Il n’est plus aussi serein que de par le passé et s’est d’ailleurs déclaré, contrairement aux insurgés, favorable à l’offre de médiation du président vénézuélien, Hugo Chavez. Son offensive médiatique et diplomatique a lieu parallèlement aux combats militaires. Le roi des rois a même franchi le Rubicon en mettant à prix la tête du chef de file des insurgés. C’est dire qu’il ne faiblit pas dans sa détermination à en découdre, sur le plan militaire, avec ses adversaires. Dans ces conditions, on peut dire que le Guide souffle le chaud et le froid. Mais beaucoup plus le chaud. Cela n’est pas étonnant. Les choses ont été faussées dès le départ avec la volonté affichée par le régime libyen d’écraser dans le sang la rébellion et au regard des qualificatifs pour le moins ignobles attribués aux manifestants.

Sur le front des opérations militaires, les insurgés appellent de plus en plus à l’aide même s’ils ne veulent pas, dans l’ensemble, d’un débarquement militaire étranger sur leur sol à cet effet. C’est de leur part un aveu que les choses se compliquent sur le terrain. On ne doute point de la puissance de feu dont dispose le dirigeant libyen et du peu de considération qu’il accorde à la vie humaine. Le Guide est si altier qu’on l’imagine difficilement baisser les bras dans cette bataille. Il est dans la posture de celui qui va partir, mais pas à n’importe quelle condition. Ce faisant, les Occidentaux devront redoubler de vigilance face à cette opération de charme. La France, en tout cas, n’y a pas succombé, elle qui a reconnu l’insurrection.

C’est vrai que Kadhafi a investi beaucoup dans certains pays et que les intérêts de bien des multinationales, surtout du secteur pétrolier, sont énormes dans son pays. De plus, certaines personnes craignent le risque de la montée en force du péril islamiste dans la zone avec ce conflit. Tout cela n’est pas de nature à faciliter la prise de décision par les grandes puissances occidentales. Mais, celles-ci doivent se saisir de l’occasion pour trouver la formule juste pour faire entendre raison au Guide et sauver encore des vies humaines. En d’autres termes, il faut savoir tirer le meilleur profit de cette démarche de Kadhafi. Au plan militaire, il semble reprendre du poil de la bête avec ses bombardements quotidiens. En face, les insurgés semblent accuser le coup malgré leur grande détermination, pendant que les Occidentaux peinent à se décider pour la zone d’exclusion aérienne. La situation humanitaire est critique et si rien n’est fait au plus vite, elle pourrait évoluer de mal en pis.

Il faut éviter, pour une fois, les atermoiements qui prolongent inutilement le martyre des populations prises dans le piège infernal des combats.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays