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Excision : Entre modernisme et tradition, elles n’arrivent pas à faire la synthèse

Publié le vendredi 24 septembre 2004 à 05h33min

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13 femmes ont été condamnées, mardi 21 septembre 2004, à des peines allant de 3 mois à 3 ans de prison ferme pour pratique d’excision. L’une d’elle, Mme Barry Adama écopa de 3 ans de prison, certainement parce qu’elle persiste dans cette pratique traditionnelle abrogée par le code pénal.

C’est en se fondant sur les articles 66, 67, 380 du code pénal que le tribunal a condamné Mme Barry, la récidiviste (elle en est à la 5 fois) et les 12 femmes qui ont fait exciser leurs filles. Celles-là passeront désormais 3 mois dans les locaux de la MACO, Mme Barry ayant pour 3 ans ferme.

En prison, elles auront à réfléchir sur leur acte. Ce verdict, à n’en point douter servira de leçon à toutes ces femmes qui étaient devant le tribunal pour la première fois (les 12). Durant tout le procès qui a duré au moins 2 heures d’horloge, elles ont présenté un visage pâle et un humour déconcertant. Perdues au milieu de plusieurs centaines de gens qui par moment rigolaient de leur sort et qui n’ont de cesse tendu les oreilles à leurs aveux !

L’ambiance était très triste ! L’histoire commune de ces 14 personnes était assez originale. C’est après quelques conciliabules que les femmes avaient décidé lors d’un mariage tenu le 13 août 2004 de faire exciser leurs filles qui n’ont guère plus de 6 ans (il y en avait même de 3 ans). L’opération s’est passée à un endroit caché dans la cour de M. Tiendrébéogo Rasmané. C’est d’ailleurs pour cette raison que celui-ci a comparu devant le tribunal pour complicité et irresponsabilité.

Mais, il plaida contre et fut acquitté. En effet, M. Rasmané a soutenu mordicus qu’il était absent au moment des faits et qu’il n’a jamais été avisé. Toutes les femmes ont reconnu leur erreur et ont demandé pardon pour leur acte. Elles ont en outre décidé de ne pas répondre dans un franc parler aux questions du tribunal. Elles ont avoué qu’elles ne savaient pas pourquoi elles avaient commis un tel "délit", elles ne connaissaient pas non plus l’intérêt de l’excision.

Tant de réponses insipides qui laissent croire que beaucoup de femmes n’arrivent pas à faire la part des choses ; elles ne comprennent pas encore que l’excision met en danger la vie et l’avenir de leurs filles ; elles ne savent pas que cette pratique n’est pas une panacée à la dépravation. Beaucoup de choses restent à faire et il appartient à chacun de lutter, à sa façon, dans sa famille, dans son village et quartier à l’éradication de l’excision.

Raogo Hermann OUEDRAOGO (Stagiaire)
Sidwaya

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