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Ralliement des chefs militaires à ADO : Leçon d’une erreur américaine en Irak

Publié le jeudi 14 avril 2011 à 02h23min

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Parmi les scènes du dénouement de la guerre postélectorale ivoirienne le 11 avril 2011, il y a bien sûr celles qui passeront à la postériorité, montrant à l’hôtel du Golf un Laurent Gbagbo le regard hagard à qui on venait d’ôter les menottes et s’essuyant le corps, vêtu d’un simple sous-vêtement ; et Simone, son épouse, les cheveux ébouriffés (harachés par les forces républicaines) en pleurs sur un fauteuil. Grandeur et misère du pouvoir. Comme quoi entre le capitole et la roche Tarpéenne, il n’y a pas de place pour un papier à cigarette.

Une autre image est pratiquement passée inaperçue, car peut-être moins sensationnelle : celle du ralliement officiel, le 12 avril courant, des chefs militaires au numéro 1 de la Côte d’Ivoire : en effet, les Kassarate, Gue Bi Poin et surtout le général Philippe Mangou ont fait allégeance de façon solennelle à ADO.

Qui l’eût cru ? Mangou, ce bon vivant, bombardé général 4 étoiles par Gbagbo que la RTI présentait dansant le tohi-tohi aux côtés de son collègue de la rue, Charles Blé Goudé, et de ses loubards fanatisés chasseurs d’étrangers ; Mangou, le bras séculier du « Woody » de Mama, se rangeant du côté du président élu qu’il combattait seulement la veille ? C’était plus qu’improbable.

Vu qu’il doit tout à Gbagbo, vu qu’à un certain moment, le Premier ministre, Guillaume Soro, a usé de tout son tact pour le retourner en vain, on ne peut que saluer ces esquisses d’apaisement même si certains diront que l’ex-chef d’état-major de Gbagbo et ses collègues n’avaient pas le choix. Si ! Ces chefs militaires qui ont guerroyé auprès de l’ex-président avaient bien un choix : celui de se démettre !

Mais il y a une autre leçon à tirer de ce ralliement : ADO a évité l’erreur monumentale commise par les Américains en Irak : les Boys, en chassant le « Saladin de Bagdad », avaient concomitamment décapité l’armée, créant donc un embrouillamini politique et une situation kafkaïenne chez les soldats ; si fait que, de nos jours, ce sont des milices pratiquement qui tiennent lieu d’armée dans ce pays.

Le président oint par le scrutin du 28 novembre 2010, en acceptant cette allégeance, rapproche les deux armées, que le 19 septembre 2002 divise ; car, malgré l’Accord de Ouagadougou, qui prévoyait le désarmement et le commandement unifié, les Forces nouvelles n’avaient pas désarmé, et les forces de défense et de sécurité et ces forces nouvelles se regardaient en chiens de faïence.

Celui qui revient de loin et qui va véritablement s’asseoir sur le fauteuil présidentiel, qu’il a recherché depuis longtemps, montre par ce geste son visage d’homme d’Etat, fait preuve de courage politique, d’intelligence et d’anticipation.

Il aurait pu, comme le lui ont sans doute conseillé des proches, envoyer tous ces ex-ennemis au « gnouf » (prison) et radier toutes leurs troupes. Mais au lieu de cette humiliation, il les prend avec lui. Quelqu’un avait dit que le meilleur moyen de neutraliser un ennemi est de l’avoir à côté de soi.

Certainement ADO aura, lors de son quinquennat, à régler de nombreuses questions des soldats, dont, d’abord, celle de ceux mis à l’écart par Houphouët qui avait plus confiance aux Marsouins français ; puis l’épineuse question des grades pour ceux qui veulent faire carrière dans l’armée.

Sans oublier que le nouveau président aura la gestion des partisans de sa victoire : au-delà des combattants des Forces nouvelles fondues désormais dans les forces républicaines et de ceux du Commando invisible, il faudra bien que soit constituée une armée unique de Côte d’Ivoire.

Autrement dit, entre Guillaume Soro et ses com’zone d’une part et l’énigmatique « IB » de l’autre, ADO devra arbitrer. Chacun doit être à sa place pour la reconstruction d’un pays délabré par plus de dix ans de tâtonnements et d’impéritie de ses dirigeants.

Par cette acceptation de la soumission des patrons militaires, ADO amorce la réconciliation, sérinée tous les jours, il commence cette catharsis tant attendue par tous les Ivoiriens, laquelle pourrait être réalisée paradoxalement par lui, l’homme qui traîne une réputation d’étranger diviseur en Côte d’Ivoire.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

LObservateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 avril 2011 à 10:54, par espérance En réponse à : Ralliement des chefs militaires à ADO : Leçon d’une erreur américaine en Irak

    si ADO a accepté ce ralliement, cela montre que ce général avait les mains liées avec l’ancien président (Gbagbo). preuve ce sont les miliciens et la garde républicaine qui faisaient la loi à abdijan.
    je souhaite bien de choses à mes cousins ivoiriens (il faut le dire rare sont ceux qui n’ont pas un parent en ci)
    "si cela pouvait servir de léçons aux autres !!!!!!!"

  • Le 14 avril 2011 à 12:12, par Bark’ Biiga En réponse à : Ralliement des chefs militaires à ADO : Leçon d’une erreur américaine en Irak

    Bel article dont le contenu m’a plu. Je voudrais juste relever que les cheveux ébouriffés de Simone n’ont pas été "harachés" (même si elle n’a pas été traitée avec aménité), mais seulement "arrachés".

  • Le 14 avril 2011 à 14:56, par tiramakan En réponse à : Ralliement des chefs militaires à ADO : Leçon d’une erreur américaine en Irak

    Très belle analyse.

  • Le 14 avril 2011 à 15:13, par paix En réponse à : Ralliement des chefs militaires à ADO : Leçon d’une erreur américaine en Irak

    La seule chose que j’ai à dire à Mr. le président Ouattara est qu’il soit vigilant et trés très..., attentif. À ma connaissance même si on oblige le chat d’être le gardien de la souris, elle finira un jour par "dévorée par le même fameux chat". Le plus souvent, le chien a du mal a gardé très longtems la viande. Bref, c’est juste une petite mise à réfléxion. Que Dieu protège Mr. le président.

  • Le 15 avril 2011 à 03:19, par wenamso En réponse à : Ralliement des chefs militaires à ADO : Leçon d’une erreur américaine en Irak

    Il suffit pas de savoir écrire pour avoir la science infuse. Je voudrais juste vous rappeler que les Fds en réalité n’ont pas combattu sur aucun front mais les forces d’élites qui assuraient la garde rapprochée du président Gbagbo. Ils étaient estimés à un millier. Si mille soldat ont pu contenir pendant plusieurs jours un assaut final de quelques heures au point où l’armée française a dû intervenir
    Que serait-il arrivé si les 50000 soldats et gendarmes avaient combattu ?
    Ayez le triomphe modeste, ayons du respect pour les morts et qui sait peut être que la réconciliation aura lieu

  • Le 15 avril 2011 à 05:11, par ABIDJAN/COCODY En réponse à : Ralliement des chefs militaires à ADO : Leçon d’une erreur américaine en Irak

    Ne vous en faites pas les gars !Je crois que quand on échappe à un assassinat on doit savoir s’y prendre.D’ailleurs,ne sait-on pas que l’on apprend pas à faire la grimace au vieux singe ?Le vrai Dieu a donné la feuille de route à ADO.Il a échappé à beaucoup d’embuscades que lui a tendu M.Gbagbo depuis 2000.Il a été traité de MOSSI ici à Abidjan donc pas de question qu’il soit vaincu puisse qu’il a,ipso facto,la bénédiction des burkinabè quoique victimes des tueries de mercenaires à Mossikro(Yopougon) depuis dimanche surpassé.
    Vive ADO et VIVE le retour de la paix en RCI !
    Que la Sagesse de Dieu habite en lui afin qu’il puisse gouverner dans l’union et la réconciliation des cœurs,AMEN !

  • Le 15 avril 2011 à 05:52, par ABIDJAN/COCODY En réponse à : Ralliement des chefs militaires à ADO : Leçon d’une erreur américaine en Irak

    Tu feras mieux de te renseigner mon frère !Je crois que tu es ignorant sinon je dirai idiot tout simplement.Gbagbo a utilisé près de 40 chars,10 orgues de Staline, des missiles sol-air,des obus dévastateurs à Tiébissou,Daloa,Yamoussoukro contre les FRCI et surtout contre les civiles.Il a fait miner toutes les voies d’accès à Abidjan.Sa résidence est minée à 500m autour,même la présidence est minée par ses mercenaires angolais réputés en la matière je t’informe.J’habite à 800m de la résidence ici à Cocody.Des éléments FRCI,venu récupérer des véhicules de l’Etat dans notre parking nous ont confirmé cela et ont même appelé les gens à éviter de marcher sur le gazon dans tout Cocody.Malgré tout ils ont capturé "le machiavel des lagunes" avec sa myriade de pasteurs qui ne méritent même pas la géenne.L’armée des anges est intervenue certes,mais du côté de la vérité donc des FRCI.Le clan gbagbo n’avait imaginé un seul instant qu’il existait des armes pouvant détruire ces chars bien blindés.Nous disons encore merci à la LICORN de nous avoir sauvé en utilisant 6 hélico PUMA pour secouer nos appartements afin de mettre ces engins assassins hors d’état de nuire.Les missiles nous ont tenu éveillés jusqu’au matin du 11,mais on rend grâce à Dieu pour le résultat obtenu.Si tu es protestant,c’est ton problème !Inconscient hypocrite !Continuez de diaboliser Dieu,il a choisi ADO !

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