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Tribune de la femme : Le VIH/Sida ou la grossesse ?

Publié le jeudi 27 janvier 2011 à 03h41min

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Quel est le premier réflexe d’une fille lors d’une relation sexuelle ? Entre la peur d’être engrossée et le VIH/Sida les avis sont partagés. Des Bobolaises et des Bobolais s’expriment sur une question délicate.

Delphine Sanou, élève

« Tomber enceinte, sans soutien et sans considération, ce qui est fréquent de nos jours, reconnaissons que ce n’est pas normal. Pour une élève, il y a plus de peur de tomber enceinte pendant une relation sexuelle que d’être infectée par le virus du sida. Les exemples sont légions. Une fois fille-mère, à Dieu à certaines opportunités. En toute sincérité, le problème de grossesse n’est pas évident…. »

Seydou Banao, particulier

« C’est une ignorance de la part des filles. Elles ne savent pas qu’elles courent le même risque. Le Sida et la grossesse sont une question d’imprudence en cas de relations sexuelles non protégées. Je vis souvent la situation, mais quelque part, je leur donne raison, en ce sens que les multi-relations sont récurrentes. Il est rare de voir une fille sortir avec un seul homme. Raison donc de se préoccuper de la grossesse dont la paternité resterait sans issue. Malgré les moyens de prévention de la grossesse, la meilleure solution est de rester avec un seul partenaire responsable, au lieu de partir de gauche à droite ».

Alima Konaté, enseignante

« Les mentalités ont évolué, sinon une fille en grossesse était chassée de l’école, et pire, de la famille. Elle ne savait pas où aller. Elle est plus pénalisée que le garçon. Lors d’un rapport sexuel, si par malheur, le préservatif lâche, le premier réflexe est bien évidemment la peur de la grossesse. Heureusement qu’il y a des moyens pour rattraper. Mais rares sont les gens qui savent qu’il y a une prise en charge des personnes infectées. En ce qui me concerne, ce réflexe m’arrivait. J’avoue que je suis mieux aguerrie maintenant. C’est vrai que tomber enceinte est peu reluisant, surtout hors mariage. Mais mieux vaut avoir la grossesse qui n’est pas définitive, que d’être infectée par le VIH/Sida dont le remède reste introuvable ».

Estelle Sanou, étudiante

« Lors des relations sexuelles, on pense plus à la grossesse sans se préoccuper des maladies qui peuvent subvenir. C’est une faute très grave pour nous les filles. Le problème est que la grossesse est concrète. Elle se fait vite sentir, et bienvenus les problèmes de tout genre ».

Abou Jonas, chauffeur

« C’est un peu lié au passé de leurs aînées. Qui ont été enceintées par des irresponsables. Etre la mère et le père en même temps, c’est très difficile. Elles s’inspirent donc du passé de leurs grandes sœurs. En se préoccupant plus de la grossesse lors des rapports sexuels, au lieu du sida. Personnellement, je n’attends même pas qu’on me dise : non il faut te protéger, puisque je ne veux pas tomber en grossesse. Je me protège toujours pour éviter des surprises. Ce qui est la meilleure solution. Dans le même cadre, il faut se départir des multiples partenaires ».

Fatimata Coulibaly, commerçante

« La grossesse est souvent mal perçue. Tout votre entourage vous regarde autrement. En ce qui me concerne, mon premier réflexe lors d’une relation, c’est de ne pas être infectée. Avec tous les moyens de prévention qui existent, une fille doit savoir prendre ses précautions. Il faut reconnaître qu’il n’y a pas que le sida. Il y a d’autres maladies plus graves comme les IST. Mieux vaut avoir un enfant, que d’avoir le sida ».

Dougouré Galédou Mariam, hôtesse

« Le sida est une réalité, certes, mais il faut reconnaître que la grossesse ralentit et même bouscule et traumatise la vie de la jeune fille. Un enfant hors mariage, c’est une batterie de contraintes. On est réprimandée par la famille, souvent même par le père de l’enfant. Il faudra être fort moralement pour affronter ces situations, faute de quoi on est tenté par des comportements encore plus risqués. Par conséquent, plus exposé au VIH/Sida. En tout cas, le premier réflexe lors des relations sexuelles est évidemment d’éviter la grossesse. J’ai peur d’être infectée, mais je n’aimerais pas aussi faire un enfant hors mariage ».

Sondet Guillaume Sanon, chargé de la coordination des programmes, de planification et du suivie évaluation du RAJS

« La peur de tomber enceinte s’explique par le fait que la grossesse se manifeste rapidement. Alors que pour l’autre cas, sans un examen préalable on ne peut pas indexer une personne vivant avec le VIH/Sida. Il n’est pas concret, ni palpable comme une grossesse. En plus de cela, il y a la charge de l’enfant, les réprimandes à l’école, au sein de la famille. Ce qui fait que les filles ont plus peur de la grossesse que du sida. Elles l’ont témoigné lors des différents sondages et rencontres d’échanges. « Attention, protège-toi, au risque de m’enceinter », tel est leur premier réflexe. Mais, et le sida ? Elles diront oui, c’est vrai mais….
Mais, il faut dire que les problèmes liés à la santé sexuelle et la santé de la reproduction s’expliquent beaucoup plus par la faiblesse du pouvoir économique. Parce que la plupart des jeunes filles n’ont pas les moyens de subsistance. Ce qui les amène à ces comportements à risque où à travers un copinage multi-partenaires elle veulent satisfaire leurs besoins. C’est pourquoi, il faut travailler à briser cette chaîne, c’est-à-dire, à faire en sorte que les jeunes ne soient plus exposés à ces risques. C’est ce que nous appelons le renforcement du pouvoir économique. Pas uniquement par le financement. Il faudra garantir un certain nombre d’assurances par rapport à leur vie. Les aider à bâtir une vie sécurisée et à renforcer le pouvoir de décision d’une bonne relation saine. En outre, il faudra toujours encourager le dialogue parents-enfants tout en leur apprenant à résister aux pressions. La jeune fille doit savoir que son corps n’est pas un objet, et que l’intérêt immédiat ne doit pas constituer le besoin qui peut mettre fin à toutes ses ambitions ».

Propos recueillis par Bassératou KINDO

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