LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Moubarak plie l’échine

Publié le vendredi 11 février 2011 à 01h10min

PARTAGER :                          

La contestation populaire née sur les rives du Nil, il y a plus de deux semaines, et exigeant le départ de Moubarak du pouvoir a atteint son paroxisme le jeudi 10 février. A cette date, en effet, le président égyptien ,Hosni Moubarak, devait faire une adresse à la nation et on s’attendait à ce qu’il rende enfin le tablier.

Le Pharaon pariait sur la lassitude du mouvement qui, depuis maintenant trois semaines, exigeait son départ pur et simple du pouvoir. Erreur ! Plus les jours passent, plus la manifestation draine du monde, aussi bien dans la capitale, Le Caire, qu’à l’intérieur du pays. En effet, la place Tahrir a hier nuit mobilisé plus de 200 000 manifestants qui attendaient autour de 20h GMT une adressse de Moubarak pour annoncer, semble-t-il, son départ.

Au moment où nous bouclions ces lignes, on n’était pas encore situé sur le sort du raïs. Mais tout porte à croire qu’on procédait aux derniers réglages. S’appuyant sur le fait que son pays est au centre d’un maillon géostratégique dans un pourtour méditerranéen particulièrement trouble, il avait jusque-là refusé de partir avant la fin de son mandat, qui expire en septembre.

“C’est moi ou le chaos”, avait-il lancé dans sa dernière allocution, brandissant le spectre d’une déflagration généralisée si, comme Ben Ali, il était contraint de fuir précipitamment. Il était d’ailleurs soutenu en cela par l’Occident, particulièrement l’Amérique, qui soutenait les révendications démocratiques du peuple égyptien et craignait en même temps un départ trop brusque du Raïs.

La ténacité des croquants de la place Tahrir pourrait avoir finalement raison de tous ces scrupules politiques, diplomatiques, militaires et même économiques. Avant son jour de chute, l’octogénaire n’a pas manqué de faire des concessions : il a beau nommer un vice-président qui n’est autre que le patron des renseignements généraux, nommer un Premier ministre, lever l’état d’urgence en vigueur depuis 30 ans, promettre que ni lui ni son dauphin putatif, Gamal, ne briguerait la magistrature suprême, rien n’y fit.

C’était un peu trop tard pour une population qui vit depuis plusieurs décennies sous la férule d’un dictateur dans un pays qui était un camp de concentration à ciel ouvert, avec la bienveillante complicité des Occidentaux. La page Moubarak est peut-être en train d’être tournée dans la douleur, même si celles qu’il reste à écrire dans l’histoire de l’Egypte sont encore pleines d’incertitudes.

Par Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique