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Musique : le coup de pouce des rappeurs burkinabè

Publié le vendredi 24 septembre 2004 à 05h46min

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Les « yoyos » comme certains aiment à les appeler non sans une petite pointe de mépris, ont apporté une touche particulière à la musique burkinabè. Oui il faut le dire tout net, les Rappeurs ont mis la musique du Faso sur une bonne rampe de lancement. Elle qui ne faisait que subir l’envahissement incessant des notes musicales venant des bords de la lagune Ebrié.

Le mouvement hip-hop a tout changé dans le show biz du Faso, qui selon certains commence par exister grâce au courage et à la sagacité des Rappeurs dans leur pantalon « pas-la-peine-de pousser y a de la-place-pour-deux ».

En effet avec l’extravagance de leur habillement, les jeunes Rappeurs peuvent en décevoir plus d’un et pourtant il ne faut point confondre l’habit et la valeur artistique. Il y a de la créativité dans les œuvres hip-hop. Qui n’a pas eu un jour ou l’autre à fredonner le refrain de « Wemmteng-cla » à savoir « ici au Faso, la vie est dure, lebg wa, y a fo bala rabta ». Du groupe « Yeelen » on ne peut oublier la dénonciation avec les mots qu’il faut des conditions de vie à l’hôpital Yalgado et même des coupures d’électricité de la nationale du jus courant électrique.

Tout cela a été tellement bien dit et bien rimé que personne ne peut s’en plaindre si non que travailler à améliorer les conditions et les prestations. Le jeune Rappeur Smokey, lui a dénoncé en son temps la ruée des jeunes vers les Etats-Unis d’Amérique et l’Europe avec les mots qu’il faut pour une prise de conscience de la jeunesse sur le travail à faire dans la mère patrie.

Wedjack et autres font aussi avec un grand travail artistique. Et c’est tout cela qui fait le mouvement hip-hop au Faso et leur cadre privilégié, le CENASA mérite un détour pour tout le monde lorsque « ces enfants s’y produisent ». C’est un régal.
Ils n’ont que leur bouche et leurs tripes sans une grosse machinerie dernière eux comme les musiciens classiques, mais ils tiennent la salle en haleine pendant des heures. C’est hautement artistique.

Pour certainement donner plus de poids à leur créativité et aussi avoir avec les réticents qui assimilent le Rap à la voyoucratie, eh bien, les jeunes Rappeurs vont chercher dans la case à grand’mère les chansons qui ont fait vibrer des générations entières. Cela donne avec Faso Kombat « Pananki Pananzoï », une reprise avec des touches Rap du célèbre morceau du doyen Jean-Claude BAMOGO dit Man.
Cette chanson a été reprise par l’orchestre de la Police avec Zaksoba Seydou KOUANDA. Il y avait mis sa touche avec plein de grivoiserie. La touche Zacksoba avait son charme.

Maintenant on a la griffe « Faso Kombat », une griffe Rap qui détonne. En tirant esprit de l’œuvre de Jean-Claude BAMOGO dit Man, les jeunes de Faso Kombat dénoncent le mariage forcé et appellent à l’amour pour le pays, le Burkina. Ils n’entendent pas fuir la mère patrie tout bêtement parce que la vie est dure ici, « non ça jamais ».

En mélangeant leurs propres thèmes à celui du Vieux Père BAMOGO, Faso Kombat fait prendre à l’œuvre un nouvel envol. On l’avait aimé au bon vieux temps, on l’adore aujourd’hui avec cette touche hip-hop et pratiquement tout le monde s’y retrouve de 7 à 77 ans.

Avec Faso Kombat, il y a les « Sofaa » qui nous viennent avec « Samedi sera » une version revue et corrigée du fameux tube de feu Fodé KOUYATE « N’teriké ». Avec du vieux, les « Sofaa » ont fait du nouveau, ce qui ne réussit pas toujours, mais avec l’esprit créatif des Rappeurs, il n’y a rien d’étonnant à ce que la mayonnaise prenne. Et « ni samedi sera » est plus qu’une chanson, c’est un tube.
Le mouvement hip-hop gratte là où il faut ; la musique congolaise a toujours donné la preuve que rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.

Du Kwasa-kwasa, au N’dombo, Bathchégué, et autres, les artistes congolais ont toujours travaillé sur ce qui existe pour assurer leur envol. Les jeunes Rappeurs ont eu le nez comme ce fut le cas de Tall MOUNTAGA avec « Burkina gigamix ». La roue existe depuis longtemps, il ne faut plus perdre du temps à vouloir l’inventer.

Loin de nous l’idée d’encourager les plagiats, mais il faut reconnaître qu’il y a eu un travail gigantesque fait par les anciens sur le plan thématique et sur le plan rythmique. C’est une banque de données et une base solide sur laquelle on peut s’appuyer pour décoller. Et c’est là tout le génie des Rappeurs ; ils n’ont pas fini de nous étonner.

par Issa SANOGO
L’Opinion

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