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France/Egypte : Des vacances payables au prix fort

Publié le jeudi 10 février 2011 à 02h04min

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François FillonLe vent de révolte qui souffle sur les rives méridionales de la Méditerranée fait frissonner la France et menace d’emporter au passage deux des caciques du gouvernement : après la ministre des Affaires étrangères, Michelle Alliot-Marie, pour ses vacances tunisiennes, c’est au tour du Premier ministre lui-même de se retrouver au cœur de la polémique ; en effet, François Fillon a été contraint de reconnaître avoir été hébergé par Hosni Moubarack à Noël.

Dans les deux cas, l’opposition et les démocrates bien pensants estiment que les fautifs n’ont plus leur place à un si haut niveau, une opinion qu’est loin de partager la majorité présidentielle, soudée autour de ces deux figures de proue.

Ce qui n’a pas empêché Nicolas Sarkozy de mettre les points sur les « i » lors du conseil des ministres d’hier. Il a par ailleurs encouragé ses collaborateurs à privilégier la France comme destination de vacance. Et si à droite, on ne nie pas le conflit d’intérêts, la situation, bien que gênante, ne justifiera probablement pas l’éventualité d’un remaniement bis, surtout que celui-ci interviendrait seulement quelques mois après le dernier en date.

En tout cas, c’est une affaire qui fait grand bruit dans l’Hexagone, et l’on ne peut que se féliciter d’un tel rappel à la morale républicaine dans un pays où les liaisons dangereuses et même incestueuses entre le pouvoir et l’avoir ont engendré leur lot de scandales.

Autres lieux autres mœurs, car, vu d’Afrique, cela prête à sourire, puisque quoi de plus naturel que de faire preuve de la plus grande hospitalité envers des hôtes de marque et des amis. Et ce n’est pas bientôt que l’on verra tel ministre ou président d’institution interpellé à l’Assemblée nationale pour répondre de quelque indélicatesse commise sur le territoire comme à l’extérieur.

N’est-ce pas normal dans des pays où l’on a coutume de confondre biens publics et biens privés et où l’on entre en politique non pour servir, mais pour se servir et par tous les moyens. De nos jours, il n’y a pas ascenseur social plus efficace que celui que procure la bonne carte avec, de surcroît, l’assurance d’une réussite confortable et à la vitesse d’un jet privé.

Sinon comment comprendre par quel procédé abracadabrantesque, de simples citoyens qui n’ont pas hérité d’une tante milliardaire se retrouvent riches comme Crésus pour avoir exercé leurs talents dans le système ou simplement, pour en avoir arpenté les arcanes.

Ainsi, le système Moubarak qui fonctionne depuis trente ans, a permis d’alimenter tout un empire composé de parents, d’amis et d’autres comparses tous intéressés aux profits. Selon le quotidien britannique The Guardian, le président égyptien, sa femme et leurs deux fils auraient capitalisé, à eux seuls, entre 40 et 70 milliards de dollars ; une fortune qui, si ces chiffres se révèlent exacts, serait digne des plus grands pharaons.

Alors, parvenu à un tel degré d’opulence et de faste, c’est sans doute le plus naturellement du monde que le Raïs a offert une hospitalité tout aussi pharaonique au Premier ministre d’un pays ami. Du haut de sa pyramide, il était sans doute loin de s’imaginer qu’en bonne république, un tel cadeau se paie cher.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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