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RETOUR ANNONCE DE RAVALOMANANA : Viendra, viendra pas ?

Publié le vendredi 18 février 2011 à 01h35min

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Antananarivo, la capitale malgache, a été en 2009 le théâtre d’une crise politique majeure opposant le président Ravalomanana, alors président de la république, au jeune maire de la ville, Andry Rajoelina dit TGV. Avec la bénédiction de l’armée, ce dernier est parvenu à contraindre Ravalomanana à l’exil. Alors qu’on se prépare à finaliser la feuille de route (plan de sortie de crise élaboré par le représentant de la SADC), Marc Ravalomanana annonce son retour ce samedi 19 février sur la Grande Ile comme pour prendre en main sa destinée politique. Mais comment en est-on arrivé là ?

Non satisfait de l’avoir évincé du pouvoir, le nouveau régime l’accuse de crimes économiques et de sang. Ce qui lui a valu une condamnation, par contumace, aux travaux forcés à perpétuité. S’il rentre, il risque, à l’instar de Baby Doc d’Haïti, d’être directement conduit pour être entendu ou même pour purger sa peine. Toute chose qui compromettrait in fine sa carrière politique. En fait, pour TGV, tant que Ravalomanana est à l’extérieur, il est inoffensif. Par contre, son retour constitue une menace pour lui. Car, même si les partisans de l’ancien président n’ont pas appelé, du moins pour le moment, à manifester, ils prévoient de sortir massivement pour lui réserver un accueil chaleureux.

Si le régime en place voit cela d’un mauvais oeil, il y a lieu de craindre la tournure que pourraient prendre ces événements. En tout cas, on voit mal Andry Rajoelina faire la part belle à l’ancien président. Il est soutenu par la médiation qui l’a chargé de diriger la transition. Joaquim Chissano, qui conduit la médiation, semble avoir mis beaucoup d’eau dans son vin. Andry Rajoelina n’est plus le pestiféré du début de la crise. Quand on sait que l’ancien Disc Jockey a revu à la baisse l’âge requis des présidentiables, il ne serait pas étonnant qu’il veuille tenir à l’écart tous ceux à même de se poser en obstacles à sa marche vers une présidence qu’il veut légitime et légale. Et ça, Ravalomanana le sait.

Cela fait deux ans que celui-ci annonce son retour. Cette fois sera-t-elle la bonne ou est- ce une nouvelle surenchère ? Rien n’est moins sûr . En effet, la sortie de Ravalomanana ressemble fort à un coup de bluff . Face à l’isolement croissant dont il est l’objet, l’ancien président a besoin de coups de pub médiatique pour ne pas tomber dans l’oubli. Peut-être veut-il aussi prouver au peuple malgache qu’il ne se reproche rien. Ce qui suppose qu’il fait entièrement confiance à la Justice de son pays pour dire le droit, et rien que le droit. En tout état de cause, Andry Rajoelina est bien parti pour être président.

Il organisera la présidentielle, prévue pour mai 2011, et la remportera haut la main, sauf si un coup d’arrêt est mis au processus d’une façon ou d’une autre. Si les choses se passaient ainsi, on pourrait donc dire adieu à une démocratie apaisée et consensuelle à Madagascar. La morale de cette crise, c’est que malheureusement, en Afrique, la démocratie du plus fort est toujours la meilleure. En un mot comme en mille, Ravalomanana est le grand perdant de cette crise.

Boureima DEMBELE

Le Pays

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