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Syndicat national des entrepreneurs du BTP : Une assemblée générale sur fond de crise

Publié le mardi 15 mars 2011 à 01h11min

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L’assemblée générale du Syndicat national des entrepreneurs du Bâtiment et des Travaux publics (SNEBTP) arrachée après maintes interpellations du bureau sortant s’annonce très houleuse pour le samedi 19 mars 2011 prochain au domicile de son président à Ouagadougou. Les membres reprocheraient, à l’équipe dirigeante, beaucoup de griefs, notamment une gestion calamiteuse et opaque de cette organisation sociale.

Il a fallu qu’une grande partie des membres du Syndicat national des entrepreneurs du Bâtiment et des Travaux publics (SNEBTP) donne de la voix pour obtenir la convocation d’une assemblée générale statutaire qui aurait dû se tenir depuis 2009, selon les statuts et règlement intérieur. C’est dire que l’équipe dirigeante actuelle ne jouit plus d’aucune légitimité pour conduire cette organisation syndicale. Le comble, c’est que cette grande association patronale, sans doute la plus grande et la plus importante du pays, tant elle compte au sein de ses membres tous ceux et celles que le Burkina Faso dispose de géants économiques intervenant dans les infrastructures routières et immobilières, les barrages, les ouvrages d’art, les bâtiments … végète et connaît une impasse sans précédent depuis plusieurs années. Les instances de l’organisation (comité exécutif, bureau exécutif) n’ont presque jamais été convoquées depuis leur élection.

Au grand désarroi des membres, cette démission sans nom a fragilisé le rôle de partenaire social du SNEBTP. Du coup, sa force de représentativité, de proposition, de contribution et de lobbying s’est vue très réduite et accentuée par un mutisme total dans le débat national et la défense des intérêts de la corporation.
Cette rencontre dont on a forcé la main augure des échauffourées. Tant il est vrai qu’ils sont de plus en plus nombreux à décrier le mode de gestion de ce mouvement social qui cache à la fois des milliardaires heureux, des opérateurs errants ou écrasés et des promoteurs surendettés. Depuis l’accession du richissime homme d’affaires et pionnier national des BTP à la tête de ce syndicat en 2004, cette organisation faîtière qui devait jouer les premiers rôles dans un secteur aussi exigent et en plein essor comme les BTP a malheureusement sombré dans une léthargie.

Cette situation a mis à nu l’incompétence totale du Secrétaire Général à animer cette importante organisation et s’est confirmée avec le vide que celui-ci a réussi à créer autour de lui. Au point de ne plus disposer d’un secrétariat permanent pour la simple réception du courrier. Du coup, le puissant syndicat au pied d’argile ne parvient plus à assumer ses obligations de représentation au sein de certaines commissions ou conseil d’administration tels ceux du Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP) dont le fonctionnement et les avis sont pourtant vitaux pour ce secteur d’activités et ses animateurs. Le copinage a pris le dessus sur la reconnaissance du mérite et l’exigence de la qualité.

Les médailles mises à la disposition du Syndicat par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) pour honorer les membres les plus battants sont accaparées par le Secrétaire Général et distribué par ses proches. Après s’être bombardé « Officier de l’Ordre du mérite », celui à qui beaucoup reprochent le fait de ne posséder aucune société dans le secteur en fait en sa tête en multipliant les intrigues ayant déjà engendré des scissions et des départs vers le syndicat mis sur pied par Thomas Bagré qui se trouve être seul à porter le fardeau, trop lourd, de tous les dysfonctionnements constatés et ressentis dans le secteur des BTP.

Conscients de cette réalité avilissante du SNEBTP, certains entrepreneurs, reconnus à raison comme les porte-flambeaux dans le secteur, refusent d’y adhérer pour ne pas être complice d’une machination autour d’une coquille vide. Les frondeurs estiment que cela est pitoyable voire insultante pour une organisation d’une telle envergure.

Cette incapacité à défendre les intérêts de ses membres a ouvert la voie à tous les coups bas dans la corporation, sonné le bon temps de tous les prédateurs et semer le désordre dans le secteur. Face à un syndicat dont l’éthique et la déontologie sont de vains mots, certains entrepreneurs se sont vus ainsi réduits à l’inactivité depuis des années. Sans le moindre marché, le matériel acquis dans ce domaine est immobilisé à perte. Ils sont piétinés par des arrivistes sans foi ni loi. Toute cette situation a engendré un climat délétère au sein du syndicat. Cela ne rend pas possible de s’attaquer aux préoccupations du moment en vue de défendre une position commune et unanime auprès des pouvoirs publics et des bailleurs de fonds. De frustration en frustration, les murmures se sont transformés en grogne. Une majorité de vrais acteurs des BTP réclame la révolution de leur organisation.

Elle entend mobiliser toutes les forces internes ou actuellement externes au syndicat pour ouvrir une nouvelle ère en vue d’assainir et asseoir une certaine morale dans un milieu aussi vital pour l’avenir du développement et l’économie du pays. Ce face-à-face de vérité et de refondation passe par l’AG du samedi 19 mars 2011 avec une inquiétude de taille. Annoncée précédemment pour se tenir à la chambre de commerce et d’industrie, cette rencontre aura finalement lieu au domicile du président sortant. Ce qui suscite des interrogations à savoir si les dés ne sont pas pipés pour limiter les marges de manœuvres des frondeurs qui se trouveraient ainsi acculés en terrain conquis. Toutefois, l’intérêt supérieur semble activement guider les adeptes de la refondation qui sont vraiment animés d’un élan de donner du poids au SNEBTP dans le paysage socio-économique national à l’image du béton et du fer. « Soit ça passe, soit ça casse », a-t-on entendu clamer. Wait and see.

Samba BILA

L’Indépendant

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