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Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

Publié le vendredi 4 février 2011 à 03h24min

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L’Egypte s’enfonce dans la tourmente. A présent, on y observe ce qui s’apparente à une vaste contre-offensive orchestrée par les partisans du Raïs, qui tiennent, eux aussi, à faire savoir qu’ils demeurent bel et bien présents et entendent reprendre le commandement des opérations. Avec sans doute la complicité de quelques éléments de la police et de l’armée, ils tentent d’annihiler la révolution commencée depuis quelques jours déjà et qui a réussi la prouesse de mobiliser plus d’un million de manifestants scandant « Moubarak, dégage ! » sur la désormais célèbre place Tahir. Rien que pour ces dernières heures, le bilan qui en résulte est effrayant : une dizaine de morts et des blessés par centaines.

Le dernier pharaon, lui, au lieu du départ exigé par ses concitoyens, botte en touche et promet qu’il ne se présentera pas à la présidentielle de septembre. Son attitude d’ailleurs rappelle étrangement celle de l’autre dictateur, quelques heures seulement avant sa chute : lui aussi promettait d’aller se faire voir ailleurs aussitôt son mandat en cours terminé. Son sort est-il prémonitoire de ce qui attend le Raïs égyptien ? On devra sans doute attendre pour le savoir.

Mais déjà on se pose légitimement la question de savoir quelle mouche les a piqués, tous ces dirigeants imbus de pouvoir, qui attendent de se voir acculés dans leurs derniers retranchements pour, enfin, lâcher ce qu’un peuple a toujours réclamé ? Car, enfin, eux-mêmes y ont tout à perdre : prestige, pouvoir, avoir et dignité.

Il est des sacrifices qui ne demeurent pas vains. Et le jeune Mohamed Bouazizi, qui s’est immolé par le feu à la mi- décembre, était à mille lieues de s’imaginer que l’autodafé qu’il faisait de lui-même aurait pour effet de générer une tempête des plus salutaires pour des nations entières brimées, opprimées, maintenues par la bride et qui avaient fini par croire que les mots liberté et souveraineté devaient à jamais s’effacer de leur imaginaire. Son sacrifice par le feu aura été l’acte par lequel des populations entières, tant dans le monde arabe qu’en Afrique subsaharienne, ressentiront un tant soit peu répit, soulagement et bien-être.

Car, ils sont légion, les dirigeants qui observent avec appréhension la tempête qui a emporté Ben Ali et menace de déboulonner le dernier pharaon d’Egypte. Ils savent que ce qui s’est passé ailleurs peut survenir bien évidemment chez eux. Et alors, les bonnes résolutions s’observent en cascade. C’est le souverain yéménite, au pouvoir depuis les années 78, qui annonce fort benoîtement qu’il refuse de se présenter à la prochaine présidentielle dans son pays et qui, dans la foulée, annihile tous les espoirs cachés de son héritier de fils de viser la succession de son père.

Dans la plupart des pays du Maghreb, on s’affaire à parer au plus pressé. Ici, ce sont des mesures qui sont prises pour baisser en toute hâte les prix des denrées de première nécessité et du carburant ; là, on met tout en place pour assurer la stabilisation de l’approvisionnement en blé. Même dans la Libye de l’inénarrable Kadhafi, on aura aboli les droits de douane ainsi que les taxes prévues sur les produits alimentaires. Papy Wade, sage et prudent sans doute, décide de la baisse des prix de denrées de grande nécessité pour l’ensemble des Sénégalais ; ce qui permet de tirer la conclusion fort logique que ce qu’on peut céder en temps de crise, on peut le lâcher en temps normal.

Pourquoi alors vouloir coûte que coûte jouer avec les nerfs de populations déjà sous tension pour faits de chômage, de cherté de la vie et bien d’autres difficultés rencontrées au quotidien sous nos tristes tropiques ? En tout état de cause, ils auront lâché ce que des populations entières attendaient. Mais quant à savoir si cette magnanimité soudainement manifestée sera suffisante, rien n’est moins sûr. Car les peuples, lorsqu’ils se sentent forts, peuvent choisir de tout prendre, tout de suite. Et alors, les concessions qu’en temps normal on trouve exagérées se révèlent maigres, efflanquées et piteusement insuffisantes.

Par voie de conséquence, fini, les rêves des fils de têtes couronnées qui ambitionnaient de se voir transmettre le sceptre royal des mains de leurs souverains de pères. Il leur faudra sans doute repasser. Le vent de liberté qui souffle sur le continent a choisi de commencer par le Maghreb. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n’est pas dit qu’il s’arrêtera en si bon chemin. Une bonne pléthore de pays au sud du Sahara présente les mêmes caractéristiques et portent les mêmes revendications que celles qui ont été à l’origine de l’exil forcé de Ben Ali et qui sont la cause en ce moment des nuits sans sommeil infligées au Raïs du Caire.

Nul doute que ci et là, on décidera bientôt de mesures préventives à appliquer : on aura subitement compris la grande indigence des peuples. Juste au cas où. Car ce silence des dirigeants noirs du continent, pour être éloquent, n’en traduit que plus le fait que chacun d’entre eux se rend compte à présent qu’aucun bastion ne résiste vraiment à la furia d’un peuple déchaîné, avide de pain, de démocratie et de liberté. C’est déjà cela de gagné, et c’est toujours bon à prendre, en attendant ce que la bonne fortune réserve de mieux pour demain.

Par Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 4 février 2011 à 09:39, par le riche plus En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

    lE problème c’est pas la longévité au pouvoir mais plutot la manière de diriger de ceux qui durent au pouvoir. Au Burkina par exemple, Blaise a certe duré au pouvoir mais il est à l’écoute du peuple et a fait de la liberté y compris la liberté d’expression un de ses objectifs de gouvernance. Dans ces conditions il n’ya pas de chance vraiment que ce qui arrive au Magreb arrive ici au Faso. Le peuple Burkinabè est fier de son président et moi je ne vois aucun inconvénient à voir l’article 37 sauté pour permettre à Blaise de rester après 2015. Les quelques aigris qui voudront manifester seront vite contenus par la majorité du peuple.

    • Le 4 février 2011 à 11:34, par KO En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

      En tout cas, tous les ingrédients sont réunis pour permettre la réflexion à tous les niveaux. Il n’ya pas que le puple du Magreb qui connait les difficultés de vie dû entre autre au manque de réformes qui permettent de prendre en compte les préoccupations des populations.
      Nous ne sommes pas épargner et comme on le dit si bien, "les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets". Ace sujet, j’ai été d’accord quand son Excellence Blaise Compaoré, en appréciant la situation, avait dit que "de plus en plus les populations présentent des préoccupations aux direcgents et que ceus derniers devraient être attentifs à ces cris de coeur".
      Donc, nous sommes avertis.
      Je me dit qu’en 2015, notre président peut se rétirer et reveir en 2020 comme c’est le cas ailleurs. En ce moment, on éviterait toutes les situations inattendues avec à l’appui les applaudissements de la population.
      Excellence, soit vigilant et prévoyant ;
      Dieu bénisse notre nation et nous éloigne des issues timultueuses.

    • Le 4 février 2011 à 14:53, par mackiavel En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

      Les partisans de Tandja criaient des choses de ce genre. Où sont-ils aujourd’hui avec leur président dont ils étaient si fiers. Soyons réaliste et ne confondons pas le « calme » avec la paix. Lorsque l’eau se retire après un tremblement de terre en Indonésie, certains n’ont rien compris et se sont rués sur les poissons restés sur le sable. Les plus malin parmi lesquels éléphants se sont rapidement retiré dans les hauteurs. Leçon : il n’y a pas eu une seule victime d’éléphant dans le tsunami. J’ai peur pour ceux qui ne voient rien venir.

    • Le 4 février 2011 à 23:27, par Chalamar En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

      La seule chose a retenir est que seule le peuple détient le vrai pouvoir, alors a bon entendeur a vos marque ....
      Tout ceux qui on lu " le prince" de Machiavel pour régner pendant longtemps sont partis sans rien, sans honneur, ni même une portion de terre pour y être enterré dans leur propre pays. Il faut savoir que les temps changent et les peuples aussi.
      Le peuple burkinabe a atteint sa limite de patience et attend juste la goutte qui fera débordé le vase. Alors mon frère si tu manges avec ce régime saches que y a plus "aigris" que ce régime a affamer et depuis 1987.
      Aussi, c’est les mêmes qui dirigent depuis lors en appauvrissant le pays (corruption, détournement, injustice, malversation, spoliation, bref a la Ben Ali/Trabelsi en Tunisie).
      C’est normale que tu ne comprennes pas ça, tu ne vis pas dans le même pays que nous.

      "On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps."
      Citations de Abraham Lincoln
      Abraham Lincoln

    • Le 4 février 2011 à 23:48, par Chalamar En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

      Vous savez tout ça c’est de politique, les occidentaux se soutiennent personnes. Tant que un dictateur fera leur affaire ils ne diront jamais rien de mal sur lui.
      Sinon, comment un président qui reste au pouvoir et rencontre 3 présidents français (Mitterand, Chirac, Sarkosi)c’est ridicule. Pensez-vous que ces gens ne se moquent pas de nous. Si c’était bien la longévité au pouvoir, je crois que Bill Clinton serait toujours président au USA.
      Quand le peuple voudra le changement ça se fera en temps record car nul n’est invincible, ni irremplaçable.
      Sachez que tous les fonds a l’extérieur nous seront remboursés par ces banques complice de vos blanchiment d’argent ou les biens immobiliers seront saisi et rendu a l’État. Bref, le temps venu vos alliées vous laisseront tomber pour avoir la sympathie des nouveaux hommes forts qui viendront.
      Bref, prépare votre chute en touchant a l’article 37, on attend que ça.
      A bon entendeur ....

    • Le 5 février 2011 à 09:41, par moussabila En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

      Bonjour,il y a 14 millions d’habitants au faso et il n’y a que 1 300 000 qui ont voté son Excellence !!!
      Alors attention à ne pas couper notre pain.
      Bien de choses à toi !

    • Le 5 février 2011 à 16:37, par Tano En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

      Mon frere, c’est de pareilles reflexions mediocres qui se degenerent avec le temps en des situations explosives et tragiques comme c’est le cas actuellement au Magreb. N’oubliez pas qu’il fut un bon temps ou Ben Ali, Hosny Moubarak et bien d’autres dirigeants etaient de veritables heros veneres de leur nation. Bien que la politique est une entreprise insipide, je reste convaicu de l’indeniabilite et de la sacro-saintete de la loi fondamentale qui regit la vie politique d’un pays. Et lever le doigt contre cette loi est tres prejudiciable avec des consequences dont nous sommes temoins aujourd’hui. Raisons pour lesquelles et vue mes sentiments tendres envers mon cher pays, je ne voudrais pas que le syndrome du Magreb surgisse au Faso. Evitons l’entetement aveugle.
      A l’epoque les Americains pouvaient preconiser de "deboulonner" comme vous le dites, l’article de la constitution qui limite a deux (2) le mandat presidentiel. Bill Clinton a ete le president qui a sorti Les USA de la crise economique dans laquelle ils etaient plonges sous Reagan et Bush senior. Vers la fin de son mandat le budget americain est sorti du fosse avec un proficit incroyable pour les Americains. L’administration Clinton etait encore dynamique a la fin de son mandat, mais elle devait partir SELON LA CONSTITUTION. Une fois de plus, je lance un appel a tous, evitons de tomber dans le piege de la politique aveugle. C’est les consequences de tels petits jeux politiques conjoncturels qui secouent aujourd’hui le monde arabe. Un tel scenario au Burkina sera tres tragique et dramatique. Rien n’empeche Blaise de revenir cinq (5) ans apres la fin de ce dernier mandat actuel. Mais la constitution doit demeurer IN TOU CHA BLE et un instrument venere par tous.

  • Le 4 février 2011 à 10:59 En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

    La longévité au pouvoir crée qu’on le veut ou pas des inégalités. c’est ça qui conduit à des révoltes. Comme le proverbe africain le dit (Aucun roi n’est méchant, mais c’est ses proches qui les sont).
    Merci

  • Le 4 février 2011 à 14:07, par Armand En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

    J’ai beaucoup apprécié les réactions précédentes surtout leur caractère posé et responsable.
    En Afrique,le plus souvent,les changements de régime ne se font pas dans le calme et la responsabilité citoyenne.Article 37 ou pas, un jour le Burkina devra choisir un autre homme (espérons le aussi capable ou pourquoi pas plus capable (qui sait ?)que le Blaiso).Nous comptons effectivement sur la clairvoyance de l’homme pour que cette transition soit menée calmement ; ce qui me fait penser que le pouvoir au Burkina sera transmis à l’homme que le peuple choisira.Pour l’après Blaiso, nous avons besoin d’un changement (il y a des têtes qu’on a que assez vu). En attendant,Vive le Blaiso, Vive le Burkina Faso.

    • Le 4 février 2011 à 21:38 En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

      Ce n’est pas une question de personnes mais les burkinabe sont fatigues d’etre diriges par la meme personne pendant pres de 30 ans. Il n’ y a pas de democratie au Burkina Faso quand un seul regne comme ca. Vous pouvez dire toutce que vous voulez, intellectuels malhonnetes mangeurs mais la democratie, c’est aussi le changement de personnes a la tete.

  • Le 4 février 2011 à 21:36 En réponse à : Longévité au pouvoir : Le temps des renoncements

    Remarquez que quand on fait un sacrifice de soi- meme par le feu, c’est uine priere forte qui monte tout droit au ciel comme une alouette. Le feu , c’est le grand agent a la purification plus violente et plus decapante que le feu. Remarquez ce qui s’est passe chez nous quand NZ a ette immole par le feu pour ses idees. A lui - seul il a co ntribue a l’ avncee radieuse de la democratie que toute cette centaine de partis politiques qui ornent le decor. Il ne faut pas que les burkinabe oublient que le peupkle a topujours raison. Ne touchez pas a l’article 37. Vous seriez tres mal inspires.
    Un Observateur Actif qui entrera dans la danse au moment venu.

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