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CRISE AU LYCEE DEPARTEMENTAL DE GOUNGHIN : Le SYNTER donne sa version des faits

Publié le jeudi 10 février 2011 à 02h04min

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Le Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la recherche (SYNTER) donne son analyse sur la grave crise qui secoue le lycée départemental de Gounghin, depuis la rentrée scolaire 2010-2011. Selon lui, l’administration serait responsable d’une éventuelle dégradation de la situation.

Une grave crise secoue le Lycée départemental de Gounghin (province du Kouritenga) depuis la rentrée scolaire 2010-2011. Si le SYNTER n’avait pas donné son analyse de la question publiquement jusque-là, c’était par conviction que le ministère en charge de l’Education, notamment, prendrait les dispositions appropriées pour une résolution juste et à temps. Le constat aujourd’hui nous démontre que tel n’a pas été le cas. Dans la chaîne de l’administration, des maillons n’ont pas joué leur rôle avec toute la responsabilité qui sied, mettant la vie des agents de l’administration en danger et faisant courir de gros risques à l’éducation dans la localité.

1.

Des faits : En 2009, le secteur SYNTER de Gounghin a mis à nu les mauvaises gestions de l’administration du lycée, relativement à la location des manuels scolaires. En effet, le proviseur, avec apparemment la complicité du bureau APE, percevait les frais de location des manuels chez les élèves sans que ceux-ci ne bénéficient desdits manuels. Le proviseur, tout en reconnaissant le problème, refuse de rembourser les frais indûment perçus et tente de justifier leur utilisation. Le ministère, à qui le secteur a adressé une correspondance sur la question à l’époque, n’a pas daigné donner suite au dit écrit. Cependant, monsieur le proviseur, dans un esprit revanchard, développera des stratégies en complicité avec le bureau APE, et certaines autorités locales pour réprimer le syndicat. Dans cette logique, il installe le bureau APE, en l’occurrence son président et son trésorier, au sein de l’établissement, les amenant à intervenir de façon intempestive et inappropriée dans les affaires de l’établissement et à développer une offensive contre le SYNTER.

Ainsi, lorsque la structure entreprit, pendant les vacances écoulées, des démarches en vue de l’ouverture de l’Ecole démocratique et Populaire (EDP) dont on connaît l’apport dans l’éducation des enfants de notre pays depuis plus d’une vingtaine d’années, elle se trouva confrontée à une opposition farouche et injustifiée aussi bien du proviseur que du bureau APE. Malgré la délivrance expresse d’une note de la Direction régionale de l’enseignement secondaire du Centre-Est, autorisant les camarades à organiser les cours dans le cadre de l’EDP au sein de l’établissement, et ce sur intervention du Bureau National du SYNTER, ces individus n’en démordirent pas. Les classes du cours du soir furent vidées par des éléments de l’APE. Ces interventions conduisirent à l’agression et à la blessure d’un élève au lycée. Différentes rencontres seront initiées avec les autorités locales et provinciales en vue de permettre aux camarades de mener en toute tranquillité leurs activités pédagogiques. Des solutions seront proposées, notamment sous l’égide de M. le haut-commissaire du Kouritenga.

Malheureusement ces individus, avec la complicité du maire et du préfet de Gounghin, torpilleront leur mise en œuvre. Pendant ce temps, le proviseur, en relation avec le bureau APE, s’implique dans l’organisation et l’animation d’un cours du soir privé dont les frais d’inscription s’élèvent à 34 000 F CFA contre 12 500 F CFA à l’EDP. Devant le risque d’insécurité pour les 72 élèves inscrits à l’EDP, les camarades prennent la décision de fermer l’école pour cette année, contraints ainsi d’abandonner à leur sort des enfants qui auraient pu accéder à l’instruction à un coût trois fois moins élevé que ceux pratiqués par des individus drapés du manteau de l’association des parents d’élèves. En outre, le proviseur refuse l’autorisation d’inscription à certains élèves sans raisons objectives ; mais dans la réalité, parce que les soupçonnant d’être des alliés des enseignants.

Du reste, c’est cette dernière forfaiture du groupe qui a conduit les enseignants à mettre en œuvre un mot d’ordre pour se faire entendre. Face à la sourde oreille de l’administration et le blocage de certaines activités pédagogiques, les élèves, sentant le risque pour leur avenir, entrèrent en action le 21 décembre dernier en séquestrant le proviseur dans son bureau, exigeant de lui le règlement des problèmes. Ses acolytes de l’APE, prétextant que certains enseignants, militants du SYNTER, sont les instigateurs de ce mouvement des élèves, font une descente à leurs domiciles armés de machettes, de gourdins, etc. avec la volonté de les conduire de force au lycée.

La conséquence : ce sont des dégâts au plan matériel et la fermeture du lycée départemental de Gounghin pendant des semaines.

2.

De la position du synter Dès le début de la crise, le SYNTER, aussi bien au plan local, régional que national avec parfois l’appui de la Direction générale nationale de l’EDP, s’est investi en interpellant les différents acteurs et les autorités à une gestion responsable de la situation. Le triste constat est que certains responsables administratifs, et au plus haut niveau, n’ont pas pris la mesure de la situation dans toutes ses dimensions ou, sur la base de calculs politiciens, l’ont laissée pourrir au détriment de la cause éducative. Sont de ceux-là, le MESSRS à travers son Secrétaire général qui a été tenu régulièrement informé de l’évolution des problèmes et des conséquences qu’ils produiront en l’absence d’une solution vigoureuse à même de faire respecter l’autorité de l’Etat par des délinquants camouflés derrière le titre de bureau APE et défendant des intérêts mercantiles loin de ceux de l’école.

Le proviseur, malgré sa gestion scabreuse, continuait en toute impunité de narguer les enseignants, de les ridiculiser et surtout de les mettre en situation d’insécurité totale pour travailler au vu et au su de sa hiérarchie sans qu’elle ne le rappelle vivement à l’ordre. De même, le maire, le préfet de Gounghin, plutôt que de s’investir à apaiser un climat tendu dans leur ressort territorial, ont contribué à envenimer la situation par leur attitude et leurs propos. Quand on ajoute à cela l’inaction des forces de sécurité face aux plaintes des enseignants lorsqu’ils étaient agressés depuis le début de l’année scolaire par ce groupuscule d’individus, il apparaît clairement que l’administration, à différents niveaux, a été complètement défaillante et cela ne pouvait que contribuer à pourrir l’atmosphère dans l’établissement.

Au centre de toute cette affaire, il y a la mauvaise gestion du lycée fondée sur l’opacité, les détournements et aussi l’ouverture de cours du soir privé. Au fond, les promoteurs desdits cours avaient pleinement conscience qu’au regard de leurs frais de scolarité, de l’expérience de l’EDP, leur affaire avait de fortes chances de ne pas être viable. Mais plutôt que d’œuvrer à ce que chaque établissement fasse la preuve de son professionnalisme, ils ont opté simplement d’agir en mafieux développant ainsi tout ce qui pouvait empêcher l’ouverture de l’EDP. Les conséquences de cette attitude de l’administration : affectation au mois de janvier (en pleine année scolaire donc) du proviseur, de l’intendant et de trois professeurs avec ce que cela aura comme impact négatif sur les apprenants.

Quelle garantie le départ de l’administration du lycée et du préfet de la localité donne-t-il, en terme de sécurité, aux enseignants et même aux élèves, si des mesures appropriées ne sont pas prises vis-à-vis de ceux qui, sous le manteau de parents d’élèves, ont pris en otage la gestion et l’avenir de l’établissement ? Assurément, aucune. C’est pourquoi, le SYNTER prend l’opinion publique à témoin des risques de dégradation de la situation à Gounghin si des solutions idoines ne sont pas trouvées. Dans tous les cas, le syndicat s’opposera à toute mesure visant à réprimer les enseignants. Il exige de l’administration :
- 1. Le règlement des problèmes qui sont à la base de la crise, notamment, l’inscription des élèves dont les dossiers sont en attente au niveau de l’administration du lycée et la prise de dispositions afin de permettre un fonctionnement effectif de l’EDP ;
- 2. Un audit sur la gestion de l’établissement et la prise de sanctions contre les éventuels auteurs de malversations ;
- 3. La levée de la main mise du bureau de l’APE (qui doit s’en tenir à ses prérogatives légales) sur la gestion du lycée ;
- 4. Une assurance réelle de la sécurité du personnel afin de lui permettre de faire son travail en toute quiétude ;
- 5. La tenue des instances statutaires de fonctionnement de l’établissement avec l’implication effective de toutes les parties et le respect des décisions qui en sont issues.

En tout état de cause, le SYNTER tient l’administration pour responsable des dégradations éventuelles de la situation et invite les travailleurs à défendre, en dépit de toute difficulté, de meilleures conditions de vie et de travail. Ouagadougou, le 4 février 2011. Pain et liberté pour le peuple !

Pour le Bureau national Mamadou BARRO Secrétaire général

Le Pays

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