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PILLAGES DE BOUTIQUES A OUAGA : Les commerçants manifestent leur ras-le- bol

Publié le lundi 18 avril 2011 à 01h15min

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Le samedi 16 avril 2011, les commerçants ont manifesté dans la ville de Ouaga, pour exprimer leur ras-le-bol face au pillage de leurs commerces. Des édifices, sur l’Avenue Kwamé N’Krumah et l’Avenue de l’Indépendance, ont été endommagés. C’est le cas, entre autres, du siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et de l’Assemblée nationale. La plus belle avenue de Ouagadougou, Kwamé N’Krumah, a été défigurée dans la matinée du samedi 16 avril 2011. En effet, des commerçants l’ont arpentée pour, ont-ils dit, manifester leur mécontentement face aux saccages et pillages de leurs boutiques et commerces perpétrés à l’occasion de la mutinerie des militaires qui secoue le Burkina Faso.

Des tourbillons de fumée à Ouaga

Aux environs de 9h, ce samedi, trois immenses tourbillons de fumée fusaient du centre de la ville. Les spectateurs éloignés se posaient des questions sur les causes de ces incendies. Pour coller à l’actualité du moment, certains ont vite conclu qu’il s’agissait encore des militaires. Mais il s’est révélé en réalité que c’étaient cette fois-ci les commerçants qui étaient à l’œuvre. A notre arrivée sur les lieux aux environs de 10h, les manifestants avaient déjà été dispersés par les forces de sécurité et les sapeurs- pompiers étaient venus à bout des incendies. L’Avenue Kwamé N’Krumah était interdite à la circulation, avec des barrages des forces de sécurité, dont certaines patrouillaient à moto, kalachnikov au poing. Le contraste avec l’Avenue Kwamé N’Krumah de naguère est saisissant.

Tout au long de l’avenue, dans une atmosphère chargée de fumée, des débris de verre, des cartons et des détritus de toute sorte jonchaient le sol. Sous le regard de quelques Ouagalais curieux, le siège du parti majoritaire finissait de fumer, les dernières étincelles éteintes par les sapeurs-pompiers. L’hôtel Splendid, voisin du siège du CDP, a reçu également la visite des manifestants, ainsi qu’un salon de coiffure. Un peu plus loin, sur l’Avenue de l’Indépendance, un bus de la SOTRACO finissait de calciner. La splendide façade de l’Assemblée nationale a essuyé des jets de projectiles, brisant les vitres. L’Hôtel de ville de Ouagadougou, contrairement aux rumeurs qui couraient, n’a pas été incendié. Il y a juste eu quelques bris de glace.

Un centre-ville fantôme

Dans la journée, le centre-ville ressemblait à une ville fantôme. Seuls des monceaux de cartons animaient le grand marché Rood-Wooko. Les quelques rares badauds qui circulaient se dirigeaient en toute hâte vers leurs domiciles, croisant de temps en temps des camionnettes transportant des marchandises que des commerçants "évacuaient" de leurs boutiques. Les forces de sécurité, notamment la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) et la gendarmerie, étaient omniprésentes, établissant des barrages interdisant tout accès au cœur de la ville, où tout était fermé. Autre omniprésence, celle des militaires, qui dans des véhicules 4X4 ou dans de simples voitures, armes au poing, slalomaient dans les artères de la ville, tirant de temps en temps en l’air.


Témoignages de commerçants pillés

- Idrissa Kagambèga : "La nuit, je craignais qu’une balle ne m’atteigne"

"Ma boutique a été vandalisée, c’est le constat que je fais ce matin. La nuit,je craignais qu’une balle ne m’atteigne. Mais je ne m’imaginais pas que là où je cherchais mon pain quotidien serait attaqué. Je n’ai vraiment rien à dire. Ce que nous avons leur appartient, c’est à eux également que revient la responsabilité de nous protéger. Mais s’ils décident de nous faire cela, nous ne pouvons rien dire. Nous ne nous soumettons qu’à Dieu et souhaitons qu’ils obtiennent ce qu’ils cherchent et qu’ils s’entendent avec leurs supérieurs, car nous ne sommes pour rien dans cette affaire. A mains nues, si nous décidons d’affronter des hommes armés, ce serait de la folie. L’essentiel est que les premières autorités s’activent à ce que la situation se rétablisse afin que nous puissions avoir de quoi entretenir chacun sa famille."

-  Issaka Zongo, commerçant : "Ils ont tout emporté"

"On m’a appelé ce matin quand j’étais toujours à la maison pour m’informer que ma boutique a été cassée la nuit. Le constat que je fais : rien ne reste dans ma boutique. Ils ont tout emporté. Ils ont même emporté certaines de mes marchandises qu’ils ont jetées dans les environs. Ce sont des gens qui me les ont ramenées. Mon coffre a été cassé. Ils ont emporté l’argent qui s’y trouvait aussi. Actuellement, j’attends que les constats soient faits avant de voir ce que je vais faire".

- Un commerçant : "Les puces étaient au moins 2 000"

"J’ai été interpellé par des amis me disant que des boutiques ont été vandalisées. Je me suis précipité. J’ai trouvé que les portables, les DVD, les appareils de musique, tout est parti. Ils n’ont rien laissé. Les puces étaient au moins 2 000. Ils ont tout emporté. Franchement, nous ne savons pas ce qu’ils faut faire. Je n’avais heureusement pas gardé de l’argent ici. Je demande aux autorités de nous aider parce que cette affaire nous dépasse maintenant".

Abdou ZOURE

Le Pays

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