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Egypte : Les dieux du Nil en colère

Publié le lundi 31 janvier 2011 à 02h25min

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En s’immolant par le feu, le 17 décembre dernier, dans la cité tunisienne de Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi était loin de s’imaginer qu’il serait le martyr d’une révolution qui irait jusqu’au-delà des frontières tunisiennes. Les vents favorables qui ont emporté les graines de jasmin, les ont en effet semées un peu partout au Maghreb et dans une bonne partie du Proche-Orient à des intensités diverses : Mauritanie, Algérie, Jordanie, Yémen. A l’évidence, les murs de la peur se sont écroulés et les chaînes qui enserraient les peuples se sont brisées, faisant souffler sur une bonne partie du pourtour méditerranéen un doux parfum de changement.

C’est à se demander finalement, avec cet effet domino, à qui sera le tour prochainement. Celui qui est en pole position pour le débarquement semble être le président égyptien Hosni Moubarak, qui fait face depuis quelques jours à une fronde à l’amplitude jamais égalée dans les annales du pays. A 84 ans et après 30 ans de règne, dont une bonne partie sous le régime de l’état d’urgence décrété depuis 1981, le Raïs a un genou à terre et il pourrait d’un moment à l’autre recevoir l’estocade finale.

La situation était tellement volatile hier, quand nous bouclions notre édition, qu’elle a pu évoluer de façon drastique au moment où vous lisez ces lignes. Car, avec une semaine aussi sanglante : près de 100 morts et des milliers de blessés et des milliers de prisonniers qui en ont profité pour se faire la belle, l’on se demande ce qu’il faudra de plus pour que le pharaon abdique.

Certes, acculé, il a pris quelques mesures, dont le limogeage de son gouvernement et la nomination de l’ancien ministre de l’Aviation, le général Ahmad Chafic, comme Premier ministre ; la désignation du général Omar Souleimane comme vice-président et l’annonce d’une série de réformes démocratiques.

« Il y aura de nouvelles mesures pour une justice indépendante, la démocratie, pour accorder davantage de liberté aux citoyens, pour combattre le chômage, améliorer le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres », a-t-il ajouté à ce propos. Mais, comme Ben Ali qui faisait des concessions majeures le jour même de sa chute, on se demande si ce n’est pas un peu tard et si ce sera suffisant pour calmer le courroux des Egyptiens.

La preuve, le petit peuple, du Caire, de Suez, d’Alexandrie et autres, ne désarme pas, car c’est la tête du pharaon qui est mise à prix. Et ils sont nombreux, ceux qui rêvent de promener son scalp dans les rues cairotes. En nommant le Gle Omar Souleimane à la vice-présidence, on se demande si le Raïs n’est pas quelque part en train de préparer sa piteuse sortie dans la mesure où celui qui vient d’être promu est au cœur même du dispositif. Force est de reconnaître qu’à 74 ans, celui qui était le chef des services secrets égyptiens, le Moukhabarat, au courant de toutes les affaires sensibles, médiateur en Palestine, en Israël et aux Etats-Unis, ferait un bon successeur.

Qu’on se rappelle que le même Moubarak fut jadis le vice-président de Sadate avant de lui succéder dans des circonstances tragiques. De plus, avec ces deux nouvelles personnalités, le pouvoir reste aux mains de l’armée, qui a toujours été au cœur du pouvoir égyptien. Il faut dire que la position géo-stratégique de l’Egypte est telle qu’il faut prendre tous les soins pour une transition dont la déflagration pourrait souffler toute la sous-région déjà bien turbulente.

On comprend pourquoi l’ami américain surveille l’affaire comme du lait sur le feu, tirant délicatement les ficelles pour dénouer d’une manière ou d’une autre la crise. Ce n’est tout de même pas un hasard si avant les grandes décisions de ce week-end le chef d’état-major égyptien, Sami Anan, a séjourné au Pentagone !

Plus que jamais, les dieux du Nil sont en colère. Emporteront-ils dans leur colère le Pharaon dans leurs eaux tumultueuses ? Wait and see !

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 31 janvier 2011 à 03:00 En réponse à : Egypte : Les dieux du Nil en colère

    Les pouvoirs longs sont des pouvoirs anit democratiques, anti- developement, anti peuple. Ce sont des povoirs de copains et de copains. Ca n’arrive pas qu’ aux autres.
    N’ Gaw.

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