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Mamadi Bila, président de Réveil club de la diaspora burkinabè en CI : "Il y a un véritable problème à résoudre en Côte d’Ivoire"

Publié le vendredi 11 février 2011 à 01h10min

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Il est Burkinabè et vit en Côte d’Ivoire où il mène ses activités professionnelles depuis des années. Lui, c’est Mamadi Bila, président de Réveil club de la diaspora burkinabè vivant en Côte d’Ivoire et secrétaire général à l’organisation de la FEDAP/BC/CI. Au lendemain du second tour de la présidentielle du 28 novembre 2010 en Côte d’Ivoire, il a dû regagner le Burkina parce que, nous a-t-il dit, sa vie y est menacée. Mamadi Bila nous l’a confié au cours d’un entretien, que nous avons eu avec lui sur la situation en Côte d’Ivoire à notre rédaction le samedi 5 février dernier.

Quelles sont les raisons de votre long séjour au Burkina Faso alors que nous savons que vous résidez en Côte d’Ivoire ?

Mamadi Bila Permettez-moi de faire la genèse de mes activités au pays. En fait, depuis 1992, je suis membre des ABC (Amis de Blaise Compaoré). Ainsi, de temps à autre, je viens au Burkina. J’ai ainsi décidé d’apporter, dans la mesure de mes capacités, ma petite contribution au développement de notre chère patrie. Ce faisant, j’ai ainsi participé en août 2010 à des activités de campagne de reboisement, des séances de don de sang, etc.

C’est ainsi que pendant notre séjour, nous avons eu l’opportunité de rencontrer certaines autorités politiques de ce pays, en l’occurrence Roch Marc Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale. A la faveur de cette entrevue, nous avons fait la promesse de nous engager pour la campagne présidentielle de 2010. Ce qui a valu une invitation que nous avons acceptée. Ainsi sommes-nous venus au pays sous le couvert du Larlé Naaba et après l’élection, je suis reparti en Côte d’Ivoire. Mais, comme le climat socio-politique en Côte d’Ivoire se dégradait, j’ai dû revenir au Burkina.

Est-ce la morosité des affaires en Côte d’Ivoire qui vous a poussé à rentrer au Burkina ou est-ce parce que votre vie y était en péril ?

Honnêtement, il faut le dire, c’est une première qu’une jeunesse de la diaspora vienne prendre part à une campagne électorale pour son candidat. Notre candidat était Blaise Compaoré qui, il faut le noter, n’est pas applaudi aujourd’hui par le camp de Laurent Gbagbo, président sortant de la Côte d’Ivoire. Je dois le dire, j’ai été l’objet de menaces émanant des gens de son camp. Ce ne sont pas des menaces de politiciens mais ce sont des personnes de mon voisinage qui me connaissent pour ma prise de position, pour mon adhésion aux idéaux du président Blaise Compaoré. C’est au regard justement de ces menaces, verbales et/ou téléphoniques, que des hommes bien avisés comme le Larlé Naaba m’ont demandé de revenir au pays.

Pourquoi n’avez-vous pas pris attache avec les autorités compétentes ivoiriennes pour dénoncer ces menaces qui pesaient sur vous ?

Vous savez qu’avec le climat politique qui règne en Côte d’Ivoire, il est quasiment difficile de déposer une plainte qui sera entendue de la bonne oreille. En plus, le contexte politique très dégradant qui y prévaut ne laisse personne indifférent et incite naturellement à prendre des mesures précautionneuses. J’ai trouvé qu’il était effectivement opportun que je rentre au pays.

Vous mêliez-vous du jeu politique en Côte d’Ivoire et aviez-vous un camp ?

Vous savez, tout le monde aspire à la paix. Etant même hors de la Côte d’Ivoire, vous souhaitez la paix pour ce pays. Notre président ayant été le médiateur dans cette crise, et s’il y a des entraves quant à l’application de la voix du peuple exprimée lors des élections en Côte d’Ivoire et un camp qui indexe notre président, vous comprenez aisément que nous aussi, nous ne sommes pas épargnés. Ce qui est primordial, ce n’est pas qu’on se cantonne à dire qu’on est partisan ou pas, mais l’essentiel est d’aller véritablement dans le sens de la paix.

Quelle analyse faites-vous de cette crise ?

Elle est vraiment délicate. Pour la résoudre, notre président Blaise Compaoré a conduit trois ans durant, une médiation et on constate aujourd’hui qu’il y a un camp qui tourne sa veste, oubliant tout ce sacrifice fait pour aboutir à la paix par des élections démocratiques. Dans la situation actuelle, je suis très pessimiste. Il y a une volonté affichée d’un camp à se dérober de la vérité qui émane des urnes. Je pense qu’il y a un problème véritable qu’il faut résoudre. Il est également nécessaire qu’il y ait des échanges avec le président Blaise Compaoré qui connaît bien les protagonistes ivoiriens.

Pensez-vous comme certaines personnes que le dialogue peut mener à une sortie définitive de crise ?

La médiation a été menée de bout en bout par le président Blaise Compaoré avant les élections et après celles-ci, on a assisté à un ballet diplomatique avec des chefs d’Etat de la CEDEAO, sans oublier Raila Odinga, Premier ministre Kényan. Tout ce processus de dialogue n’a pu aboutir à des résultats probants. A mon avis, il y a eu trop de dialogue. Pensez-vous que ceux qui sont à l’hôtel du Golf vont accepter de travailler avec Laurent Gbagbo ? Il faut reconnaître que toute la communauté internationale est unanime sur l’issue de ce processus électoral qui a eu lieu en Côte d’Ivoire. Il n’y a qu’un homme qui s’oppose. Il s’agit de Laurent Gbagbo. Tous ont dit oui à Alassane Dramane Ouattara qui est reconnu président de la Côte d’Ivoire. Je pense que Laurent Gbagbo ferait l’option lumineuse d’adhérer à cette réalité avec des garantie, s’il le veut.

Que pensez-vous de la réaction des partisans du président Laurent Gbagbo qui dénoncent la présence du président Blaise Compaoré dans le panel de l’UA ?

C’est véritablement de la distraction que font ces gens-là qui soutiennent cet argument de récusation. Je pense plutôt que le président Blaise Compaoré connaît bien l’histoire de cette crise et qu’il est l’homme qui sied pour contribuer à la juguler. C’est parce qu’il faut encore gagner du temps qu’ils s’appesantissent sur ce problème de récusation. C’est juste une astuce pour perdre encore du temps.

Quelle est la situation des Burkinabè en Côte d’Ivoire ?

La vie de nos compatriotes y est menacée. Cela n’a pas commencé maintenant. Il y a bien longtemps que c’est le cas.

Quel commentaire faites-vous des agissements de votre compatriote Emile Kima qui vit en Côte d’Ivoire et s’exprime en faveur de Laurent Gbagbo ?

Emile Kima est un grand-frère et en démocratie, chacun est libre de son opinion. L’essentiel, c’est de s’exprimer en son nom propre et non au nom de la communauté burkinabè résidant en Côte d’Ivoire. Il est libre de s’afficher pour Laurent Gbagbo.

Mais on le connaît aussi comme un soutien aux actions du président Blaise Compaoré.

Il faut souligner que le combat politique se matérialise par la liberté d’expression et d’opinion. Emile Kima a, auparavant, soutenu l’Accord politique de Ouagadougou, et à l’issue des échéances électorales, il exprime sa position en faveur de Laurent Gbagbo. Qu’est-ce qu’on peut dire ? Il est libre.

Avez-vous travaillé avec Emile Kima, dans le cadre d’activités en Côte d’Ivoire ?

Dans la mesure du possible, je l’ai souvent invité et je l’écoute. Il conseille ses jeunes frères que nous sommes de prier pour qu’il y ait la paix en Côte d’Ivoire, de ne pas se mêler des affaires ivoiriennes, etc. Tout ceci est bien. Mais dans ce cas de figure, où des milliards ont été injectés pour l’organisation d’une élection, et dont l’issue a été publiquement communiquée, il faut se ranger dans le camp de la vérité. Je pense que l’heure n’est pas à la tergiversation de part et d’autre. Il faut le triomphe de la vérité des urnes. C’est un point de vue personnel qui s’inscrit dans la logique défendue par la CEDEAO.

Peut-on savoir si vous avez travaillé avec le leader des jeunes patriotes ivoiriens, Charles Blé Goudé, qu’on voit souvent avec Emile Kima ?

Non, Charles Blé Goudé et moi, nous ne nous connaissons pas. Je voudrais que la jeunesse burkinabè vivant aussi bien au pays comme à l’étranger réagisse par rapport aux propos tenus par ce monsieur à l’endroit de notre président. Il le fait et personne ne répond. Aujourd’hui, ce dont je suis sûr, si on tient des propos à l’endroit de Laurent Gbagbo, il y aura sans doute une réaction bien spontanée provenant d’Abidjan, notamment des hommes de son camp. Mais pourquoi nous, nous admettons le contraire ? Tout ce qu’il tient comme propos, n’engage que lui.

Pouvez-vous nous dire un mot sur votre association ?

Comme la dénomination de l’association elle-même l’évoque, c’est un slogan que nous lançons pour le réveil de la patrie. Nous sommes dans une Afrique du cinquantenaire où 50 ans après les indépendances, le réveil doit être enfin au rendez-vous. Notre pays a célébré ses 50 ans d’indépendance et il faut reconnaître qu’un véritable progrès est visible. Cela est perceptible par les infrastructures routières, les bâtiments, la modernisation qui avancent à grands pas. J’en veux pour preuve l’arrivée de ma délégation en août dernier. Plus d’un qui ne connaissaient pas le pays étaient ébahis de constater de telles avancées dans notre pays tels les voies bitumées, les échangeurs, etc. Certains pensaient qu’il n’y avait pas cela au Faso.

Votre association est donc partisane, puisque vous avez soutenu Blaise Compaoré pendant la campagne présidentielle 2010 ?

Il faut rendre à César ce qui est à César. Soutenir la candidature de Blaise Compaoré est notre manière à nous de le remercier pour ses efforts multiformes qui produisent comme retombée, le progrès dans notre pays.

Qu’est-ce que vous aimeriez dire que nous n’avons pas pu aborder ?

Je voudrais adresser notre gratitude au Larlé Naaba, à François Compaoré, conseiller à la présidence du Faso, à Roch Marc Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale et aux autorités politiques du pays, qui n’ont ménagé aucun effort pour que je rentre au Burkina. Je les remercie pour leur clairvoyance. Je voudrais, par ailleurs, lancer un appel à mes compatriotes burkinabè d’avoir une foi en un futur radieux pour le Burkina. J’appelle nos compatriotes à se donner la main pour qu’ensemble nous convainquons ceux qui n’ont pas encore compris que Blaise Compaoré est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Nous sommes environ 4 millions de Burkinabè en Côte d’Ivoire. Nous nous devons de soutenir le président du Faso qui met tout en oeuvre pour que la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire soit dans le bonheur. Il y a un adage africain qui dit que "quand on te lave le dos parce que ta main n’y arrive pas, il faut soi-même se frotter le ventre". C’est ce que nous devons faire en tant que Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, en soutenant notre président dans son combat noble tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre nation.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO et retranscrit par Roland KI (Stagiaire)

Le Pays

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