l’ASFA-Y.

J. J. Traoré

L’Evénement

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