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Filière coton : Les sociétés cotonnières proposent, les producteurs rejettent

Publié le vendredi 22 avril 2011 à 03h15min

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Les prix du kilogramme de coton graine bord champ et des intrants sont connus. L’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) en a ainsi décidé en Assemblée générale le 22 mars dernier. Quelques points forts.

« Les prix d’achat planchers du coton graine au titre de la campagne 2011/2012 sont les suivants : coton graine 1er choix : 245 F CFA le kilogramme ; coton graine 2e choix : 220 F CFA le kilogramme. Le prix d’achat complémentaire de la même campagne sera déterminé en avril 2012 conformément aux dispositions prévues par le mécanisme révisé de lissage du prix d’achat du coton graine au producteur ». Cette décision est complétée par une autre qui fixe les prix de cession des intrants agricoles essentiels destinés à la culture du coton au cours de la même campagne.

Aussi on retiendra que si les prix des semences et des insecticides n’ont pas connu de hausse, il n’en est pas de même pour les engrais, notamment les engrais composés NPKSB et l’engrais azoté Urée. Aussi l’engrais NPKSB sera cédé au producteur au comptant à 16 436 FCFA le sac de 50 kg. A crédit, il sera à 17 833 F CFA le sac de 50 kg. L’urée sera cédée à 18 000 FCFA au comptant et 19 530 F CFA à crédit. Le producteur de coton burkinabé est désormais fixé sur les conditions de production de coton pour la campagne qui s’annonce.
Comment analyse-t-on ces prix au niveau des sociétés cotonnières et des producteurs ?

Naturellement, les avis sont partagés. Ce qui est tout à fait normal. Au niveau des sociétés cotonnières et d’autres intervenants dans la filière on explique l’augmentation du prix des engrais par la conjoncture internationale, notamment le prix du baril de pétrole qui entre dans la composition de l’engrais. Ce n’est donc pas un facteur qui dépend des sociétés cotonnières ni de l’Etat. Qu’en est-il du prix d’achat du coton graine auprès des producteurs dont l’augmentation ne semble pas les satisfaire ? Selon le président de l’UNPCB, Karim Traoré, le prix du kilogramme de coton graine ne se fixe pas au hasard. Il est fixé au cours d’une Assemblée générale de l’Association interprofessionnelle de coton du Burkina qui réunit à la fois les producteurs, les sociétés cotonnières, des experts, des bailleurs de fonds, des banquiers et l’Etat.

Il prend entre autres, en compte l’évolution du cours du coton sur le marché mondial pendant les 14 derniers mois et même les deux dernières années en plus de l’année en cours. L’année dernière, le prix plancher était de 182 F CFA le kilogramme du prix choix. Puis, il y a eu un prix additionnel qui l’a porté à 210 F CFA avec une ristourné de 10 F. A entendre le président Karim, si les cours du coton se comportent bien, les mêmes effets peuvent se produire. C’est-à-dire que les 28 F qui se sont ajoutés aux 182 F CFA l’année dernière pourraient encore s’ajouter cette année. Ce qui pourra porter le prix du kilogramme de coton à 273 F CFA.

Selon un technicien, en tenant compte des rendements et du type de coton (conventionnel ou génétiquement modifié), le producteur qui fait une production de 1200 Kg par hectare et qui suit le paquet technologique requis peut faire un net à gagner de 53 313 F CFA. Si le même producteur, au lieu du coton conventionnel produit du coton génétiquement modifié, avec un minimum du paquet technologique avec un rendement de 1 560 Kg, il fait un net à gagner de 78 165 F CFA. Plus le rendement augmente, plus le bénéfice augmente. C’est dire que pour faire de bonnes affaires dans le coton, les producteurs devront mettre l’accent sur l’application du paquet technologique, l’utilisation de la fumure organique et le bon rendement. Dans tous les cas, semble-t-il, le prix du coton est toujours fixé au Burkina en faveur du producteur.


Ce qu’en pense à l’Union des producteurs du Houet : « Ou bien c’est 300 le kilo, ou on ne fait pas de coton »


La nouvelle de l’augmentation du prix du kilogramme de coton et en même temps que celle du prix des intrants n’a pas été bien accueillie à l’Union provinciale des producteurs du Houet. Immédiatement après son annonce, l’Union a tenu une Assemblée générale extraordinaire le 19 avril pour faire connaître sa position. Le prix du kilogramme de coton à 245 F CFA est « très bas », les participants, deman dent de le porter à 300 FCFA tout en maintenant le prix des intrants comme proposé. « En 2004-2005, le prix du kilo sur le marché mondial était autour de 820 F et le prix au producteur était de 210 F. En 2007-2008, alors qu’il était de 620 F, on nous a payé le coton à 155 F. Aujourd’hui, sur le marché mondial, le prix est autour de 2000 F et on veut nous payer le kilo à 245 F ; ce n’est pas possible », a expliqué le président de l’Union provinciale. « Au moment où on parle d’embellie sur le marché mondial nous fixer un tel prix, n’est pas acceptable », a-t-il ajouté.

Aussi les producteurs ont décidé de manifester leur désaccord et de plusieurs manières. « Actuellement, nous sommes en train de faire signer une pétition par tous les producteurs de coton. Si nous ne sommes pas compris, nous allons boycotter la production par la réduction des superficies ou le refus de produire du coton », explique le président Ouattara. « L’idée de manifester a germé, mais nous avons estimé que le pays a connu assez de manifestations bruyantes. Aussi, nous avons décidé de manifester dans nos champsen laissant le choix à chaque producteur de choisir ce qui l’arrange », a ajouté le président. Avant de conclure en ces termes « nous avons assez accompagné les sociétés cotonnières, nous aussi nous voulons bénéficier de l’embellie ».

Séri Aymard BOGNINI

L’Express du Faso

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