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MUTINERIES DANS L’ARMEE : Comment résoudre le malaise ?

Publié le mercredi 30 mars 2011 à 02h43min

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Après la nouvelle révolte de militaires à Fada N’Gourma, on ne peut plus nier le fait qu’un malaise traverse la Grande muette. Sans excuser les actes de défiance vis-à-vis de la justice et de vandalisme dont ont été victimes les commerçants, il est honnête de reconnaître que ces sautes d’humeur sont la conséquence d’un mal-être. Les problèmes judiciaires sont devenus un prétexte, un exutoire, pour exprimer le mécontentement d’un corps. On peut certes rétorquer que les manifestants sont minoritaires. Mais n’expriment-ils pas, à leur façon, la grande peur du lendemain qui étreint la majorité des soldats burkinabè ?

Dans une démocratie, le fonctionnement de l’armée doit se faire dans la plus grande transparence. C’est pourquoi il est temps qu’un diagnostic approfondi des problèmes de l’armée burkinabè soit fait - si ce n’est pas encore le cas - et que surtout des solutions rapides et justes leur soient apportées. La nomination d’un civil comme ministre de la Défense et des anciens combattants, en l’occurrence Yéro Boly, avait laissé planer l’espoir d’une modernisation et d’une professionnalisation plus accentuées de l’armée.

Des innovations ont en effet été apportées et on a vu les efforts de communication qui sont menés sur la nouvelle armée à laquelle aspire le Burkina. Mais le rythme des réformes est sans doute trop lent. Alors, face à l’impatience des hommes, que faire ? Il y a sans doute les solutions d’urgence, comme le fait d’endiguer la contagion des soulèvements contre les décisions de justice (en fait un prétexte), et celles qui consistent à prendre des mesures pour restaurer la sérénité au sein des troupes. Dans tous les cas de figure, l’heure d’une introspection profonde est venue, où il doit être permis à tous de s’exprimer.

Des états généraux de l’armée ? Pourquoi pas. En tout état de cause, un exercice de ce type doit aussi recueillir les propositions d’institutions ressources extérieures à l’armée (société civile, classe politique, etc.). Cela peut contribuer à enlever ce voile opaque qui couvre ce corps. Si le peuple, duquel émane l’armée, connaît les difficultés que vit cette dernière, les relations sont forcément appelées à s’améliorer. Or, on sait très peu, malgré les efforts de communication récents, des conditions de vie de la troupe. Les clichés sont tenaces et finissent par l’emporter sur la réalité. Une chose est sûre cependant, le coup de sang de certains soldats, que l’on a pu observer ces derniers jours, est aussi l’expression de frustrations longtemps contenues.

Pourtant, une armée professionnelle, dans un Etat de droit, ne peut s’accommoder de ces turbulences récurrentes. La gouvernance militaire doit donc aller de pair avec les grandes évolutions démocratiques. L’armée ne peut pas rester en marge du processus général dans lequel le pays est engagé. Il y va non seulement de sa crédibilité mais aussi du bien-être des militaires eux-mêmes. Il n’ y a rien de tel qu’une armée où chaque élément accepte sa place obtenue par le mérite. Cela passe par une gestion juste, transparente et démocratique de l’institution.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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