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Couvre-feu à Ouagadougou : Un magistral changement d’habitudes et de mode de vie

Publié le jeudi 21 avril 2011 à 01h05min

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Suite aux actes de vandalisme des militaires les 14, 15 avril 2011 et de la marche de protestation incendiaire des commerçants le 16 avril 2011, les autorités en charge de la défense et de la sécurité du territoire ont instauré depuis le 17 avril, un couvre-feu de 19h à 6h du matin dans la commune de Ouagadougou. Difficile pour les uns, ce couvre-feu est le bienvenu pour les autres.

Il est 19h moins le quart. A l’alimentation N.M. qui, après la mise à sac de Marina Market est devenue l’une des plus grandes surfaces de la Patte d’oie, c’est par force que le patron des lieux a refermé la porte à la trentaine de clients qui tenaient à faire leurs provisions vespérales. Pour qu’un commerçant véreux adopte un tel comportement, il faut bien une raison et pas la moindre. En effet, les manifestations de militaires des 14 et 15 avril 2011 ont été plus dramatiques, aussi bien en traumatisme psychologique qu’en actes de casse, de pillage et de destruction. De plus, les commerçants se sont montrés plus violents dans leur réplique par rapport à la précédente.

Aussi, le communiqué portant instauration de restriction de liberté de circulation s’est voulu être plus ferme avec une mise en garde contre les éventuels contrevenants. Surtout que certains « indisciplinés » ont été violentés lors du couvre-feu précédent, les Ouagalais dans leur grande majorité, ont décidé d’observer scrupuleusement la prescription : situation diversement appréciée. Dans cette situation, il y a plusieurs catégories de « perdants ». La première regroupe l’ensemble des acteurs dont les activités connaissent leur faîte, la nuit venue. Il s’agit entre autres, des alimentations, surfaces, des gérants des cybercafés, des tenanciers de débits de boissons. Le deuxième groupe ici, rassemble les opérateurs dans le commerce du sexe : les gérants de chambres de passe, les trotteuses et autres proxénètes. Il faut également, ajouter à cette catégorie, certains époux (ses) dont le foyer est si invivable que l’un et ou l’autre ne rentre que tard la nuit.

La deuxième catégorie, celle des « gagnants » enregistre les enfants qui par la force des choses, verront leurs parents avant d’aller au lit. Les employés domestiques ou dans les restaurants, buvettes et autres, parfois mis sous corvées jusqu’à minuit pour une minable rémunération. Le dernier lot de cette catégorie renferme les partisans, du moins, du moindre effort, pour qui toute occasion pour fuir le boulot est bonne à prendre. En tous les cas, un changement d’habitudes et de modes comportementaux s’est forgé : rentrer à domicile, emporter le dîner à la maison, faire soi-même la cuisine, réduire la consommation d’alcool. C’est vrai que le changement opéré a des aspects beaucoup plus positifs que négatifs, mais les Ouagalais s’empressent de voir la mesure levée.

Zackaria BAKOUAN

Sidwaya

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