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Nouveaux grades dans l’Armée : Silence, on contente

Publié le lundi 27 septembre 2004 à 07h33min

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Le vocabulaire militaire vient de s’enrichir au Burkina. Si le grade de caporal-chef ne fait qu’un retour, ça ne semble pas être le cas de celui de colonel-major. Pour ce dernier grade, il y aura sûrement des petites difficultés verbales au début pour les moins gradés. Ils vont certainement hésiter entre ’’oui, mon colonel’’, ’’oui, mon major’’ ’’affirmatif, mon colonel-major’’. Mais on s’habitue à tout.

L’opinion nationale y va de ses commentaires, de ses supputations depuis que la nouvelle concernant ces nouveaux grades est tombée. Pour certains, très peu nombreux, Yéro Boly tient à marquer d’une pierre blanche le ministère de la Défense. Ainsi, ce civil se ferait une place et se forgerait une personnalité dans un milieu qui non seulement n’est pas le sien, mais qui en plus accepte difficilement les ’’étrangers’’. Qui dit grande muette dit méfiance, surtout dans le contexte burkinabè où les militaires ont été plusieurs fois aux commandes de l’État.

D’autres Burkinabè pensent que ce sont les embouteillages au niveau de certains grades qui ont motivé la décision. Il faut effectivement reconnaître que nous vivons aujourd’hui l’époque des colonels. Des colonels, nous en avons. Leur nombre a bondi à tel point que si l’armée continue à s’intellectualiser, personne ne fera ’’garde-à-vous’’ à personne. Mais le foisonnement des colonels explique-t-il ou suffit-il à expliquer la création de deux grades intermédiaires ? Il y a place au doute, quand on jette un coup d’il en arrière pour revoir les secousses qui ont traversé l’Armée.

On s’arrêtera surtout sur le mécontentement très perceptible né de la correction de l’âge de la retraite. Les militaires estiment que, sur la question, il y a eu deux poids deux mesures. Pour eux, on a divisé le bonus de cinq ans par cinq. Dans les garnisons, ça sentait le roussi. Certains n’hésitaient pas à dire ouvertement qu’ils étaient victimes d’une injustice que l’histoire du Burkina allait garder dans les annales.

Or, des mécontentements naissent les foyers de tension qui engendrent les coups de force. Les autorités se sont donc dit qu’il ne fallait pas jouer avec le feu. Tout bon gouvernement en Afrique sait qu’il ne faut pas prendre de risques avec les bidasses.

Cette explication collée à la précédente est bien séduisante. Et dans cette affaire, si les ardeurs se calment, ce sera Yéro Boly qui ramassera les dividendes politiques et, par ricochet, le chef de l’État.

M. J. Mimtiiri

Journal du jeudi

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