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Côte d’Ivoire : Y a-t-il encore autre solution que la guerre ?

Publié le mercredi 2 mars 2011 à 07h00min

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Ernest Renan affirmait que pour qu’une Nation existe, il faut deux conditions : 1 - “la possession en commun d’un riche legs de souvenirs”, c’est-à-dire avoir connu des tragédies, tout comme des moments de gloire dans l’unité. 2 - “l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble”, à savoir avoir fait des choses ensemble, vouloir en faire davantage.

Depuis plus de 10 ans, la Nation ivoirienne s’effrite avec une accélération de cette desquamation nationale ces 5 dernières années. Les causes de cette anomie ont pour noms : boulimie du pouvoir, ethnicisme, injustice... Depuis la disparition du père de la Nation en 1993, ses héritiers ou prétendus tels ont mal assumé son héritage, vendangeant ce que Houphouët avait installé comme acquis principal : la paix.

Au fil du temps, on en vient à se convaincre qu’aucun de tous ceux qui prétendent sauver la Côte d’Ivoire n’en ont ni la volonté, ni la capacité : d’un côté, le camp Gbagbo, arc-bouté à ses vérités constitutionnelles et nationalistes ; de l’autre celui d’ADO, adossé à sa victoire, reconnue par la Communauté internationale, qui n’a de communauté que de nom, puisqu’elle s’est lézardée depuis des lustres ; une communauté qui assiste impuissante au pourrissement de la situation en Côte d’Ivoire avec un retour des tueries du début de la rébellion en 2002.

En vérité, depuis le coup d’Etat manqué des Forces nouvelles le 19 septembre 2002, la violence fit des ravages sous des apprêts différents, mais ces dernières semaines, elle devint plus dévastatrice : des assassinats n’y sont pas sans rappeler ces escadrons de la mort, de sinistre mémoire, et prennent une gravité singulière avec l’apparition du fameux commando invisible, sur lequel plane l’ombre du sergent-chef Ibrahim Coulibaly, dit “IB”.

Est-il derrière ce mouvement dénommé “Forces de défense et de sécurité impartiales”, qui font le coup de feu contre les Forces de défense et de sécurité de Gbagbo dans le quartier d’Abobo ? Dans ce cas, agit-il de son propre chef ou sur ordre d’ADO dont il a été le garde du corps des enfants ? S’est-il réconcilié avec Guillaume Soro pour casser du Gbagbo quitte à solder ses comptes après avec celui qu’il accuse de lui avoir volé sa “rébellion” ? On se perd en conjectures et on reste circonspect, tant le caractère sulfureux de ce beau soldat et son parcours, sinusoïdal, troublent toujours les esprits.

Pour l’instant, les combats se poursuivent à l’Ouest, et avec l’abcès d’Abobo en plein cœur d’Abidjan, les Cassandres avaient vu juste en prédisant l’imminence de la guerre civile, qui est bien réelle dans ce pays. Que valent donc les gesticulations diplomatiques de nos jours, ou tout semble indiquer que la solution semble résider dans l’épreuve du feu ?

Qu’attendre de la réunion-bilan des panélistes de luxe prévue pour le 4 mars prochain à Nouakchott ? Qu’espérer de ces panélistes qui ont été instruits par l’UA pour jouer les prolongations ? N’est-il pas trop tard pour le dialogue ? N’est-il pas temps, comme commencent à le susurrer certains, que l’irruption dans l’arène politique d’un troisième homme, de l’étoffe d’ATT, d’Ely Ould Vall ou de Salou Djibo se fasse sur les bords de la lagune Ebrié ?

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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