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Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

Publié le vendredi 4 février 2011 à 03h23min

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Yassia n’est plus le même quand il rentrait de l’autre côté des frontières du Burkina Faso. Homme sage et toujours « mana-mana » (propre) dans ses tenues, Yassia est devenu le dindon de la farce du quartier. Tous les grins de thé, ainsi que les « thons » (groupement) de femmes ont le nom de ce monsieur au menu de leur causerie. Très abattu par la situation, il est même devenu rare dans le quartier. S’il avait écouté les conseils de ses deux femmes, il ne serait pas en train de se mordre les doigts.

Mais hélas, c’est toujours après la faute que les victimes ont les yeux « ouverts » comme dirait l’autre. Sur proposition de ses deux fils qui sont au pays de l’autre, Yassia est rentré au Faso pour investir dans le bâtiment. A chaque fois que ses enfants lui envoient de l’argent, il monte un mur par-ci et par-là. Pour ne pas rester inactif, Yassia avait décidé de faire le petit élevage dans une des cours qui lui avait été confiée par un de ses amis. Chaque matin, il s’y rendait pour donner du foin aux animaux. Un jour, alors qu’il s’apprêtait à quitter la cour, deux hommes en boubou arrivent. Ils étaient en quête d’une maison d’habitation à louer.

Après un long entretien, Yassia accepte de leur donner une des villas de la cour à peine achevée. Deux jours après, la cour était devenue la ruée de la population. Chacun venait consulter les deux habitants de la cour qui étaient des marabouts. Yassia au départ ne s’était pas intéressé à eux. Un matin, alors qu’il servait ses animaux, un des deux marabouts s’est approché de lui et a demandé à ce qu’il amène un coq blanc, afin qu’il fasse un sacrifice pour grossir son élevage . Yassia Obéit. Deux jours après, c’est un bélier qui lui est demandé par les deux marabouts. Il obéit encore. La fréquence des sacrifices a fini par attirer l’attention des deux épouses de Yassia. Elles ont donc interpellé leur mari pour qu’il soit prudent. Yassia est catégorique. « A partir d’aujourd’hui, je ne veux plus vous entendre parler de cette affaire.

Celle qui osera, le fera au risque de perdre son foyer avec moi ». Ces menaces de Yassia ont donc désarmé les femmes qui le regardaient faire. Du sacrifice d’animal, les deux ont commencé à demander des sacrifices en espèces avec Yassia qui obéissait toujours. Il arrivait qu’il s’endette pour le faire. Une valise est recommandée à Yassia par ses marabouts. Il devait y mettre au minimum la somme de 500 000 FCFA pour se la voir multiplier jusqu’à remplir la valise. La valise préparée devait être déposée à un endroit où l’herbe ne pousse pas. Et une fois déposée, Yassia devait retourner à la maison sans regarder derrière lui. Toutes les consignes des marabouts ont été appliquées à la lettre.

Dès que Yassia y a déposé la valise, les deux marabouts qui le suivaient de loin, s’en sont saisis et ont disparu dans la nature. Yassia quant à lui est retourné à la maison et s’est même enfermé pour attendre la tombée de la nuit pour repartir chercher sa valise pleine d’argent. Grande a été sa surprise quand il ne l’a pas retrouvée. Pire, il retourne chez ses marabouts qui avaient fermé les portes de la villa après avoir tout ramassé. La seule phrase qu’il a pu prononcer, a été « a ti kê » (ça ne se fera pas). Pour Yassia, ce qu’il venait de vivre était du rêve. Il ne pouvait pas s’imaginer que ce pourquoi ses femmes l’avaient prévenu soit une réalité. Depuis ce jour, Yassia prononce involontairement cette expression « a ti kê ». Pauvre Yassia, il fallait avoir le courage d’analyser l’interpellation de tes femmes qui te conseillaient la prudence. Puisque « le vrai courage, c’est la prudence » d’après Euripide.

Souro DAO /daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 4 février 2011 à 10:23, par SIDWAYA En réponse à : Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

    Bien fait pour lui,l’argent du Marabout est comme l’herbe qui ne poussera jamais,exactement comme l’endroit qu’il a choisit.

  • Le 4 février 2011 à 11:37, par FALAO En réponse à : Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

    Il faut toujours être prudent et éviter les gains faciles ; j’ai failli en être victime aussi

  • Le 4 février 2011 à 14:56, par Ad. En réponse à : Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

    Bonjour et malheur aux naïfs !!!! Si l’on y regarde de plus près, l’histoire ressemble beaucoup à la mésaventure de Pinocchio, la célèbre marionnette de Colodi... Croire aussi aveuglement à la multiplication des "feuilles" est dangereux ;
    d’autant plus que nos parents et enseignants nous ont appris que l’argent se gagnait en travaillant, à la sueur de son front, et surtout pas à l’aide d’artifices foireux, tels que marabouts, jeux d’argent, etc... Que cela puisse servir de leçon à d’autres, et que la Justice s’occupe de retrouver les deux scélerats. Ad.

  • Le 5 février 2011 à 13:26, par parrain En réponse à : Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

    un vrai mossi ce type là ou est qu’il a vu qu’on pouvait multiplier de l’argent de la sorte il va bien reflechir la prochaine fois et donner du credit àla voix des ses femmes

    • Le 5 février 2011 à 22:12 En réponse à : Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

      Samogo, cette fois-ci c’est pas mossi. Il parle du a ti ke. Il porte long boubou et s’ il etait a Abidjan, il allait etre rdr et il allait vivre a abobo Gare. Gbagbo allait pas l’aimer. lol.

  • Le 5 février 2011 à 16:58, par tapsaid En réponse à : Afrique, ma pauvre Afrique bien aimée

    Les mots me manquent quant il s’agit d’exprimer mon point de vue sur l’Afrique ; ce manque n’est en réalité pas un manque mais plutôt le fait de ne pas savoir par où commencer.

    J’en ai marre de la mentalité africaine en générale et de la mentalité burkinabé en particulier,marre marre marre marre.

    Je suis indigné par les actions irrationnelles que la plupart des gens font dans mon cher faso.

    C’est triste, vraiment triste !!!

    Je finirai en disant aux courageux burkinabé qui travaillent pour s’en sortir de ne jamais baisser les bras même si les conditions ne sont pas faciles, même avec des opportunités restreintes je vous dis ceci "MULTIPLIEZ VOTRE ARGENT PAR LE TRAVAIL"

  • Le 5 février 2011 à 21:31 En réponse à : Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

    Il faut toujours écouter son entourage.l’écouter t’amènera réfléchir d’avantage.

  • Le 5 février 2011 à 22:38, par tapsaid En réponse à : Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

    Il est devenu un dingue ; comment pourra-t-il donner du crédit aux paroles de ses femmes. C’est malheureusement foutu pour lui car ces genres de dommages sont le plus souvent irréversibles. Dommage dommage et encore dommage qu’il ait eu un esprit trop borné !!
    J’espère au moins que ce message sera publié.

  • Le 7 février 2011 à 09:37, par LeBoss En réponse à : Fait de chez nous : Il voulait faire multiplier son argent

    Et pourtant ; ils sont toujours nombreux nos intellectuels Burkinabè qui font recours à ces marababouts pour la réussite à leurs concours , pour avoir une promotion , pour décrocher un marché.
    Hommes politiques , commerçants, élèves , étudiants , jeunes filles en quête de mari , etc..
    Soyons honnêtes , qui d’entre nous ne connaît personne de son entourage qui s’adonne à ces pratiques , chrétiens , musulmans , tous y passent.
    Même nos frères qui donnent actuellement des leçons depuis le state ont certainement consultés des marabouts pour pouvoir émigrer làbas .
    ’I believe I can fly’ , disait un américain , vous pensez que c’est plus rationel que celui qui pense se faire multiplier son argent.

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