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FETE DU TRAVAIL AU BURKINA : Un 1er-Mai, de multiples inconnues

Publié le vendredi 29 avril 2011 à 01h36min

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Pour les syndicats burkinabè, ce 1er-Mai ne sera vraiment pas comme les autres. L’image qu’on retient des précédentes fêtes du travail au Burkina, c’est celle d’un éternel dialogue de sourds. Les travailleurs usaient leurs semelles à marcher, à transmettre un cahier de doléances et attendre des réponses hypothétiques du gouvernement. Cette année, le scénario du 1er-Mai s’écrira sans doute autrement. Ragaillardis par la manifestation réussie du 8 avril dernier et le contexte sociopolitique défavorable au gouvernement, les syndicats marcheront en se disant qu’ils n’ont jamais été autant en position de force.

Le dilatoire dont faisait preuve le gouvernement semble faire place aujourd’hui à une meilleure disposition d’écoute. Les nombreuses concertations engagées par le chef de l’Etat et le nouveau Premier ministre participent de cette nouvelle prise de conscience. Il est indispensable que les syndicats gardent le même sens de la responsabilité qui a fait d’eux des acteurs civilisés de la vie sociale. Ils ne doivent pas se laisser griser par le nouveau contexte qui penche en leur faveur, pour radicaliser leurs positions. Certes, pendant longtemps, ils ont été parfois traités avec peu d’égards lors des négociations avec le gouvernement. Ce n’est pas une raison pour autant de croire que l’heure est venue d’obtenir tout, ici et maintenant.

De son côté, le pouvoir, dont l’autisme et même l’orgueil ont fait dresser une muraille d’incompréhensions entre lui et les partenaires sociaux, doit se rendre à l’évidence que le temps de la ruse et du mépris est révolu. La glace doit être brisée. Cela passe par le respect des syndicats en tant que porte-voix du monde du travail. Car la crise généralisée que connaît le pays a aussi des origines sociales. Si les dirigeants avaient prêté une oreille plus attentive aux complaintes du peuple, dans toutes ses composantes, peut-être ne seraient-ils pas dans cette impasse. Respecter un interlocuteur syndical ou politique n’est pas signe de faiblesse, comme certains thuriféraires du régime de Blaise Compaoré l’ont toujours pensé. C’est plutôt l’arme des forts.

Or, jusqu’à présent, les rapports entre le pouvoir et les syndicats n’ont pas été placés sous le signe du partenariat, mais de l’adversité, sinon de l’inimitié. Une nouvelle mentalité doit donc régir le dialogue tripartite tant clamé au Burkina. La crise que vit le Burkina doit être le ferment d’une nouvelle relation empreinte de considération mutuelle. En tout état de cause, le pouvoir a l’impérieux devoir de faire des propositions concrètes aux syndicats. S’il a pu décaisser d’urgence des fonds pour satisfaire les mutins, les syndicats ne comprendraient pas que leurs revendications fussent royalement ignorées. Il faut, du reste, saluer au passage la maturité des organisations syndicales qui ont toujours manifesté dans l’ordre et la discipline.

Rien à voir avec ces mouvements spontanés, violents et anarchiques, dont le pays est devenu coutumier ces derniers temps. Moralité : l’Etat a intérêt à discuter avec les syndicats et les structures organisées pour trouver des solutions à la demande sociale dans un cadre apaisé. Sinon, il aura la désagréable surprise, comme on le voit actuellement, de se retrouver face à des manifestants incontrôlés. Voilà pourquoi ce 1er-Mai doit être le point de départ d’un dialogue désormais marqué du sceau de la sincérité.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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