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Jean Pierre Guingané : Dernier acte

Publié le mercredi 26 janvier 2011 à 01h09min

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La faucheuse a encore frappé dans les rangs des artistes : Jean-Pierre Guingané, homme émérite de culture, s’est éteint le dimanche 23 janvier 2011 des suites d’une courte maladie. Fortes émotions, lamentations, pleurs, ovations ont été au rendez-vous d’une soirée d’hommage à l’ex-metteur en scène qui vient de jouer son dernier acte. C’était en présence d’une immense foule qui a pris d’assaut l’espace culturel Gambidi le lundi 24 janvier 2011.

La situation est préoccupante : il y a juste un an, l’ex-metteur en scène et comédien Amadou Bourou faisait ses adieux aux planches, puis suivirent le fougueux Hubert Kagambèga de Marbayassa, le génie aux multiples casquettes, Sotigui Kouyaté. On pensait que c’en était fini de la saignée des hommes du théâtre.

Et patatras ! La nouvelle est plus que choquante en ce dimanche 23 janvier ! Le Professeur Daogo Jean-Pierre Guingané n’est plus. Encore, encore et toujours, les planches se revêtissent d’un deuil. De quoi briser le moral de la famille du théâtre burkinabè mais également de celle de l’université où le professeur titulaire en études théâtrales et politiques culturelles depuis 2001 faisait office de chef du département Art, Gestion et Administration culturelle.

L’atmosphère était lourde à l’intérieur de l’espace Gambidi, tellement la consternation se lisait sur de nombreux visages de tous ceux venus rendre un vibrant hommage au disparu. A proximité d’une scène dressée, le public découvre un portrait géant du Pr Jean-Pierre Guingané qui fixe un regard perçant, comme pour dire, en sa qualité de champion de la plaisanterie, « Oh, pourquoi tant de tristesse ? Amusons-nous plutôt… ».

Entre quelques témoignages de l’administrateur du Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO), Martin Zongo, ancien étudiant et premier gestionnaire de l’Espace culturel Gambidi, le décor de la nuit a été campé par la chorégraphe Irène Tassembédo et ses danseurs. Par leurs mouvements empreints de lamentations, ils termineront leur création en faisant face au portrait du metteur en scène pour saluer des gestes d’au revoir.

Puis, ce sera au tour du parrain de la troupe, Me Passéré Titenga. D’un ton solennel, il raconte la longue histoire qui l’a lié au défunt et surtout les dernières heures. Il avait rendez-vous avec Jean-Pierre pour lui remettre des photos d’archives de Kadi Coulibaly, morte au moment où la troupe était en pleine gloire. Le défunt tenait à organiser personnellement dans les semaines à venir le baptême de rue en mémoire de la grande actrice de théâtre. Mais, le sort en a décidé autrement…

Autre témoignage poignant, c’est celui-ci d’Elie Bagbila, le « premier fils » du professeur, pour avoir été recueilli et intégré dans la troupe ; d’Aminata Diallo alias Kadi Jolie, d’Etienne Minoungou, de Jean-Bapiste Guigma ; les anciens appelés affectueusement « les cochons » par l’illustre plaisantin, entre lamentations et pleurs, laisseront percevoir des cœurs profondément meurtris. L’hommage fut également marqué par les interventions du maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, le ministre de la Culture et du Tourisme, Filippe Savadogo, le directeur de l’Atelier théâtre burkinabè, Prosper Kompaoré, l’éditeur Jacques Guégané, qui ont salué la disponibilité, la franchise, l’ouverture et les nombreuses réalisations de l’homme.

Ancien ministre de la Culture du Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN), Jean-Pierre Guingané a été le fondateur de la troupe « Théâtre de la fraternité » en 1975, du Festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou (FITMO) en 1989, des Editions Gambidi en 1990, de l’Espace culturel Gambidi, de Radio Gambidi en 2001. Au fil des ans, le Pr Jean-Pierre Guingané, ex-fondateur de l’Atelier international des arts plastiques (AIAP) et membre du groupe de 15 experts internationaux nommés par le directeur général de l’UNESCO, pour l’approfondissement de la diversité culturelle, avait pu bâtir une solide réputation à l’extérieur.

Ce qui lui a valu plusieurs distinctions en France, au Cameroun, au CAMES, en Algérie, en Tunisie. Au Burkina Faso, il a été élevé au rang de chevalier de l’Ordre des Palmes académiques (1999), de chevalier de l’Ordre des Lettres, Arts et Culture (2000) et d’Officier de l’Ordre national en décembre 2009. Au niveau littéraire, pour avoir remporté à trois reprises le Grand prix national des Arts et Lettres (GPNAL) en 1984 avec Le Fou, en 1990 avec Le Cri de l’espoir, en 1992 avec La Musaraigne, l’illustre défunt avait acquis le titre d’Artiste du peuple, mention Auteur dramatique.

Agé de 64 ans, le professeur laisse derrière lui une veuve et 4 enfants. La dépouille sera transférée aujourd’hui dans la soirée à l’université de Ouagadougou pour un hommage, avant de rejoindre le domicile des Guingané à la cité SOCOGIB. L’inhumation est prévue pour le jeudi 27 janvier 2011 à Garango à la résidence du défunt. Artiste du peuple ! Que ton âme repose en paix !

Cyr Payim Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2011 à 18:24, par Silvèere En réponse à : Jean Pierre Guingané : Dernier acte

    Mes condoléence à la famille éplorée, que le professeur répose en paix et qu’il intercète pour tout le peuple burkinabè, il s’en va mais ses pensées et ses idées restent.Paix à son âme que le Dieu tout Puissant l’accueil dans son royaume auprès de lui.

  • Le 26 janvier 2011 à 20:38, par jean-marc lauret En réponse à : Jean Pierre Guingané : Dernier acte

    j’ai rencontré Jean-Pierre Guingané à plusieurs reprises ces dernières années. Nous avions dîné ensemble à Seoul en mai dernier où il avait prononcé un discours remarqué lors de la conférence mondiale sur l’éducation artistique organisée sous l’égide de l’UNESCO. Depuis nous avions eu quelques échanges par mail. C’était un homme cultivé et plein d’humour. J’ai appris aujourd’hui son décès et j’en suis affecté.

    jean marc lauret
    chargé de mission d’inspection générale au ministère de la culture et de la communication - France

  • Le 26 janvier 2011 à 23:39, par Maré Mamadou En réponse à : Jean Pierre Guingané : Dernier acte

    Je n’ai pas connu ce grand monsieur de la culture.L’ors
    de mon dernier passage au Burkina pour les kundés le 17 decembre,je l’ai vu en grande discusion amicale avec Siboné
    au siao ou nous avions rendez-vous.Ma timidité à fait que je n’ai pas pu m’approché pour lui dire bonjour et faire sa connaissance.Je le regrette aujourd’hui.Nous ne sommes que de passage sur la terre.Je presente toutes mes condoléances à sa famille,et à tout ceux qui l’ont connu de près ou de loin.
    Que la terre de ses ancêtres lui soit legère.

  • Le 27 janvier 2011 à 21:17, par azaque zoure En réponse à : Jean Pierre Guingané : Dernier acte

    ADIEU MON TONTON, ANCIENT DE l’union fraternelle des etudiants de garango (U F E G ), PROFESSEUR emerite J P GUENGANE ; QUE TON AME REPOSE EN PAIX !!!

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