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DEGUERPISSEMENT DES ZONES INONDABLES : Le tour de Nioko I ?

Publié le mercredi 9 février 2011 à 01h30min

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Suite aux inondations du 1er septembre 2009 qui avaient particulièrement causé de nombreux dommages aux habitations des zones inondables, et pour éviter que cela se reproduise, le Gouvernement avait décidé de déplacer les populations vivant dans lesdites zones et d’y interdire toute nouvelle construction. C’est cette hypothèse qu’un de nos lecteurs redoute, après avoir reçu, selon lui, une convocation du ministère des Infrastructures. Il relate son angoisse dans les lignes qui suivent.

Le pays des hommes intègres gardera en mémoire et pour longtemps encore, la pluie du mardi premier septembre 2009 et son cortège de malheurs. Cet évènement douloureux a mis à nu les problèmes de voirie et d’urbanisation que connaît la capitale du Burkina Faso. Cet état de fait a conduit le gouvernement à la prise d’un certain nombre de mesures afin de parer à l’avenir aux situations dramatiques qui nous amèneront à mettre en branle la chaîne courte de solidarité qui se limite à l’intérieur du Faso et la longue chaîne de solidarité qui a pour limite le plus petit périmètre de vie de notre planète.

Monsieur le ministre de l’habitat et de l’urbanisme, le conseil des ministres en sa séance du 26 septembre 2009, a déclaré certaines zones de la ville de Ouagadougou comme zones de servitude des canaux primaires d’évacuation des eaux pluviales, inondables, inconstructibles et submersibles. Cela en application des dispositions de la loi n°017- 2006 / AN du 18 mai 2006 portant code de l’urbanisme et de la construction au Burkina Faso et de la loi n° 005/97/ADP du 30 janvier 1997 portant code de l’environnement, des servitudes des canaux primaires d’évacuation des eaux pluviales, des zones inondables inconstructibles et des zones submersibles dans la ville de Ouagadougou.

Monsieur le ministre, je commence par vous faire remarquer que ces dispositions existaient mais nous avons assisté à des attributions de terrains à usage d’habitation après 2006 dans des zones répondant aux caractéristiques ci-dessus citées et des constructions y ont été faites selon les bourses des attributaires. Ces derniers, dont la plupart vivaient en location, étaient pressés d’emménager chez eux et sont d’ailleurs à féliciter car nul n’ignore le problème de logement dans la ville de Ouagadougou et l’absence de politiques incitatives en matière de construction au Burkina Faso en général.

Les coûts des matériaux renseignent sur cette difficulté. J’aimerais savoir si les lotissements sont l’apanage du seul ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation à travers les mairies, sans que vos services techniques n’y soient associés. Si cela n’est pas le cas, je ne comprends pas que ce soit après la pluie du 1er septembre 2009 que l’on veuille appliquer des lois qui existent depuis des années et nous savons tous que tout lotissement obéit à un plan d’urbanisme préalablement établi par vos services techniques.

En outre, si les lois ci-dessus citées peuvent être considérées comme relevant du passé car n’ayant pas été appliquées à temps, je vous demande, monsieur le ministre, pourquoi ces zones incriminées n’ont pas été clairement identifiées dans le schéma directeur d’aménagement urbain de la ville de Ouagadougou à l’horizon 2025 ? Est-ce à dire que vos services techniques n’ont pas de visions futuristes ? Monsieur le ministre, une chose qui est à l’honneur de votre ministère était l’observation de servitudes aux abords de certains canaux de Ouagadougou (canal de Cissin par exemple) mais ces efforts ont été battus en brèche car celles-ci ont été parcellées. Vous savez de quoi je parle.

Monsieur le ministre, je suis attributaire d’une parcelle au quartier Nioko 1, du côté gauche après le dernier pont en quittant la ville de Ouagadougou vers Fada N’Gourma. Un jour, nous reçûmes des convocations nous invitant à nous faire recenser à la direction générale de l’urbanisme au mois d’octobre dernier et c’est à ce moment que nous nous rendîmes compte que nous avions été victimes de la politique d’urbanisation de la capitale du Burkina Faso.

Cette occasion nous a permis également de nous rendre compte que presque tout Ouagadougou était concerné car chaque quartier a son canal qui a forcément sa zone de servitude où se trouvent construites des habitations et souvent de très haut standing. Par exemple les berges des barrages, des canaux de Zogona, de Wemtenga et les abords des marigots naturels et retenues d’eau sont déclarés zones submersibles sur une bande de 200 mètres à partir de la servitude. Les marigots de Boulmiougou, Somgandé, Tanghin,Tampouy, Kossyam, Nioko 1, Kossodo et Kadiogo sont des zones inondables inconstructibles et déclarées d’utilité publique aux fins d’aménagements urbains adaptés.

Revenant aux convocations, disons qu’à la direction générale de l’urbanisme il nous a été demandé de présenter les papiers des terrains et de donner la valeur des investissements qui y sont faits. A la sortie, nous n’avions pas de réponses aux questions de ceux qui attendaient leur recensement car ces derniers voulaient savoir s’ils allaient nous faire déguerpir ou si nous allions rester et au cas où il nous sera demandé de partir, quels seraient les sites d’accueil ? Chacun voulait savoir à quelle sauce il serait mangé.

Comme vous le savez, dans des situations pareilles, les commentaires vont bon train et c’est ainsi que nous avons appris qu’un site d’accueil serait en préparation du côté de Yagma pour nous. Monsieur le ministre, depuis lors, nous n’avons plus de nouvelles nous concernant et nous ne savons vraiment pas quoi faire : faut- il commencer à décoiffer nos maisons et sauver ce qui peut l’être encore ? Faut- il arrêter les travaux de construction même s’ils sont à un stade très avancé ? S’agit-il d’études afin de dégager des solutions appropriées qui ne seraient pas le déguerpissement ?

Au cas où nous devrions déguerpir, les distances réglementaires des berges et autres zones de servitude seront –elles respectées au grand désarroi de la population qui y habite et comment se feront les dédommagements ? Au cas où cela sera respecté, les habitants qui sont dans les berges du canal de Wemtenga partiront- ils et que deviendront une partie des 1200 logements et de certains bâtiments de l’Université de Ouagadougou ? Ne serait-il pas préférable pour le gouvernement d’aménager ces zones au lieu de se rendre, lui et sa politique, impopulaires ?

Autant de questions auxquelles nous aimerions avoir des réponses au plus tôt sinon cette situation nous exaspère et nous fait perdre espoir, nous pauvres agents de l’Etat qui devons ces constructions aux crédits bancaires dont le remboursement est étalé sur plusieurs années.

Un attributaire de parcelle de Nioko 1 inquiet

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 9 février 2011 à 09:46 En réponse à : DEGUERPISSEMENT DES ZONES INONDABLES : Le tour de Nioko I ?

    Ce sujet est très sensible et rendra très impopulaire les maires qui accepteront cette directive.
    Pourquoi lotir des endroits qui sont dans les soit disantes zones de servitude ?
    Pourquoi ne pas trouver une solution palliative à des demenagements et à des destructions d’habitations Nos ingénieurs pourront s’y pencher.
    Je suis dans cette situation et je demande à tous ceux concernés par ces mesures de se constituer pour qu’on saisisse la justice.
    Ce ne sont pas des non lotis. Mais des lotissements qui ont été fait avec le consentiment des autorités.

  • Le 9 février 2011 à 10:07 En réponse à : DEGUERPISSEMENT DES ZONES INONDABLES : Le tour de Nioko I ?

    Je ne suis pas d’avis avec le précédent intervenant.Il s’agira de confier le dossier à un avocat pour ne pas être déplacé. Ces zones ont été attribué en toute légalité par les mêmes autorités. Que font nos ingénieurs , n’y a t’il pas d’autres alternatives au déguerpissement ?

    Je vous rappel que des pays comme les Pays Bas (Hollande) sont en dessous du niveau de la mer. Le genie créateur de leurs ingénieurs leur a permis de dompter l’adevrsité de la nature. Chez nous , nous optons pour des solutions de facilité (déguerpissement) qui signifie détruire des investissements pour un pays qui manque crutialement de moyens.

    Il sera plus utile de payer en honoraire des cabinets d’ingénieurs pour trouver des solutions palliative que de payer des dedommagement à des personnes qui ont déjà investi au prix de mille sacrifice et qui ont elu comme base définitive ces maisons. Mieux les ressources sont tellement rares dans notre pays qu’il faut ne pas contribuer à un éternel recommencement. Surtout quand ce sont des options de facilité. On casse et on les recasent ailleurs.

    Déplacer quelqu’un d’un quartier et de sa maison a des conséquences collatéraux ( lien moral et affectif détruit avec le voisinage, rallonge des distances d’avec le lieu de travail , des écoles etc...).

  • Le 9 février 2011 à 17:18, par Yaaba En réponse à : DEGUERPISSEMENT DES ZONES INONDABLES : Le tour de Nioko I ?

    Nos autorités pensent que la seule solution des zones innondales est le déguerpissement systématique des habitants. Je crois qu’elles doivent faire un petit effort pour faire des études allant dans le sens de l’aménagement de certaines zones : constrction de canivaux, construction de ponts...Nous avons des ingénieurs formés pour ça. Cela pourrait éviter les problèmes sociaux que causent ces déguerpissements engendrent.

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