Clap ! Action ! Samedi 29 janvier 2011, trois véhicules de type 4X4, suspectés d’appartenir à AQMI, sont repérés alors qu’ils tentent de passer illégalement la frontière entre le Mali et la Mauritanie. Une fois entré sur le territoire, l’un des tout-terrain, muni, semble-t-il, d’un dispositif logistique, disparaît des radars des forces de sécurité mauritaniennes. La traque se poursuit sur les deux autres 4X4, roulant séparément en direction de Nouakchott à travers un important maillage terrestre, appuyé par des hélicoptères et des avions de l’armée.

Mardi, un premier véhicule est appréhendé près de Rkiz, à deux heures de route de la capitale. Un suspect est arrêté pendant que deux autres réussirent à prendre la poudre d’escampette. La troisième et dernière voiture ? Elle est finalement encerclée par les forces de sécurité, le mercredi 02 février à 02h du matin, à l’entrée sud de Nouakchott, et explosée à la roquette. Ses occupants, trois terroristes présumés, meurent sur le coup.

Au regard de la violence de l’explosion de ce dernier 4X4 qui aurait officiellement blessé huit soldats, mais aussi de la teneur de celui « arraisonné » (1,5 tonne d’explosifs en plus de roquettes et autres armes trouvés à l’intérieur de celui-ci), les autorités mauritaniennes pensent que les automobiles devaient servir à un double attentat dans la capitale. De plus, selon le ministre mauritanien de la Défense, le terroriste détenu aurait avoué que lesdits engins devaient exploser respectivement devant l’ambassade de France et une caserne militaire.

Comme si la région n’était pas suffisamment troublée avec ce parfum de révolution qui flotte dans de nombreux pays, et même en Mauritanie où il y a eu des manifestations, voilà qu’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) s’en mêle. On a encore en mémoire l’assassinat du Français Michel Germaneau en juillet 2010 après le raid franco-mauritanien pour tenter de le libérer des griffes de ses ravisseurs mais aussi celui des quatre touristes français assassinés par balles en décembre 2007.

Cette fois-ci, ces « fous d’Allah » n’ont certes pas eu le temps d’agir mais cela veut dire que les cellules d’AQMI sont toujours là, plus ou moins ensommeillées, attendant de frapper à tout moment. Plus que jamais, la Mauritanie est au cœur de la nébuleuse terroriste qui demeure en fait un problème transnational nécessitant une coordination inter-pays et des moyens importants pour en venir à bout. Si tant est qu’on peut venir à bout d’un ennemi invisible.

Malheureusement, les cœurs ne battent pas toujours à l’unisson entre les pays concernés et les frictions ont tourné bien souvent en crises politiques comme ce fut le cas entre l’Algérie et le Mali ou encore entre la Mauritanie et le Mali. Des divergences à aplanir au plus vite afin de s’unir pour lutter contre le terrorisme. Et, pourquoi pas, un sommet sur AQMI ?

Pour en revenir à la Mauritanie, il y a de quoi se demander de quel temps pourra bien disposer le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a déjà suffisamment de problèmes chez lui (terrorisme, contingences démocratiques), pour faire partie des « panélistes de luxe » (avec le Sud-Africain Jacob Zuma, le Burkinabè Blaise Compaoré, le Tanzanien Jakaya Kikwete et le Tchadien Idriss Deby) chargés par l’UA de dénouer la crise post-électorale ivoirienne avec un délai exécutoire d’un mois.

Par Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga